Lancé à plein régime vers de nouveaux records de performance, le secteur du tourisme occupe une place importante dans l'agenda de l'Etat. Dans le diagnostic qui a été mené, et dans le cadre de la feuille de route 2023-2026 qui a été mise en place par le gouvernement, il est question d'améliorer la productivité et le rendement de ce secteur. Comment le programme Cap Hospitality peut-il contribuer à la réalisation de ces objectifs ? Les experts du Cercle des ECO se sont penchés sur la question. «Dans les demandes et les inscriptions à ce jour, quasiment toutes les régions sont représentées, ainsi que toutes les formes d'hébergement touristique, de la maison d'hôte jusqu'à l'hôtel de luxe», souligne Imad Barrakad. «Il va de soi que plus la population est importante, plus il y a de projets. On trouve donc Marrakech en tête. Mais il y a aussi des destinations qui ont pu connaître des difficultés au départ, comme Ouarzazate ou Agadir. Casablanca est aujourd'hui la troisième destination touristique du pays, ce qui atteste d'un certain changement. Nous enregistrons des demandes de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra et des établissements de Dakhla... Ces destinations sont encore des produits de niche, de petites tailles, qui vont se développer», poursuit le patron de la SMIT. Une émulation générale «L'émulation est générale», souligne Meriem Allam, qui se demande si la SMIT a reçu des demandes indues, de candidats qui ne sont pas des hôteliers. «Nous avons mis en place, avec le gouvernement, un arsenal de mesures», répond le directeur général de la Société marocaine d'ingénierie touristique. «Cap Hospitality n'est qu'une de ces mesures. Il y aussi, par exemple, le programme Go Siyaha, de l'agence Maroc PME (en soutien des entreprises touristiques souhaitant proposer des produits d'animations novateurs et pour les accompagner dans leur transition vers des pratiques plus durables et innovantes), des mesures du ministère de l'Agriculture, etc». Il suffit donc de bien orienter les demandeurs. Lorsque l'on parle de tourisme, tout le monde est touché, se sent impliqué. En conséquence, «le pays fournit autour de 25 millions de nuitées et dispose de 35 millions "d'experts"». C'est pourquoi il faut hiérarchiser les priorités et se répartir les tâches. Imad Barrakad continue : «Aujourd'hui, l'appareil de production du tourisme est à 85% porté par les autocars. J'espère que d'autres secteurs prendront le relai en cas de besoin. Dans le diagnostic qui a été fait, et dans le cadre de la feuille de route 2023-2026 qui a été mise en place par le gouvernement, il y a énormément de choses qui viennent améliorer la productivité et le rendement de ce secteur. L'aérien, la formation sont aussi concernés... Mais notre objectif aujourd'hui est de parler de Cap Hospitality pour devenir leaders dans ce domaine. Car cela nous permet de montrer comment avance notre pays, à grands pas, et c'est un sujet de taille pour l'investissement». Une main tendue par l'Etat Salma Bellamine souligne qu'«effectivement il y a aujourd'hui tout un écosystème qui accompagne l'industrie du tourisme au Maroc. L'objectif est clair et l'Etat tend la main aux établissements hôteliers, cette main doit être saisie de la manière la plus rapide et la plus professionnelle possible. Il y a un délai. Mais il permet à ces établissements d'être prêts lors des événements à venir. Il s'agit d'un "win-win". Se préparer et respecter les échéances leur permettra également d'engranger et de profiter du dynamisme des années à venir». De plus, dès maintenant, il existe d'autres produits dont peuvent bénéficier les établissements hôteliers qui veulent investir. Notamment le produit de dette subordonnée, CapAccess, récemment lancé par le Fonds Mohammed VI. Il vient s'additionner à un crédit bancaire, et forme une tranche complémentaire de dette qui est subordonnée, c'est-à-dire que son remboursement se fait après celui de la banque. Ce qui donne du temps à un hôtelier pour mener à bien un projet de rénovation ou de construction, de générer petit à petit des cash flows et de rembourser ses emprunts. Il n'y a pas de prise en charge des intérêts, mais la disponibilité de ce produit, CapAccess, n'est pas limitée dans le temps. Imad Barrakad, de son côté, rappelle l'existence de la Charte d'investissement du gouvernement. Son application va s'étendre. Aux TPME, par exemple. Le tourisme en bénéficiera comme les autres secteurs. «Les mesures du programme Cap Hospitality ont été créées pour à la fois faire face aux séquelles de la crise du Covid et se préparer aux deux Coupes de football qui se préparent. Les établissements qui se portent bien n'ont pas besoin d'une aide de l'Etat, mais d'autres, si. Nous estimons qu'une fois la sortie de crise et le développement effectués, ce sera au marché de reprendre la main et aux entreprises de grandir normalement, comme par le passé» estime le directeur général de la Société marocaine d'ingénierie touristique. «Le travail consiste à aider à l'émergence de champions nationaux, des opérateurs capables d'aller capter des parts de marché. Il s'agira ensuite de laisser place à un marché qui se régulera par lui-même». Un signe de confiance dans le potentiel du secteur «Le secteur a montré sa résilience malgré la crise et les défis complexes qu'il a traversés», juge Hind Driouech. «Les banques, dont Attijariwafa bank, ont accompagné le secteur touristique et ce n'est pas nouveau. Ce programme, bien qu'unique, n'est pas le premier qui nous permette d'accompagner les opérateurs. Relance Hôteliers était un programme lancé spécifiquement au moment du Covid pour pouvoir répondre aux besoins pressants en termes de financement. Attijariwafa bank s'était mobilisée de la même manière. Nous avions géré 40% de l'enveloppe qui a été distribuée au niveau national sur le secteur. En tant qu'acteur bancaire, nous sommes convaincus qu'il faut accompagner les opérateurs du secteur, quel que soit le mécanisme étatique nécessaire. Tout le monde a sa place. Cela dit, Cap Hospitality est un programme jamais vu sur la place, puisqu'il s'agit de rembourser les intérêts par l'Etat. C'est une première. Il est donc logique qu'il ait un temps limité pour pouvoir en bénéficier. Nous en faisons donc la promotion pour permettre à ces hôteliers d'anticiper et se préparer à temps aux événements sportifs, Inchallah». Imad Barrakad Directeur général de la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT) «Dans les demandes et les inscriptions à ce jour, quasiment toutes les régions sont représentées, ainsi que toutes les formes d'hébergement touristique, de la maison d'hôte jusqu'à l'hôtel de luxe... Il va de soi que plus la population est importante, plus il y a de projets. On trouve donc Marrakech en tête, mais aussi des destinations qui ont pu connaître des difficultés au départ, comme Ouarzazate ou Agadir. Casablanca est aujourd'hui la troisième destination touristique du pays, ce qui atteste d'un certain changement. Nous enregistrons des demandes de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra et des établissements de Dakhla... Ces destinations sont encore des produits de niche, de petites tailles, qui vont se développer». «Les mesures du programme Cap Hospitality ont été créées pour à la fois faire face aux séquelles de la crise du Covid et se préparer aux deux Coupes de football qui se préparent. Les établissements qui se portent bien n'ont pas besoin d'une aide de l'Etat, mais d'autres, si. Nous estimons qu'une fois la sortie de crise et le développement effectués, ce sera au marché de reprendre la main et aux entreprises de grandir normalement, comme par le passé» Salma Bellamine Directrice exécutive du Fonds Mohammed VI pour l'investissement «Il y a aujourd'hui tout un écosystème qui accompagne l'industrie du tourisme au Maroc. L'objectif est clair et l'Etat tend la main aux établissements hôteliers, cette main doit être saisie de la manière la plus rapide et la plus professionnelle possible. Il y a un délai. Mais il permet à ces établissements d'être prêts lors des événements à venir. Il s'agit d'un "win-win". Se préparer et respecter les échéances leur permettra également d'engranger et de profiter du dynamisme des années à venir.» Hind Driouech Directrice exécutive en charge du Marché de l'Entreprise d'Attijariwafa bank «Ce programme, bien qu'unique, n'est pas le premier qui nous permette d'accompagner les opérateurs. Relance Hôteliers était un programme lancé spécifiquement au moment du Covid pour pouvoir répondre aux besoins pressants en termes de financement. Attijariwafa bank s'était mobilisée de la même manière. Nous avions géré 40% de l'enveloppe qui a été distribuée au niveau national sur le secteur. En tant qu'acteur bancaire, nous sommes convaincus qu'il faut accompagner les opérateurs du secteur, quel que soit le mécanisme étatique nécessaire. Tout le monde a sa place.» Murtada Calamy / Les Inspirations ECO