«C'est à nous, pays arabes, de gérer nos propres médias». C'est avec ces mots que Abdelilah Tahani, directeur de la communication et des relations publiques au ministère de la Communication, plante d'emblée le décor. À l'issue de la 85e réunion du Comité permanent arabe de l'information, le représentant du Maroc a appelé les participants à trouver un consensus pour améliorer l'image des médias arabes à l'international. Comment? Par la création d'un Haut commissariat arabe de l'information, dont l'étude de faisabilité devrait démarrer cette année. En attendant, les pays membres de la Ligue arabe ne cachent pas leurs inquiétudes concernant le texte de loi américain, lequel qualifie certaines chaînes de télévision arabes de «terroristes». L'Egypte, pointée du doigt Pis encore, le projet de loi en question prévoit de sanctionner les pays propriétaires de ces satellites. L'Egypte est la première à être pointée du doigt par les autorités américaines. Si cette loi est approuvée, la compagnie «Egyptian Satellites» détentrice de Nilesat sera la première à en faire les frais dans la mesure où la chaîne de télévision libanaise «Al Manar», celle du Hamas «Al Aqsa TV» et les deux télés irakiennes «Alrafydean» et «Al Zaouraâ» sont captées via ce satellite. Suite à une décision des autorités égyptiennes, «Al Zaouraâ» ne diffuse plus ses programmes sur Nilesat. Tout porte à croire que deux autres entreprises arabes, à savoir Noursat et Arabsat, sont également dans la ligne de mire des autorités américaines. Face à cette situation, la Ligue arabe se mobilise pour bloquer le vote de cette fameuse loi, compte tenu de son éventuel impact jugé négatif sur l'avenir des relations entre les pays arabes et les Etats-Unis. Cette question a d'ailleurs été traitée lors de la 85e réunion du Comité permanent arabe de l'information au Caire. L'idée de faire appel à la diplomatie européenne a été rejetée lors de cette rencontre. Une chose est sûre : les pays membres de la Ligue arabe sont décidés à engager un dialogue avec les responsables américains. Des propositions ont été soumises dans ce sens par le Secrétariat général de la Ligue. Ces recommandations sont au centre des travaux du Conseil des ministres de l'Information et de la Communication dont le coup d'envoi a été donné hier au Caire sous la présidence du Maroc. Quid du Haut commissariat Depuis l'annonce du projet de création d'un Haut commissariat arabe de l'information, plusieurs propositions ont été soumises. Il semble que celles-ci n'aient pas été suffisantes pour prétendre à la concrétisation du projet en 2010. Aussi, une commission de travail a été créée pour établir la faisabilité de cet organisme. Abdelilah Tahani, a tenu à souligner que cette institution, qui dépendra de la Ligue arabe, aura pour mission de «contribuer au développement du champ médiatique dans les pays arabes». Ce paysage concerne essentiellement les médias audiovisuels et électroniques. «L'objectif est de consolider la liberté d'expression dans certains pays et de renforcer l'éthique de l'information, afin de rétablir la confiance du public envers les médias», a souligné Abdelilah Tahani. Le Haut commissariat, qui impliquera les représentants des ministères de l'Information, les professionnels des médias et des institutions n'a pas pour mission de sanctionner, mais pourra «proposer des critères d'évaluation et de suivi des médias arabes». Abdelilah Tahani, Dir. Communication et RP au ministère de la Communication Les Echos : Quelles sont les mesures qui seront prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme? Abdelilah Tahani : La dernière rencontre de la Ligue arabe tenue à Abou Dhabi a clairement souligné le rôle des médias arabes dans la lutte contre le terrorisme. À l'issue de cette réunion, une série de recommandations a été convenue avec le Conseil national de l'information et le Centre d'études et de recherches stratégiques des Emirats Arabes Unis. En quoi consistent ces recommandations ? Il s'agit notamment de la contribution des médias arabes à la sensibilisation des pouvoirs publics aux enjeux du terrorisme. Eliminer les programmes dont le discours ferait l'apologie de la violence et du terrorisme. Les médias arabes, aussi bien écrits qu'audiovisuels, sont appelés à contribuer à la valorisation du patrimoine arabo-musulman et à décrédibiliser les discours intégristes. Dans des affaires liées à la sécurité de l'Etat, il est primordial que les professionnels des médias coordonnent avec les autorités, l'objectif étant de permettre au public d'avoir accès à une information fiable et objective. Qu'en est-il des médias électroniques ? Les médias électroniques ont également une responsabilité dans cette lutte contre le terrorisme. Ainsi, afin de contrer ces portails qui font l'apologie de la violence et du terrorisme, nous comptons prendre les dispositions nécessaires pour arrêter leur diffusion. Pour ce faire, la Ligue arabe prévoit de mettre en place prochainement un site Internet, auquel contribueront l'ensemble des acteurs médiatiques de la région.