Pour les professionnels du tourisme, c'est à Marrakech qu'il fallait être cette semaine. La ville ocre a été, du 14 au 17 janvier, le théâtre de la 3e édition du «Moroccan Travel Market», le salon international des professionnels du tourisme. Pour l'occasion, deux immenses chapiteaux d'une superficie de 32.000 m2 ont été nécessaires pour accueillir les 315 stands des 1.300 exposants venus de 43 pays. Ainsi, les «Hosted Buyers» au nombre de 600 se sont affairés sur les circuits de réseautage du MTM, avec également des sponsors de l'événement ; le MTM en a mobilisé plus de 337. Mais Marrakech n'est plus cette chasse gardée des «Hosted Buyers». Le salon prend une dimension nouvelle cette année, puisqu'il a permis des mises en relation entre les investisseurs et avec d'autres régions du Maroc, à travers les CRT (Centres régionaux de tourisme) qui ont tous eu pour cette édition 2010 un stand au MTM. C'est dire les possibilités d'échanges entre tous les professionnels au cours de ces quatre jours de business. Le principe du salon est simple. Des «Hosted Buyers» sont sélectionnés sur la base de leur intérêt pour l'offre touristique du Maroc et, en tant que tels, ils sont pris en charge par les organisateurs du MTM. Ces derniers assortissent cet hébergement «all inclusive», littéralement «tout compris» à la condition que les «Hosteds Buyers» concrétisent un minimum de huit rendez-vous. Autrement, la prise en charge tourne court. «C'est une mesure garde-fou que nous avons instaurée pour garantir un taux élevé de conclusions d'accords et de partenariats in situ», note la directrice du salon. Est-ce que ça marche? Difficile à dire. Cet aspect business du MTM, il faut le souligner, ne rencontre aucune information sur le volume d'affaires potentiellement généré par le MTM. Car si la contribution du salon en tant qu'accélérateur de rencontres B2B est évidente, l'absence de données chiffrées et de «surveys» post-salon fait défaut. Une affluence en tendance haussière Jusqu'à samedi, selon l'administration du salon, 9.000 personnes ont visité le salon. Ce rush est considéré comme très encourageant, comparé à la tendance inverse qui caractérise l'affluence dans la plupart des salons européens, précise-t-on auprès de l'organisation du MTM, non sans une certaine fierté. Cela reflète les efforts fournis dans la promotion de la destination Maroc, et conforte les organisateurs sur le retour sur investissement. «Pour le MTM 2010, nous avons injecté 5 millions de dirhams en fonds propres. Le business plan du MTM ne prévoit de rentabilité qu'après 5 ans», précise confiant Kamal Rahal, organisateur du MTM. Et pour cause. Le Morrocan Travel Market version 2010 a un double mérite. Il fait preuve d'une bonne dose d'innovation, en intégrant pour cette édition deux nouveaux espaces. Le MTM Mice et le MTM Premium. Une trentaine d'exposants pour ces deux niches sont à l'honneur cette année. Le MTM fait aussi preuve d'une bonne capacité d'anticipation, puisqu'il constitue le premier véritable événement business du secteur pour 2010. Quand on sait que le secteur représente 9% du PIB et emploie quelque 420.000 personnes, cela peut être un inestimable baromètre de la perception des investisseurs sur le potentiel touristique du pays. Une visibilité plus que nécessaire en ces temps de crise, car le produit voyage Maroc a été marqué, à l'instar de tous les pays du monde, par un marasme mondial. Des recettes en baisse de 5,7%, selon les chiffres du ministère de tutelle. Un bémol cependant à ce salon. Plusieurs «Hosted Buyers» se sont plaints de n'avoir pas été suffisamment assistés. «Les rendez-vous n'étaient pas tous verrouillés et le contenu d'informations en français était plus complet que la brochure destinée aux anglophones», déplore un Hosted Buyer britannique. Le MTM, un relais pour les régions Le MTM 2010 monte crescendo en gamme, affichant une dimension internationale. À la clé, ce sont 4.200 réunions de travail express qui sont préparées par l'équipe organisatrice, de nombreux accords de partenariat et des opportunités d'affaires sont conclus. Seul hic, le volume d'affaires généré grâce au salon n'est pas quantifié. «Nous n'avons mis en place aucune procédure pour évaluer la contribution du MTM sur cet aspect en particulier», nous confie une source auprès de l'organisation. D'un autre coté, les stands des exposants étaient installés pêle-mêle. Hormis l'espace MTM MICE et MTM Premium, le zoning par niche ou secteur d'activité a été complètement omis. Cela n'enlève évidemment rien au mérite de cette initiative, qui contribue à amplifier la charge émotionnelle du produit Maroc. Ceci dit, le soutien apporté par les institutionnels de la promotion du tourisme marocain n'a contribué que sommairement au MTM. L'ONMT, à titre d'exemple, s'est contenté d'un rôle de loueur de stands, payant sa location au même titre que les autres exposants. Sa contribution financière au MTM est ainsi appelée à augmenter, en particulier parce que le MTM est le seul salon marocain catalyseur de rencontres business dans le domaine du tourisme. Rompant avec les éditions précédentes qui accordaient la part du lion à Marrakech, la mouture 2010 a connu une présence de toutes les régions du Maroc sans exception. Celles-ci disposent d'un relais inestimable avec le MTM. Cela leur permet de nouer des contacts directs avec les investisseurs venus de 43 pays. Une bulle d'air pour ces professionnels en ces temps difficiles pour le tourisme au niveau mondial. Tout cela est de bon augure pour 2010, l'année ou nous sommes censés atteindre des objectifs à faire pâlir de jalousie nos concurrents.