Face à une conjoncture climatique de plus en plus préoccupante, la région Béni Mellal-Khénifra, qui a opté pour la technique du semis direct comme solution novatrice pour lutter contre le stress hydrique, ambitionne d'atteindre une superficie de 80.000 hectares à l'horizon 2030. Technique résiliente, le semis direct s'est imposé dans la région Béni Mellal-Khénifra au cours des dix dernières années comme solution appropriée pour répondre à la demande accrue en eau d'irrigation au moment où les précipitations se font de plus en plus rares impactant les rendements des principales cultures céréalières. Face à ces problématiques, le semis direct a émergé comme nouveau mode d'exploitation des ressources naturelles dans la mesure où il permet de lutter au mieux contre le stress hydrique et de subvenir aux besoins alimentaires de la région. Favorisant une meilleure rétention de l'eau dans le sol, cette technique empêche l'érosion du sol, préserve sa structure et réduit les besoins en eau et en main-d'œuvre. Elle présente aussi des qualités permettant une meilleure conservation de l'humidité en réduisant l'évaporation de l'eau. Elle est pratiquée au moyen d'un semoir spécial qui permet de semer les graines sans labour préalable. Cette opération permet de réduire les coûts des travaux du sol, de semences, des engrais et de la main-d'œuvre et donc de réaliser une importante économie d'énergie. En comparaison avec les rendements obtenus par les méthodes traditionnelles de labour, cette technique garantit une meilleure production même durant les campagnes faibles en précipitations. Succès grandissant Au niveau de la région Béni Mellal-Khénifra cette technique est pratiquée principalement au niveau des provinces de Khouribga et Khénifra. Lors de la campagne agricole 2023-2024 12.400 ha ont été cultivés en semis direct au niveau de ces deux provinces. Au cours de cette campagne, des rendements plus ou moins importants et prometteurs allant jusqu'à 17 Qx/ha en zone Bour ont été réalisés, en dépit des conditions climatiques difficiles. La technique de semis direct permet de réduire les besoins en semences. Cette pratique nécessite seulement 80 kg de céréales par hectare, contrairement à la méthode traditionnelle de labour qui demande 180 kg. De plus, le semis direct offre des rendements plus élevés, contrairement à la méthode de labour, qui, bien qu'elle consomme plus de ressources hydriques, entraîne souvent des rendements inférieurs. Les rendements du semis direct sont supérieurs de 10 à 20% au labour traditionnel. Enfin, la couverture végétale laissée par le semis direct contribue à diminuer l'érosion du sol, ce qui est particulièrement important dans les zones sujettes à la dégradation des sols. On estime qu'on peut réduire l'érosion jusqu'à 50% par rapport aux méthodes conventionnelles. Et pour promouvoir cette technologie, la Direction régionale de l'Agriculture de Béni Mellal-Khénifra met le paquet. En collaboration avec ses partenaires clés, en l'occurrence la Chambre régionale d'Agriculture et le programme «Al Moutmir» de l'OCP, de grands efforts sont déployés afin de développer davantage cette technique au niveau de la région avec comme objectif d'atteindre 80.000 ha de semis direct à l'horizon 2030. Ceci, à travers, des campagnes de sensibilisation, des journées de formation, et des visites de terrain, et plus particulièrement l'augmentation du parc de tracteurs adaptés au semis direct et sa mise à la disposition au profit des coopératives agricoles. Des chiffres qui rassurent Vu les avantages de cette technique et suite à l'augmentation de la demande des agriculteurs, au cours de la campagne agricole 2024-2025, la région Béni Mellal Khénifra prévoit l'élargissement de l'étendue géographique du programme de semis direct avec un programme ambitieux de plus de 35.000 ha, dont 68% pour la province de Khouribga, 13% pour la province de Khénifra, 9% pour la province de Fquih Ben Salah, 8% pour la province de Béni Mellal et 2% pour celle d'Azilal. Hicham Daoui, le président de l'Association Al Baraka de semis direct et de l'agriculture de conservation à Ouled Boughadi (Khouribga), a souligné que la technique du semis direct comprend de nombreux avantages qui permettent une meilleure rétention de l'eau dans le sol et par conséquent une meilleure économie d'eau, rappelant que cette pratique transforme positivement les méthodes de travail au quotidien et présente plusieurs bienfaits majeurs. Le semis direct consiste à planter les graines directement dans le sol sans avoir à le labourer, en utilisant un semoir spécial, a fait savoir le président d'Al Baraka, indiquant que le semoir ouvre une petite rainure dans le sol, place les graines à la bonne profondeur, puis referme la rainure, ce qui permet au sol de sauvegarder l'humidité et de prévenir l'érosion tout en réduisant les besoins en eau et en main-d'œuvre. Le semis direct est également un atout pour la biodiversité, en ce sens qu'il offre un environnement plus favorable à la vie des insectes et des plantes, a-t-il fait savoir. Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ECO