Lundi matin, près de 1.000 personnes se sont rendues à la tour du pétrolier, dans les Hauts-de-Seine, pour dire «non» à la fermeture de la raffinerie de Dunkerque. Ce chiffre avancé par les syndicats est divisé par deux par la police qui estime le nombre de manifestant à 500 seulement. L'intervention de Sarkozy n'a pas pu calmer les esprits. «C'est Sarkozy qui a demandé à de Margerie, directeur général de Total, de calmer le jeu, mais ce ne sont que des paroles, nous ne les croyons plus», a déclaré Charles Foulard, coordonnateur CGT pour le groupe, devant les salariés. Le groupe pétrolier a reporté lundi à la fin du premier semestre 2010 sa décision sur le sort de la raffinerie, qui provoquait déjà des remous, tout en s'engageant à garantir un emploi à chacun des trois cent soixante-dix salariés directs, quel que soit l'avenir du site, rapporte le quotidien Le Monde. Les quelques agents de sécurité en poste devant les accès de la tour Total ont très vite été dépassés par les salariés, venus de toute la France, explique le quotidien. Ils ont forcé ses portes et occupaient en début d'après-midi le hall qu'ils ont maculé d'autocollants aux couleurs des syndicats, le tout dans une ambiance bon enfant et au son d'un petit orchestre. Total aurait cédé à la pression ? Les manifestants n'ont pas hésité à montrer du doigt, en plus de la décision de fermeture, l'incapacité des dirigeants à assumer leurs actes. «Nos dirigeants ne sont pas très courageux : ils ont décidé de la fermeture mais n'osent pas le dire», a ajouté le coordonnateur CGT au nom d'une intersyndicale, parlant d'un «report tactique et politique». Cette «peur» est d'autant plus visible que l'annonce officielle sur le sort de l'usine a été reportée, estiment les manifestants. «Le recul dans le contexte des élections régionales démontre que le rapport de force monte en puissance», a-t-il poursuivi. En attendant l'annonce officielle, une délégation, constituée de représentants des syndicats et d'élus locaux, a été reçue par la direction de Total. À titre de rappel, le pétrolier devait annoncer qu'il s'associait à EDF pour la construction à Dunkerque (Nord) d'un terminal méthanier accueillant des navires transportant du gaz naturel liquéfié, explique Le Monde. L'annonce devait se faire devant le comité central d'entreprise, où la direction devait confirmer la fermeture de la raffinerie des Flandres implantée à Mardyck et la suppression de 620 emplois chez Total et les sous-traitants. Le groupe pétrolier s'est engagé à reclasser ses salariés. Mais à six semaines des élections régionales, l'Elysée et Matignon font pression sur ses dirigeants pour que la restructuration ait le moins d'incidence possible sur l'emploi. En 2006, en annonçant la mise à l'étude de son projet de port méthanier à Dunkerque, EDF évaluait l'investissement à 1 milliard d'euros.