Un aveu tardif, mais sincère ? Des responsables des plus importantes banques de Wall Street ont confessé, mercredi à Washington, avoir sous-estimé l'ampleur de la crise financière en 2008. Ils n'ont cependant pas remis en cause leurs pratiques de rémunération et de bonus, bien au contraire. Celles-ci ont été défendues bec et ongles devant la commission d'enquête nationale sur la crise financière. Celle-ci doit rédiger, d'ici un an, un rapport détaillant les faits et circonstances qui ont donné naissance à la crise pendant l'automne 2008. «Les Américains sont furieux et ont le droit de l'être», a souligné le président de la Commission Phil Angelides. Cela n'a rien d'étonnant si l'on considère les milliards de dollars que l'Etat a déboursé pour renflouer les bonus faramineux versés par les banques. «Nous comprenons la colère ressentie par de nombreux citoyens», a déclaré Bryan Moynihan, PDG de Bank of America. Tout en insistant sur sa « reconnaissance pour l'aide reçue du contribuable», il a ajouté que le secteur bancaire avait fait énormément de dégâts au cours de cette crise. Néanmoins, Moynihan continue à croire dur comme fer que la grande majorité des employés des banques n'aurait pas joué de rôle dans la crise économique. Partant, pour le PDG de Bank of America, le personnel bancaire ne mérite pas d'être pénalisé par une baisse des rémunérations. Quant à Jamie Dimon, directeur général de JPMorgan Chase & Co, il a affirmé que le groupe «continuerait à rémunérer les gens de façon responsable et disciplinée», et ce afin de continuer à attirer et conserver les talents en matière financière. De son côté, John Mack, président de Morgan Stanley, reconnaît que bien des erreurs ont été commises, tout comme il y a des choses qui auraient pu être mieux faites. Cependant, «la crise a servi de puissant réveil pour l'entreprise», a t-il ajouté. Enfin, à propos des avoirs toxiques et crédits accordés tous azimuts, le président de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, a reconnu les «égarements» de son établissement. Tout en regrettant que les deniers des contribuables aient été sur-sollicités, Blankfein admet que le système bancaire a pris «plus de risques que ce qui était responsable».