Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé fin août une surtaxe de 100% sur les importations de véhicules électriques chinois à partir du mois d'octobre. Mardi, c'était au tour du ministère chinois du Commerce d'annoncer qu'il «ouvrira une enquête antidumping sur le colza importé du Canada». La Chine a annoncé mardi qu'elle va lancer une enquête antidumping sur le colza canadien, une apparente mesure de rétorsion face aux énormes surtaxes douanières imposées par Ottawa sur les véhicules électriques chinois importés. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé fin août une surtaxe de 100% sur les importations de véhicules électriques chinois à partir du mois d'octobre au nom d'une supposée «concurrence déloyale». «La Chine ne respecte pas les mêmes règles que les autres pays», avait-il affirmé pour justifier cette décision destinée à «défendre les emplois et les intérêts canadiens». Les surtaxes canadiennes visent les automobiles produites en Chine, les camions, les autobus ainsi que les camionnettes de livraison électriques et certains modèles hybrides. Les seuls véhicules électriques fabriqués en Chine et importés au Canada sont pour l'heure ceux de la marque américaine Tesla. Pékin avait menacé à plusieurs reprises de représailles. Mardi, le ministère chinois du Commerce a indiqué qu'il «ouvrira une enquête antidumping sur le colza importé du Canada», sans toutefois préciser de calendrier. Dans les faits, cette enquête vise spécifiquement le «canola», une plante apparentée au colza et conçue au Canada. Elle est principalement utilisée comme huile alimentaire. Le Canada est l'un des principaux producteurs mondiaux de canola, un oléagineux utilisé pour fabriquer de l'huile de cuisson, des aliments pour animaux et du biodiesel, et la Chine a toujours été l'un de ses principaux clients. Selon Pékin, les exportations de colza canadien vers la Chine «ont augmenté de manière significative», à hauteur de 3,47 milliards de dollars (3,14 milliards d'euros) en 2023, avec des prix qui «ont continué à chuter». Les exportateurs canadiens sont ainsi «soupçonnés de pratiquer le dumping» sur le marché chinois, estime le ministère. Le dumping consiste à vendre à l'étranger à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur le marché national et donc à fausser la concurrence. «Touchées par la concurrence déloyale canadienne, les industries chinoises liées au colza continuent de subir des pertes», a souligné le ministère, qui envisage de saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à ce sujet. La Chine «prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre les droits et intérêts légitimes» de ses entreprises, a-t-il souligné. Cela fait plusieurs années que les relations sont à couteaux tirés entre Ottawa et Pékin, notamment depuis la crise Huawei et l'arrestation en 2018 de Meng Wanzhou, la directrice financière du groupe chinois, suivie de l'incarcération en Chine de deux citoyens canadiens. Ces dernières années, les marques automobiles chinoises mettent le turbo à l'étranger, avec nombre de pays occidentaux qui s'inquiètent désormais de voir leurs marchés inondés de véhicules à prix cassés. L'Union européenne (UE) estime que leurs prix sont artificiellement bas du fait de subventions de l'Etat chinois, ce qui fausse la concurrence et nuit à la compétitivité des constructeurs européens. Bruxelles a ainsi relevé en juillet ses surtaxes à l'encontre des véhicules électriques importés de Chine. A compter du mois d'octobre, elles pourront atteindre jusqu'à 36%. Les véhicules fabriqués dans les usines chinoises étaient jusqu'ici taxés à hauteur de 10% dans l'UE. La Chine a saisi en août à ce sujet l'Organisation mondiale du commerce et lancé ces dernières semaines plusieurs enquêtes antidumping visant certains produits européens (produits laitiers et porcins, eaux-de-vie). Déterminés à freiner la progression chinoise dans le secteur automobile, les Etats-Unis ont eux annoncé en mai le quadruplement des droits de douane (de 25% à 100%) sur les véhicules électriques chinois importés. Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ECO