Mis en œuvre il y a à peine deux mois, les programmes Imtiaz et Moussanada sont identifiés par l'Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise (ANPME) comme le point de départ d'une nouvelle PME marocaine. Une nouvelle PME qui se mettra à niveau et se conformera davantage aux exigences d'un marché international aux règles mondialisées. Il est certes encore trop tôt pour dresser un bilan, mais le son de cloche émis par les entreprises à ce stade est toujours important pour procéder aux réglages nécessaires. Les initiatives ont été largement médiatisées, mais aucune action de proximité n'a été déclenchée pour diffuser l'information et répondre aux questions des opérateurs. Les critiques n'ont pas tardé à fuser : «C'est très ambitieux, mais en décalage avec nos réalités» ; «Il n'y a pas assez de communication», «L'ANPME a fixé des critères très élevés par rapport à nos capacités»..., les avis diffèrent suivant les réunions et confirment la règle qui veut que la théorie peut souvent différer de la pratique. Nous avons fait un petit tour d'horizon pour constater les écarts entre les régions. A Casablanca, les échos sont très favorables au lancement d'Imtiaz et de Moussanada. L'ensemble des PME contactées et qui envisagent de déposer leur candidature pour le programme Imtiaz en l'occurrence, tiennent le même discours. «Ces programmes sont très ambitieux et permettront une mise à niveau de nos activités», avance Mohammed Saddik Nabil, administrateur de Romelec, une entreprise active dans le secteur du matériel électrique. «Ces nouveaux services dédiés aux petites et moyennes entreprises leur permettront d'accéder au financement et de s'ouvrir à l'international, dans le cadre de leur accompagnement dans leur démarche de modernisation», déclare Jaouad Skalli, directeur général de Rosca Robinetterie, autre enseigne casablancaise. Même son de cloche du côté de Majid Benslimane, directeur support et outsourcing d'Uniforce informatique (UFI): «Nous sommes très intéressés par le programme Imtiaz, notamment et sommes en train de constituer notre dossier de candidature». En résumé, dans la capitale économique, Imtiaz et Moussanada ne manquent pas de sympathisants. C'est l'idée résumée par Khalid Baghri, président du CJD de Casablanca, qui affirme que la compétitivité a toujours été sa politique d'action. «Nous avons identifié des éléments tels que la mise à niveau des systèmes d'information au niveau des PME, comme des points importants autour desquels nous multiplions les rencontres et tables-rondes. Ces programmes sont donc de beaux instruments», déclare-t-il. Une régionalisation manquée ? Si les avis sont aussi positifs à Casablanca, c'est loin d'être le cas dans les régions où le maître mot est «l'exclusion pour manque de communication». À Agadir, c'est le responsable local du CJD, Yassine Rahmouni, qui nous dresse le tableau. «À mon avis, c'est encore trop tôt pour se prononcer sur leur impact. Ce qui est sûr, c'est que la majeure partie des PME gadiries ne sont pas assez informées sur les tenants et les aboutissants de ces programmes. Très peu de chefs d'entreprise de la région en parlent». La même source poursuit, pointant doigt un autre volet, relatif cette fois aux lourdeurs caractérisant la procédure de candidature soumise aux PME pour participer à Imtiaz. «Le second souci est relatif à la procédure de candidature, qui gagnerait beaucoup à être allégée pour permettre au maximum de PME de bénéficier de ce programme. Je pense que ces critères de candidature ont été fixés sans tenir compte des réalités de nos PME sur le terrain», est-il indiqué auprès du CJD. Concernant le programme Moussanada plus particulièrement, le représentant du CJD a également soulevé la nécessité de prendre en compte les spécificités régionales et renforcer les outils d'accompagnement, qui font défaut actuellement. «Ce qu'il faut finalement, c'est conduire le changement dans le sens que nous souhaitons tous avec les outils qu'il nous faut», conclut-il. Direction le nord, à Tanger plus exactement. Les avis y sont identiques, ou presque, à ceux d'Agadir. Pour Tarik Moudli, responsable CJD de la ville du détroit, «la problématique c'est qu'il y a un grand déficit de communication». Concernant Imtiaz par exemple, à Tanger, il y a beaucoup d'entreprises qui pourraient participer à ces programmes, sauf qu'elles ne se sentent pas concernées. «A ma connaissance, aucune PME ne nous a approché jusqu'à présent, à quatre jours de la date butoir de dépôt des dossiers de candidature, pour nous parler de ce programme», déclare Mouldi. Tout semble donc indiquer que l'ANPME gagnerait à communiquer plus pour séduire encore plus d'entreprises en dehors de l'axe Casablanca-Rabat, car c'est là où le besoin d'accompagnement se fait le plus ressentir. Des critiques... déjà Des critiques, il y en a d'autres. Certains opérateurs ayant requis l'anonymat reprochent à l'ANPME et au ministère de tutelle d'avoir tardé à lancer ces programmes, à un moment où les PME marocaines ont déjà assez souffert de leur manque de compétitivité. D'autres s'interrogent : «Pourquoi maintenant, après neuf mois de blocage des activités de l'ANPME ?». Ces questions restent en suspens pour l'instant. Ce n'est pas tout, d'autres opérateurs ont également souligné la crainte que le rating devienne un facteur de sélection draconienne et qu'il ne laisse filtrer que les «grosses» PME. C'est le problème des critères d'éligibilité, qui est encore une fois remis en question. La réponse du ministère sur ce point, indique que «le rating est fiché chez Bank Al Maghrib qui en contrôle l'exécution», déclare Ahmed Réda Chami sur le site de marcoeco.ma. Les fiches techniques Imtiaz est une compétition nationale d'investissement, destinée aux entreprises porteuses d'un projet de développement et souhaitant bénéficier de primes à l'investissement matériel et immatériel correspondant à 20% de l'investissement total. La prime Imtiaz peut atteindre 5 millions de DH. La compétition Imtiaz est ouverte aux PME à fort potentiel de croissance, nécessitant un appoint financier pour accéder au crédit bancaire. Ce programme cible les PME à fort potentiel, mais à faibles capacités d'investissement et de financement, les PME porteuses d'un projet de développement. 50 entreprises par an, tous secteurs confondus sont concernées. La première édition Imtiaz a démarré le 16 novembre 2009, la date limite de dépôt de candidature auprès des banques partenaires auprès de l'ANPME étant fixée au 15 janvier 2010 à 16h30. Moussanada est un programme d'accompagnement des PME dans leur démarche de modernisation et d'amélioration de leur compétitivité, à travers la mise en place de programmes d'appui fonctionnels accessibles à l'ensemble des secteurs. Moussanada se décline en 3 offres : Une offre transverse d'optimisation des fonctions support, une offre sectorielle cœur de métier (visant à développer les compétences métiers des PME, tels que les processus de production, l'approvisionnement, le design, la R&D) et une offre sectorielle TI, ayant pour objectif d'accélérer l'intégration des technologies de l'information au sein des PME.