L'existence du ministère français de l'Immigration, de l'identité nationale et du développement solidaire est de plus en plus remise en question. Plusieurs intellectuels, syndicats et politiciens de gauche se sont en effet regroupés en mouvements de protestation et exigent la suppression du département ministériel d'Eric Besson. Ce dernier, créé en 2007, concrétisait ainsi la promesse électorale de Nicolas Sarkozy. Deux mouvements sortent du lot, à savoir le «Comité pour la suppression du ministère de l'Identité nationale» et «La voie démocratique». Une pétition, mise en ligne sur le site du comité, a déjà comptabilisé près de 40.000 signatures à la rédaction de ces lignes. Que reprochent-ils à ce ministère ? «La voie démocratique» le qualifie de «ministère des colonies», eu égard aux méthodes qu'il utilise «Rafles des sans-papiers, contrôles d'identité aux faciès illégaux, contrôles dans les restaurants, les cafés, les épiceries, devant les écoles, dans les hôpitaux, jusqu'aux administrations (centres de Sécurité Sociale, impôts, pôle emploi)». La France est tiraillée Plus encore que le ministère lui-même, c'est le débat sur l'identité nationale qu'il a lancé qui fait mouche. «Qu'est-ce qu'être Français?» la question dérange. «La France aux Français», n'était-ce pas la chasse gardée des partis d'extrême droite comme le Front national ? Il semblerait que l'on veuille séparer le «nous» des «autres». D'où vient cette nécessité de scission ? Besson, ministre de l'Immigration, qui porte le titre peu enviable «d'homme le plus haï de France», avance ses arguments. «La construction progressive d'une identité européenne et la mondialisation accélérée des échanges, apparaissent à certains comme susceptibles de remettre en cause l'idée même de Nation». Les jeunes issus de l'immigration ne comprennent pas le débat: pourquoi leur parle-t-on d'intégration alors qu'ils sont nés et ont toujours vécu en France ? Les idéaux véhiculés par ce ministère, ainsi que sa dénomination même, poussent au scepticisme. La France est tiraillée. Au mois de février, Besson rendra son rapport sur «l'identité nationale». Parallèlement, une grande manifestation sera organisée le 23 février dans les rues parisiennes pour revendiquer la suppression de ce ministère.