L'Africa Financial Summit-AFIS ne se positionne pas comme une simple tribune de discussions. Elle est une plateforme catalyseur de changement, rassemblant les décideurs publics et privés pour transformer les défis en opportunités. Casablanca accueille ce rendez-vous les 9 et 10 décembre. Ramatoulaye Goudiaby, directrice de l'Africa Financial Summit (AFIS), nous présente cet événement. Le thème de cette année, «Une nouvelle ère : le temps des puissances financières africaines est venu», reflète une ambition claire et audacieuse : positionner les institutions financières africaines comme des acteurs incontournables de l'économie mondiale. Ce choix symbolise la maturité croissante du secteur financier africain, capable de mobiliser des capitaux pour répondre aux besoins spécifiques du continent tout en attirant des investissements internationaux. Alors que les banques, fintechs et bourses africaines multiplient les innovations, des initiatives comme l'African Exchanges Linkage Project (AELP) et le Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS) renforcent l'intégration régionale et l'utilisation des ressources locales, éléments essentiels pour consolider la souveraineté économique africaine. Mais cette vision ne peut ignorer les défis structurels, tels que la fragmentation des marchés, l'inclusion financière insuffisante et les disparités économiques. Pour que cette thématique devienne une réalité, il est impératif de transformer les ambitions en actions concrètes, en bâtissant un écosystème financier résilient, inclusif et capable de répondre aux exigences des marchés globaux. «Les banques africaines, armées d'une connaissance approfondie des spécificités régionales, peuvent ainsi s'imposer comme des champions continentaux» Le retrait progressif des grandes banques européennes, telles que Société Générale et BNP Paribas, incarne une nouvelle dynamique. Bien que ces départs soient motivés par des facteurs tels que les coûts de conformité élevés et les contraintes réglementaires internationales comme Bâle III, ils offrent une opportunité inédite pour les acteurs locaux. Les banques africaines, armées d'une connaissance approfondie des spécificités régionales, peuvent ainsi s'imposer comme des champions continentaux. Cette transition s'accompagne d'une consolidation financière accrue, comme l'illustre l'exemple du Nigeria, où les nouvelles exigences en fonds propres favorisent un secteur bancaire plus robuste et compétitif. Des instruments comme ceux proposés par l'African Guarantee Fund (AGF) ou les initiatives de la Banque africaine de développement (BAD) jouent également un rôle clé en facilitant l'accès des PME au financement. Ces PME, souvent perçues comme des catalyseurs de croissance et d'innovation, bénéficient désormais de mécanismes comme les accords de partage des risques signés entre Ecobank et AGF, qui ciblent particulièrement les projets verts et les entreprises dirigées par des femmes. «La diversification des partenariats permet aux institutions africaines de mieux résister aux chocs globaux tout en maximisant leurs opportunités économiques» Je suis convaincue que les collaborations Sud-Sud représentent un autre levier stratégique pour accélérer cette transformation. Des partenariats avec des acteurs émergents comme l'Inde et la Chine, pionniers en matière de fintech, peuvent favoriser l'inclusion financière et l'innovation technologique en Afrique. En 2024, des fonds souverains asiatiques et des banques de développement ont co-investi dans des infrastructures numériques en Afrique, stimulant ainsi la connectivité régionale. Ces collaborations offrent des solutions adaptées aux réalités africaines, tout en diversifiant les sources de financement et en réduisant la dépendance vis-à-vis des modèles traditionnels Nord-Sud. La diversification des partenariats permet aux institutions africaines de mieux résister aux chocs globaux tout en maximisant leurs opportunités économiques. «Des exemples récents, comme le partenariat entre Standard Bank et Flutterwave, montrent comment les solutions numériques transforment les paiements transfrontaliers» Les banques commerciales, bien qu'elles soient perçues comme réticentes à financer les PME, doivent également jouer un rôle central. À travers des collaborations avec des fintechs, elles peuvent améliorer leurs modèles d'analyse de crédit, notamment grâce à l'utilisation de données alternatives. Des exemples récents, comme le partenariat entre Standard Bank et Flutterwave, montrent comment les solutions numériques transforment les paiements transfrontaliers. De plus, des fonds spécialisés comme celui de 30 millions de dollars lancé par la Banque européenne d'investissement et la BAD en janvier 2024, pour soutenir les start-ups africaines, illustrent l'importance de mécanismes de financement innovants. «Des initiatives comme le PAPSS, qui réduit les coûts des paiements intra-africains, témoignent de l'importance de l'intégration régionale» Dans ce contexte de transformation, les gouverneurs des banques centrales ont un rôle stratégique à jouer. Leur mission est de moderniser les cadres réglementaires tout en favorisant l'adoption de technologies telles que la blockchain et les monnaies numériques de banque centrale (CBDC). En 2024, la BCEAO a lancé un projet pilote de paiement instantané interopérable dans la région UEMOA, marquant un pas décisif vers la simplification des transactions transfrontalières. Parallèlement, des initiatives comme le PAPSS, qui réduit les coûts des paiements intra-africains, témoignent de l'importance de l'intégration régionale pour améliorer la compétitivité des marchés africains. «L'Africa Financial Summit-AFIS est une plateforme catalyseur de changement» L'Africa Financial Summit-AFIS ne se positionne pas comme une simple tribune de discussions. Elle est une plateforme catalyseur de changement, rassemblant les décideurs publics et privés pour transformer les défis en opportunités. Je suis convaincue que cette dynamique permettra à l'Afrique de s'affirmer comme une nouvelle frontière de l'innovation, de la croissance et de la transformation économique, en bâtissant un secteur financier inclusif et durable qui réponde aux ambitions du continent. Je vous donne rendez-vous à Casablanca, les 9 et 10 décembre, pour poursuivre ensemble cette réflexion et bâtir l'avenir du secteur financier africain. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO