La mobilisation de l'épargne longue reste une priorité. Telle est la thématique du premier Forum des Caisses de dépôt qui s'est tenu vendredi dernier à Marrakech. Un outil de taille au service de la stratégie nationale et, donc, au service du chantier de régionalisation avancée. Elle aura le rôle clé d'éclaireur, de facilitateur, d'aménageur... pour l'amorçage des dynamiques économiques régionales C'est en quelque sorte le «lièvre» de la course économique nationale. La Caisse de dépôt et de gestion (CDG) joue en effet un rôle primordial dans le développement territorial, en amorçant des projets jugés trop risqués par les opérateurs privés ou nécessitant une mobilisation financière dépassant leur capacité. Un rôle que ne peut jouer la CDG que si elle déploie des ressources en adéquation avec la nature et l'horizon de ses investissements et de ses financements. C'est justement autour de la question «Le rôle des Caisses de dépôt : quelle épargne pour l'investissement à long terme?» que le premier forum des caisses de dépôt s'est ouvert, vendredi 21 janvier à Marrakech, avec la participation de représentants des Caisses de dépôt de plus d'une quinzaine de pays d'Europe, d'Afrique et d'Amérique latine. La liste des participants à cette première rencontre en son genre comptait la France, l'Italie, la Belgique, le Portugal, le Brésil, le Sénégal, le Cameroun, la Mauritanie, le Gabon, le Bénin, le Congo et plusieurs ministres des Finances, dont ceux d'Egypte et de la Guinée équatoriale. La prochaine édition de ce nouveau rendez-vous biennal sera organisée en France en 2013. Une thématique qui met donc le doigt sur l'une des problématiques structurelles qui feront couler beaucoup d'encre dans les années à venir. En effet, une multitude de rapports et d'études menés par des organismes internationaux (Banque mondiale, FMI, OCDE, Rapport Milhaud sur le financement méditerranéen...) s'accordent à dire que le manque d'épargne longue est l'une des plaies du système financier arabe, et encore plus en ce qui concerne le système marocain. Certes, les pouvoirs publics ont nettement pris conscience de ce déséquilibre entre ressources et emplois, notamment en introduisant des incitations fiscales pour booster la souscription aux plans d'épargne (action, logement et éducation), mais l'effort à fournir reste considérable pour doter le pays de ressources à la hauteur de ses ambitions. Aussi, force est d'insister sur le rôle nodal joué par ce mastodonte national autant dans le financement que dans le développement territorial. «Il faut que la structure des ressources penche vers une maturité à long terme pour maintenir le taux de croissance à 6 %. Des institutions comme la CDG doivent réfléchir à des moyens de collecter l'épargne à long terme», avait confirmé Anass Alami, directeur général de la CDG lors d'un entretien accordé à l'un de nos confrères. Eclaireur dans nos régions «Les Caisses de dépôt ont toujours été des acteurs de référence au service de l'intérêt général et du développement économique», a rappelé Nizar Baraka, ministre délégué chargé des Affaires économiques et générales, lors du forum. En ce sens où, au-delà de son rôle de collecte et d'affectation de l'épargne nationale, la CDG est vouée à jouer un rôle clé dans le chantier de régionalisation avancée initié par le Souverain. La Caisse reste avant tout un outil de taille au service de la stratégie nationale. Elle est donc incontournable pour amorcer des investissements dans des territoires, à fort potentiel certes, mais que les investisseurs privés délaissent, par facilité peut-être, tout en évitant le risque supplémentaire que supporte de fait tout pionnier, même si le retour sur investissement en cas de succès est souvent à la hauteur du risque encouru. Dans ce registre, la CDG devrait être l'éclaireur en «région trouble». Pour ce faire, l'une de ses filiales, en l'occurrence Med Z, joue un rôle primordial. En aménageant, en développant, en promouvant, en commercialisant et en gérant des plateformes industrielles et commerciales, l'aménageur attitré de la CDG participe à fournir l'environnement économique indispensable à la concrétisation des potentialités économiques des régions les moins avancées du royaume. La Caisse est également un facilitateur de choix dans l'attraction des investisseurs étrangers, dont elle se porte souvent partenaire et «garante» de la bonne fin des transactions initiées. Elle ouvre ainsi la porte aux autres investisseurs, qui disposent d'expériences à étudier pour conforter leurs décisions d'implantations dans des régions jusque-là en friche. Des chiffres qui donnent le vertige! La Caisse de dépôt et de gestion est sans conteste l'institution la plus puissante de la finance et de l'économie nationales. Elle centralise l'équivalent de 35% du stock de l'épargne institutionnelle et totalise en actifs sous gestion plus de 150 milliards de dirhams, soit 20% du produit intérieur brut marocain. Elle est également le principal investisseur en valeurs du Trésor, avec plus de 60% des actifs gérés. Au-delà de sa position de leader incontesté sur le marché obligataire, la CDG, ses filiales et ses organismes sous gestion s'accaparaient plus de 10% de l'ensemble de la capitalisation boursière en 2009. Ses orientations stratégiques de base s'articulent autour de quatre missions, à savoir : jouer un rôle plus structurant en matière de mobilisation de l'épargne à long terme, capitaliser sur le rôle historique de la Caisse en matière de prévoyance et de gestion des fonds de retraite, à travers les mandats qui lui ont été confiés, poursuivre son rôle de levier de maturation du secteur financier et renforcer son rôle d'opérateur des développements territorial et durable. Concernant ce dernier point, la CDG joue un rôle important, en actionnant les leviers que sa taille et son statut lui procurent : en incubant des secteurs nouveaux ou risqués, de manière à créer des opportunités pour le secteur privé, en facilitant l'arrivée d'opérateurs disposant de savoir-faire, en jouant un rôle de tiers de confiance, dont les interventions et prises de participation rassurent et enfin, en se positionnant comme accélérateur de projets ambitieux.