La régionalisation dans sa dimension politique, économique et sociale a fait l'objet, lundi, d'un grand débat au Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE) à Paris animé par Abdelhamid el Ouali, professeur à la faculté de droit de Casablanca et membre de la Commission consultative de la régionalisation mise en place par le Roi Mohammed VI le 3 janvier dernier. Organisée par l'Association des femmes arabes de la presse et de la communication (AFACOM) que préside la journaliste et écrivaine franco-libanaise, Zeina El Tibi, le débat fut introduit par Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques de Paris, qui a d'emblée mis en avant les nombreux défis nationaux et internationaux auxquels le Royaume est confronté, mais aussi les attentes du peuple marocain pour qu'émerge une nouvelle conception de l'Etat reposant sur de nouveaux équilibres institutionnels et territoriaux. Une démarche d'ensemble Pour le chercheur et universitaire français, spécialiste du monde arabo-musulman, coauteur et directeur du récent ouvrage collectif «Le Maroc en marche» (CNRS Editions, 2009), cette annonce de la mise en chantier de la régionalisation du Maroc est à considérer dans la démarche d'ensemble qui contribue à renforcer l'Etat de droit et la démocratie dans le Royaume, et s'inscrit dans le puissant mouvement de réformes – économiques, financières, sociales, culturelles – que connaît le Maroc depuis l'avènement de Mohammed VI. «Au demeurant, relève-t-il, cette régionalisation, si elle est novatrice, n'est pas pour autant une idée neuve: dès 1984, en effet, Hassan II manifestait son intérêt pour le modèle allemand des Länder, tout en considérant que le moment n'était pas encore propice pour franchir le pas...». De fait, un quart de siècle plus tard, le discours Royal du 3 janvier dernier indique clairement qu'il n'est pas question pour le Maroc de «copier-coller» un modèle, quel qu'il soit. Le blocage vient d'Alger Se disant convaincu que le Maroc réussira à mener à bon port ce grand projet en surmontant les contraintes qui pourront se dresser devant sa mise en œuvre, il a appelé l'ensemble des Etats de la région à partager aujourd'hui certaines de leurs compétences avec des entités régionales et locales. «Au Maghreb malheureusement, a-t-il déploré, nous n'avons pas réussi à mettre en œuvre ce chantier à cause de la position de l'Algérie sur le Sahara». «Faire émerger un modèle marocain de régionalisation». Sur ce point, la mission de la Commission consultative de la régionalisation, confirme Abdelhamid El Ouali, est tout à fait claire: «Nous devons innover, faire émerger un modèle marocain de régionalisation, et un modèle qui pourrait éventuellement devenir une référence pour ce type de processus dans d'autres pays émergents». Aller par étapes Et d'expliquer que si l'Etat de droit a largement progressé au Maroc, tant au niveau national qu'à celui de la démocratie locale, l'échelon intermédiaire que constitue la région est aujourd'hui reconnu comme une structure efficace pour le développement d'un pays, tant démocratique qu'économique. Pour autant, «il faudra y aller étapes par étapes, en se fixant clairement l'objet que nous visons à dix ou quinze ans», afin que les pouvoirs respectifs de l'Etat et des régions soient clairement prédéfinis, cela pour éviter autant que possible les conflits et revendications de compétence que l'on a pu observer dans d'autres pays engagés dans ce type de processus, explique en substance El Ouali. Un cadre de valeurs Cela dit, cette régionalisation avancée, qui devra s'inscrire dans un cadre de valeurs, telles que l'unité nationale du Royaume et la solidarité entre les régions, représente déjà plus qu'une simple question d'administration interne, puisque parmi les régions figure évidemment celle du Sahara, où la souveraineté historique du Maroc est aujourd'hui contestée. Interrogé sur ce point par «Les Echos», El Ouali – notamment auteur de l'ouvrage «Autonomie au Sahara, prélude au Maghreb des régions» - affirme en effet que la souveraineté du Maroc sur le Sahara n'est point négociable, et que la région sahraouie s'inscrit naturellement dans le processus de régionalisation avancée. Et de confirmer en réponse aux questions provocatrices de certains confrères algériens que, «oui, la régionalisation est aussi à inscrire dans le cadre de l'initiative d'autonomie du Sahara proposée par les autorités marocaines pour trouver une solution au conflit. Elle concerne toutes les régions du Royaume. Et cela n'a rien à voir avec le plan d'autonomie», a-t-il conclu. Coup de neige sur l'économie française Récoltes abîmées, chantiers suspendus, transports perturbés, surconsommation d'énergie... La vague de neige qui s'est abattue jusqu'au 15 janvier sur la France a fait des dégâts énormes dans les secteurs de l'industrie, de l'agriculture et des transports. Ses conséquences se chiffrent en centaines de millions d'euros. Certes, les experts estiment que ce nouvel épisode hivernal sera de courte durée. Il n'empêche : l'impact financier de cette vague de neige est, d'ores et déjà, alarmant. Le coût total de ces intempéries, qui avait atteint plusieurs centaines de millions d'euros l'an dernier, devrait être bien supérieur cette année. Les professionnels du BTP, dont beaucoup ont dû se mettre en «chômage intempéries», en appellent à la mansuétude des pouvoirs publics pour qu'ils fassent preuve de souplesse en matière de versement de cotisations sociales. Des interrogations, des inquiétudes et des critiques s'élèvent aussi : comment un pays développé et organisé comme la France a-t-il pu se laisser piéger «lorsque la bise fut venue» ? «La vague de neige n'est pas restée cantonnée à quelques régions, mais a touché tout le territoire», entend-on de la part de certains responsables. Au-delà des images spectaculaires, les experts sont pourtant formels : l'impact sur la croissance sera minime, car la machine France continue de tourner. Même avec du retard, les pièces des équipementiers autos ont été finalement livrées aux constructeurs, le secteur de la construction ne faiblira pas sur l'ensemble de l'année. Mieux! L'activité de certains industriels profite des frimas et du verglas : de l'habillement au négoce de sel, en passant par les artisans du chauffage. Bref, l'économie française européenne et américaine aussi a probablement plus à craindre des retombées de la crise financière de l'an dernier que des chutes de neige et des pannes de courant...