Le remaniement à mi-mandat a ouvert un nouveau chapitre pour la stratégie numérique, avec la nomination d'Amal El Fallah Seghrouchni à la Transition numérique, succédant à Ghita Mezzour. Cette nomination traduit la volonté de renforcer la transformation digitale en y insufflant un nouveau soufflle. «Ghita Mezzour a posé les fondations d'une stratégie numérique inclusive», précise Nabil Haffad, expert en transformation numérique, et en ce sens, «Seghrouchni s'inscrit dans cette continuité avec un profil technique et une vision internationale». Cette continuité est fondamentale dans un contexte où le Maroc s'engage dans des réformes profondes de son administration. La stratégie numérique 2030, initiée sous Mezzour, a pour ambition de moderniser plus de 600 services publics, dans le but de réduire les délais administratifs et de simplifier les démarches pour les citoyens et les entreprises. Inscrite dans une dynamique de transformation à grande échelle, cette feuille de route vise à faire du Maroc un hub régional du numérique. «Le volet investissement a progressé sous Mezzour », souligne Badr Bellaj, expert en blockchain, « et la formation de milliers de jeunes dans les métiers IT a renforcé l'écosystème numérique. Seghrouchni hérite ainsi de ces acquis tout en apportant sa propre expertise en intelligence artificielle, un secteur clé pour le développement futur». Amal El Fallah Seghrouchni, forte de son parcours à la tête du Centre international d'intelligence artificielle, est attendue sur ces chantiers cruciaux. Sa mission ne se limite pas à la simple numérisation des services, mais s'étend à la transformation en profondeur de l'écosystème technologique national. Elle devra, notamment, œuvrer pour une meilleure intégration des PME dans cette transition et soutenir l'émergence de 3.000 startups d'ici la fin de la décennie. Toutefois, certains observateurs, comme Nabil Haffad, rappellent que cette transition numérique, bien qu'indispensable, ne doit pas faire oublier d'autres impératifs. «Ce remaniement aurait pu être l'occasion de dissocier la modernisation de l'administration et la transition numérique», regrette-t-il. «Limiter la modernisation à la seule dimension technologique serait réducteur. La transition numérique suppose de se raccrocher à la vitesse du monde, alors que la modernisation de l'administration est plus soumise à des contraintes sociales, historiques et sécuritaires».