Malgré son commerce de contrebande et ses «rebajas» du mois de janvier, Sebta craint pour son avenir économique. La presse espagnole indique, cette semaine, que les autorités locales insistent auprès de Madrid sur le sujet de l'établissement d'une frontière commerciale en bonne et due forme à Bab-Sebta. Cette décision impliquerait que les camions de marchandises, par exemple, puissent passer et que Sebta renonce à ses privilèges d'exonération de TVA et donc que la frontière avec l'Europe soit installée en territoire marocain. Sebta réclame une frontière commerciale S'il est très peu probable que Rabat accepte une telle demande, celle-ci ne devrait pas toutefois manquer d'être posée de manière directe ou indirecte lors du sommet UE-Maroc prévu à Grenade le 8 mars prochain. La presse espagnole, le quotidien «El Faro» notamment, se fait l'écho d'une visite récente des autorités de Sebta aux îles Canaries pour étudier l'expérience des Canaries avec l'Union européenne. L'autre élément qui inquiète les acteurs politiques et économiques de l'enclave espagnole est la place que prend Tanger dans cette région de la Méditerranée et du détroit de Gibraltar. L'écrivain José Maria Campos vient ainsi de publier un long article qui rappelle que bientôt les voyageurs entre Algésiras et Tanger effectueront le trajet en aussi peu de temps qu'entre Algésiras et Sebta avec l'avantage supplémentaire qu'en débarquant au port Tanger-Med, ils se retrouveront tout de suite sur le réseau autoroutier marocain. Sebta sait qu'avec le développement de l'activité commerciale à Tanger-Med il y aura très peu de chances que le Maroc accepte l'établissement d'une frontière commerciale à Bab-Sebta d'autant plus que le dossier du Sahara semble entrer dans une phase décisive. Ainsi dans El Faro, Jose Maria Campos note que les autorités marocaines ont su doter Tanger d'atouts incontournables comme son aéroport à fort potentiel de développement, la connexion à un réseau autoroutier, l'établissement de nombreuses zones industrielles et zones franches. Du coup, note l'écrivain de Sebta, les Espagnols prennent l'avion à Tanger et les investisseurs espagnols intéressés par la région choisissent Tanger plutôt que Sebta ou Algésiras. Sebta craint même que Tétouan qui dispose d'un aéroport exploité à 5% de sa capacité ne fasse définitivement de l'ombre aux ambitions de Sebta comme l'une des plateformes régionales. L'aéroport de Saniat Rmel, selon l'ONDA a accueilli 15.000 passagers en 2008 contre un potentiel de 300.000, essentiellement des charters du Club Med et des liaisons estivales avec Casablanca le week-end. Pourtant, l'aéroport de Tétouan dispose d'une piste aussi longue que celle de Gibraltar et plus longue que celle de Mélillia. Si Sebta craint la concurrence de Tanger, Tétouan a aussi plus que jamais besoin qu'on pose sur son économie un nouveau regard marketing au vu des changements régionaux et du nécessaire objectif de réduire sa dépendance vis-à-vis de l'économie clandestine.