L'addiction au Net et l'attrait du gain aidant, les fraudes aux cryptomonnaies n'ont jamais été aussi sophistiquées ni aussi dévastatrices. Au Maroc, de très nombreux citoyens ont déjà fait les frais d'arnaques du genre. Le copy trading, le rug pull ou encore l'émission de tokens prospèrent dans l'opacité d'un vide juridique criant. Notre pays n'est pas un cas isolé : il s'inscrit dans une dynamique mondiale où, malgré les efforts de régulation, les escrocs continuent de déjouer les systèmes de contrôle. Pourtant, la blockchain, technologie qui sous-tend les cryptomonnaies, pourrait paradoxalement devenir l'arme clé dans cette lutte. Transparentes par nature, les transactions y sont enregistrées de manière permanente, offrant aux autorités des outils de traçabilité inédits. À l'échelle internationale, les pays qui ont creusé cette piste ont pu confirmer qu'il est possible d'agir efficacement en combinant innovation technologique et cadre législatif rigoureux. C'est dans cette dynamique que le Maroc doit s'inscrire : par l'instauration de la surveillance des transactions et l'analyse des données de ce marché, mais aussi par le renforcement des obligations de transparence pour les plateformes opérant sur le territoire national, en plus de l'imposition de normes strictes de lutte contre le blanchiment d'argent et d'identification. Mais la technologie seule ne suffira pas. Le véritable défi réside dans la protection des citoyens, par un cadre juridique prévoyant des mécanismes qui protègent ces investisseurs, combiné à des campagnes d'éducation financière à grande échelle. Dans n'importe quel domaine, un far west réglementaire doit être meublé par des lois, de la régulation et de la protection. C'est à ce prix que tout secteur peut être transformé en levier d'inclusion financière et de croissance économique, plutôt que d'être un terrain fertile pour les arnaques. Meriem Allam / Les Inspirations ECO