L'artiste marocain vient d'être distingué par prestigieux organisme américain. Il est le précurseur de la world music arabe. Outre la musique, l'aîné des Mégri s'intéresse à la peinture surréaliste et à la calligraphie iconographique Flashback. Il y a 50 ans, Hassan Mégri entamait sa première tournée au Maroc, présentant au public des chansons complètement différentes des styles musicaux existants à l'époque. Aujourd'hui, cet artiste original, vient de recevoir la «Gold Medal of Morocco» décernée par la prestigieuse American Biography Institute. Un prix qui rend hommage aux hommes de valeur connus notamment pour leur passion, leur courage, leur succès et leur excellence. «Recevoir un prix nous permet de laisser des traces et prouve que notre travail est suivi et étudié par des spécialistes», nous confie Hassan Mégri. Loin d'être le sujet d'une page portrait d'un quotidien national, l'aîné des Mégri est un artiste tranquille qui mène une vie bien réglée. Une vie partagée entre la musique, la peinture surréaliste et la calligraphie iconographique persane. Eh oui ! 50 ans après son baptême du feu, Hassan Mégri est toujours aussi motivé ! Il est résolu à apporter un sang neuf à la chanson marocaine et arabe. «Je ne peux ne pas réagir devant l'état de léthargie que connaît la musique marocaine et arabe. C'est donc évident que je continue mes recherches musicales entamées il y a de nombreuses années». Néanmoins, ce qu'on ne sait peut-être pas de lui, c'est que cet artiste pas comme les autres a multiplié les voyages, durant les années 1970, d'abord pour promouvoir le «mouvement musical Mégri» et surtout pour découvrir d'autres styles musicaux. Et à l'image d'un autre Magellan, de l'art cette fois, Mégri a visité l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan, le Népal, l'Algérie, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, le Liban, la Syrie, l'Iraq, la Turquie, la France, la Grèce, l'Italie, l'Espagne ou encore Chypre. Un long périple, qui a lui permis de goûter à toutes ces cultures et de se brosser un tableau jusqu'à s'initier à des formes musicales insoupçonnées. Les Beatles du monde arabe Avant d'entamer ce long voyage, Hassan Mégri avait déjà fait ses preuves au Maroc. Tout a commencé en 1954, date à laquelle son père, Mohamed, lui offre sa première guitare. Une année qui coïncide avec son obtention du Premier Prix des arts plastiques à l'échelle africaine. Quelques années plus tard, la famille Mégri quitte Oujda pour Rabat. Une nouvelle page commence donc dans l'histoire de Hassan, qui avait déjà contaminé de son amour pour la musique, son frère Mahmoud. Les deux frères forment un duo et enregistrent avec l'orchestre de la Radio nationale bon nombre de chansons, entre autres, «Min youm habitak», «Ya rit», «Roubbama», «Waddaâtouhou», «Ifdini Lih». Des tubes «Style», par contre, qui n'a pas eu l'unanimité à l'époque. La musique du trio (Jalila, leur soeur, a rejoint par la suite les deux garçons), n'a pas été appréciée par la plupart des musiciens de l'époque. «Le fait de jouer de la guitare et non du Oûd leur a fait croire que ma musique était occidentale. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les musiciens de la radio qui ne pouvaient pas lire la musique, refusaient de me donner un coup de main», se rappelle le créateur de la World music arabe. Que faire alors ? Tout laisser tomber ? Pas question ! Hassan a se tourne vers des formations modernes, notamment l'Orchestre symphonique, dirigé à l'époque par Abdelwahab Agoumi. Le groupe commence, petit à petit, à s'imposer sur la scène artistique nationale et arabe. Refusant de chanter dans une langue étrangère, Hassan s'inspire du style de la chanson universelle. Il marie élégamment la langue arabe avec des sonorités résolument modernes. Et puis, le trio tourne ses premiers clips diffusés par la télévision marocaine et dans les pays arabes. Le succès est au rendez-vous. Les Mégri ou «les Beatles» de la chanson arabe, multiplient les tournées. Ils enregistrent avec l'orchestre de Charles Aznavour, se produisent à l'Olympia, remportent le Disque d'Or... Bref, le groupe formé de Hassan, Mahmoud, Jalila et Younès (il rejoint la formation en 1972, lui donnant un nouveau souffle) révolutionne la chanson marocaine. «Vous savez, tout au long de mon parcours, j'ai essayé d'ouvrir de nouvelles voies, de dresser des ponts entre les cultures. C'était mon but principal». Hassan continue d'ailleurs à œuvrer pour le rapprochement des cultures. Président fondateur du Comité national de la musique du Maroc depuis 2000 et membre du Conseil international de la musique de l'Unesco, il est à l'origine de plusieurs consécrations notamment le Rabab d'Or. «C'était très important d'encourager les artistes, surtout les jeunes. Cela ne peut que les inciter à donner le meilleur d'eux-mêmes». Les jeunes artistes, Hassan en sait quelque chose ! Il est, en effet, le mentor de bon nombre de jeunes musiciens, notamment Nasr Mégri, son propre fils. Car chez les Mégri, la musique est une histoire de famille... Biographie :