Alors que le ministère de l'Industrie, commerce et des nouvelles technologies de l'information est en train de réajuster le dispositif national permettant de renforcer le secteur des PME, pour une participation plus active au développement de l'économie nationale. Les partenaires publics et privés associés à ce vaste chantier ont commencé à multiplier les initiatives permettant une meilleure exécution des divers programmes lancés. Dernier exemple en date, la signature, le 14 février dernier, d'une convention de partenariat entre la Fédération du commerce et services (FCS) affiliée à la CGEM et le Groupement de cabinets conseils (GCC), en vue de faciliter l'accès des membres de la Fédération aux programmes Moussanada et Imtiaz. Deux initiatives, lancées en 2009 dans le cadre du Pacte Emergence, visant à améliorer la productivité et les performances opérationnelles des entreprises marocaines. Elles ciblent principalement le secteur des PME/PMI, qui à lui seul représente 95% des entreprises nationales. Ces dernières peinent encore à exploiter tout le potentiel qu'offre le marché, de l'aveu même du ministre de tutelle, Ahmed Réda Chami, à l'occasion de la 2e édition des journées régionales des entreprises, qui se sont tenues au mois de février dernier. Il faut noter que l'étendue des espoirs placés dans le secteur, dans la perspective de l'émergence économique n'a de comparable que les multiples difficultés et lacunes dont souffrent nos PME. Faiblesse des transactions, déphasage par rapport à la dynamique du marché, capacité d'investissement réduite et problèmes de gestion et de maîtrise des nouvelles techniques, la liste est longue, au chapelet des obstacles plombant le secteur. Résultat, près de 90% des PME n'enregistrent qu'un chiffre d'affaires qui ne dépasse guère les 50 millions de DH et selon les statistiques de la FCS, 50% des entreprises de ce secteur, qui enregistre à lui seul plus de 5 millions d'emplois, ont un chiffre d'affaires inférieur à 5 millions de DH. Cette situation a poussé le gouvernement à lancer un vaste chantier de restructuration du secteur, en vue de corriger les dysfonctionnements relevés. L'objectif est de renforcer la compétitivité des PME, à travers une mise à niveau du secteur et la modernisation des structures. Cette ambition est soutenue par une politique visant à drainer les investissements extérieurs dans les secteurs dits attractifs (l'offshoring, l'électronique, l'aérospatial), selon Chami, surtout avec l'amélioration sensible du climat des affaires, désormais mieux ajusté aux standards internationaux, permettant de développer l'attractivité économique du royaume. Les projets phares de cette stratégie, les programmes «Imtiaz» et «Moussanada», pilotés par l'Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise. Dotés de moyens financiers conséquents, les deux initiatives n'ont pas, cependant, connu le succès escompté. Et pour cause, la majorité des entreprises ciblées par les deux programmes ignorent jusqu'à leur existence, sans parler des difficultés liées à la complexité de la procédure, qui décourage les prétendants. En deux ans de mise en œuvre, les résultats enregistrés n'ont fait que confirmer le peu d'intérêt porté par les PME à ces programmes qui pourtant sont reconnus par tous les partenaires et investisseurs comme un important levier de développement du secteur des PME. Aujourd'hui encore, sur les 1,2 milliard de DH du budget alloué par l'Etat dans ce cadre, seuls 40% ont été consommés par quelque 300 entreprises concernées, alors que l'objectif annuel initial était de 500 projets à appuyer pour Moussanada et 50 pour Imtiaz. Peau neuve Devant le succès mitigé de cette expérience, l'urgence d'un recadrage de la stratégie des principaux opérateurs s'est décrétée d'elle-même. En effet, selon plusieurs sources et comme le confirme le constat dressé par le ministre Chami lui-même, «la mévente de ces programmes», s'explique en partie par la faiblesse de la stratégie de marketing et la faible capacité des entreprises à remplir les conditions d'éligibilité fixées par le programme. Comme l'a reconnu un des responsables de l'ANPME, «l'expérience menée a permis de mettre en lumière que le besoin réel de nos PME est plus celui d'un accompagnement individuel, alors que nous avions au début privilégié l'accompagnement collectif». En vue de donner une nouvelle vie à ces programmes, le ministère de tutelle et le principal opérateur, l'ANPME, ont multiplié ces derniers temps les offensives, afin de motiver plus les entreprises à s'intéresser à ces programmes. Un plus, certes, mais qui ne permet pas à lui seul d'insuffler la dynamique nécessaire au secteur sans que tous les acteurs, en premier lieu les PME et leurs regroupements professionnels, ne soient véritablement impliqués dans le processus. C'est désormais chose faite, serait-on tenté de dire, avec l'implication de plus en plus active de certaines fédérations pour faciliter l'accès de leurs membres à ces initiatives. C'est d'ailleurs dans ce cadre qu'intervient le projet que vient de lancer la FCS, en partenariat avec l'ANPME et un groupement de cabinets conseils, en vue d'accompagner les entreprises du secteur dans le même cadre. Une première rencontre d'échanges et d'information a d'ailleurs réuni, hier au siège de la CGEM, les trois principaux partenaires, afin d'imprégner les entrepreneurs sur les dispositions et les mécanismes du système mis en place par l'Etat. La globalisation en vue Dans un contexte caractérisé par une ouverture de l'économie nationale au marché international, la viabilité de nos entreprises passe incontestablement par le renforcement de leur compétitivité. Il s'agit en clair de dépasser le modèle de commerce traditionnel pour accéder à un autre plus moderne, à travers une mise à niveau du secteur, conformément aux normes internationales. Cela passe par une mobilisation des compétences au profit des PME, afin d'accroitre leur capacité à innover et à se moderniser davantage, en s'appuyant sur les opportunités qu'offrent le secteur, mais également et surtout sur les programmes mis en place par l'Etat. À ce niveau, la responsabilité semble partagée, car l'Etat ne peut à lui seul garantir le succès de l'initiative. Les répercussions, certes indirectes, de la dernière crise économique de 2008 ont été, selon Driss Belkhayat, président de la branche marocaine du Centre des jeunes dirigeants (CJD), «aggravées par la fragilité de notre tissu industriel dominé par des PME». Il est temps de fourbir les armes, afin de mieux affronter la concurrence internationale, qui s'accentue chaque jour un peu plus. Et sur le marché international, la compétition est tellement rude que seuls les mieux préparés pourront survivre. A.Y.B Point de vue : Chakib Ben El Khadir, Président de la Fédération des commerces et services/CGEM Il est très important de comprendre la démarche qui a conduit à la signature de cette convention qui servira de base pour l'exécution du projet dédié. Il ne s'agit pas pour nous de nous approprier le rôle des organismes institutionnels, l'ANPME principalement, mais de servir de relais ou de passerelle entre ces institutions et les entreprises. Le but est de vulgariser le contenu des projets lancés par le gouvernement dans le cadre de la promotion et de l'accompagnement des entreprises nationales et donc du développement de notre secteur économique. Aujourd'hui, il faudrait reconnaître que l'Etat a mis en place un ambitieux programme dans ce cadre et soutenu par des moyens financiers conséquents pour la modernisation de nos entreprises. Et en parallèle, ces entreprises ont un besoin pressant de soutien et d'accompagnement. Il fallait donc faire en sorte que ces dernières puissent accéder d'abord à ces initiatives et ensuite en faire usage. C'est ce qui nous a conduit à mettre en place ce relais facilitateur pour que nos entreprises puissent accéder aisément aux moyens mis à la disposition des PME et PMI. Nous reprochons souvent à l'Etat de ne pas faire assez pour les entreprises et à mon avis, il est temps également de nous interroger sur notre part de responsabilité. Les opportunités sont là et sont favorables à une réelle mise à niveau de nos structures, mais il faut reconnaître qu'on n'en profite pas assez. Le partenariat avec les banques bientôt étoffé La plate-forme des conventions signées par l'ANPME, le département du Commerce et de l'industrie et le Groupement professionnel des banques marocaines pour le soutien aux programmes Imtiaz et Moussanada, sera bientôt complet. Selon Abderraouf Aïssaoui, responsable à l'ANPME, l'élargissement de la convention à tous les établissements bancaires de la place sera bientôt effectif. Jusqu'à présent six banques ont déjà adhéré à cette convention. Il ne reste que le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) et le Crédit agricole, avec lesquels le processus est en bonne voie. Selon les dispositions de ces conventions, les établissements bancaires se chargeront, d'une part et selon la convention signée avec le ministère du Commerce et de l'industrie, du système de notation prévu par le programme à travers la mise en place de plate-formes internes de rating permettant d'évaluer les capacités annuelles des entreprises. D'autre part, ils se chargeront également de l'exécution du programme de partenariat, conclu cette fois, avec l'ANPME pour l'accompagnement des PME adhérant aux programmes Imtiaz et Moussanada, à travers le volet financement du crédit. «Nous ouvrirons prochainement un guichet unique» : Youssef Falahi, Coordonnateur projet, Groupement des cabinets et de conseil. Les Echos quotidien : Votre groupement vient de signer une convention avec l'ANPME et la Fédération de commerce et des services. Concrètement quel sera votre rôle dans le cadre de l'exécution de ce partenariat? Youssef Falahi : Notre rôle est de mobiliser les compétences au profit des PME. C'est dans ce cadre que ce groupement a été créé pour accompagner les membres de la Fédération de commerce et des services (FCS), à travers un partenariat dans le moyen et long termes, afin de leur faciliter la tâche pour qu'ils puissent bénéficier des programmes lancés par l'ANPME et qui visent la mise à niveau, selon des normes internationales, des entreprises marocaines. Notre groupement est constitué d'une vingtaine de cabinets spécialisés et qui justifient d'une riche expérience dans le même cadre, expérience que nous nous engageons à mettre au profit de ces entreprises dans le cadre d'une mobilisation permanente qui couvre tous les aspects relatifs au processus, c'est-à-dire la prospection, la vulgarisation, la signature de contrats et en amont l'évaluation de l'impact du projet. Car il ne suffit pas seulement de lancer des projets, mais plutôt de prendre les mesures nécessaires pour les réussir. Malgré le dispositif mis en place, les PME ne semblent pas accorder beaucoup d'intérêt aux divers programmes que l'Etat a lancés. Pourtant le secteur est confronté à plusieurs difficultés... C'est justement le but de ce projet, celui de sensibiliser les entreprises sur les programmes existants, mais aussi d'assurer leur accompagnement dans le montage de leurs dossiers et en fonction de leurs besoins, afin qu'elles puissent bénéficier pleinement des avantages accordés par l'Etat. Dans ce cadre d'ailleurs, nous allons nous atteler, prochainement, à l'ouverture d'un guichet unique, pour que ces entreprises et leurs partenaires puissent disposer d'un interlocuteur unique ce qui, à mon avis est de nature à simplifier les procédures parfois assez complexes. Le gouvernement a engagé un vaste chantier de mise à niveau du secteur des PME. Selon vous, quels sont les principaux défis à relever pour des entreprises vraiment compétitives? Les principaux défis des PME marocaines sont relatifs à la mise à niveau et à la modernisation de la productivité. Des aspects qui convergent pour une meilleure compétitivité qui est un élément essentiel dans le cadre de la préparation de nos entreprises à la mondialisation.