Les droits des enfants constituent un indicateur crucial du développement humain et du progrès social d'un pays. Le rapport KidsRights Index 2024 fournit une évaluation détaillée de la situation des droits des enfants à l'échelle mondiale, incluant le Maroc et ses voisins africains et maghrébins. Le Maroc a grimpé de la 67e place mondiale en 2023 à la 54e place dans le dernier rapport annuel de l'ONG KidsRights, réalisé en partenariat avec l'Université Erasmus de Rotterdam et l'Institut international d'études sociales. Le Royaume a entrepris des efforts notables pour améliorer les droits des enfants, notamment en ce qui concerne la santé, l'éducation et la protection juridique, et ces efforts semblent bien donner leurs fruits. En matière de santé, le pays a réussi à réduire significativement le taux de mortalité infantile et à améliorer l'espérance de vie à la naissance, note le rapport plaçant le Maroc à la 94e place mondiale dans le domaine de la santé infantile. Ces progrès sont le résultat de politiques de santé publique ciblées, telles que la vaccination systématique et l'amélioration des infrastructures médicales. Cependant, des défis subsistent, notamment la réduction de la mortalité maternelle, reléguant le Maroc à la 87e place mondiale dans le domaine de la «vie». Les disparités persistent Dans le domaine de l'éducation, le Royaume a également enregistré des progrès notables. Le taux de scolarisation a augmenté, avec une amélioration des années de scolarité attendues pour les filles et les garçons, indique la même source. Le Maroc, qui se place dans ce domaine à la 67e place mondiale, a entrepris des réformes importantes afin d'encourager l'accès à l'éducation, en particulier dans les zones rurales. Toutefois, l'inégalité entre les sexes demeure un défi persistant, nécessitant des mesures supplémentaires pour garantir une éducation équitable pour tous les enfants. En termes de protection, le Maroc, qui se retrouve à la 68e place, a adopté plusieurs lois visant à protéger les enfants contre la violence et l'exploitation. Bien que ces lois représentent un cadre juridique important, leur mise en œuvre reste inégale, souligne l'ONG KidsRights. Les disparités régionales et le manque de ressources dédiées à l'application de ces lois sont des obstacles majeurs à une protection efficace des enfants. Comparé à ses voisins africains, le Maroc se trouve dans une position intermédiaire. Par exemple, le Nigeria lutte encore avec de faibles taux de naissance enregistrés, malgré des initiatives récentes pour améliorer la situation grâce à des systèmes de registre civil électronique. De même, la Somalie fait face à des défis considérables avec l'un des taux les plus bas de naissance enregistrées, ce qui pose de graves problèmes pour la protection des droits des enfants. En revanche, le Rwanda a montré des améliorations notables dans l'enregistrement des naissances, bien que des défis subsistent, notamment une baisse récente inexplicable des enregistrements. Le climat fait des ravages En comparaison avec ses voisins maghrébins, le Maroc affiche des performances variées. L'Algérie, par exemple, a réalisé des progrès similaires dans la réduction de la mortalité infantile et l'amélioration de l'accès à l'éducation. Cependant, elle rencontre également des défis dans l'intégration des enfants aux processus décisionnels qui les concernent. Par ailleurs, l'Algérie, comme plusieurs autres pays, a vu son classement affecté par l'inclusion du domaine du changement climatique. En ajoutant ce domaine, le classement global de certains pays a considérablement changé, et l'Algérie a chuté de 38 places, se retrouvant ainsi au 56e rang mondial. Tout juste devant le Maroc, alors que la Tunisie, quant à elle, occupe la 53e place mondiale et se distingue par des scores élevés dans la protection des droits des enfants et l'accès à la santé, grâce à des politiques bien établies et une mise en œuvre efficace. Néanmoins, la Tunisie demeure particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique. Ces facteurs exacerbent les conditions de vie difficiles, impactant directement la santé et le bien-être des enfants. La plus grande surprise dans ce dernier indice de KidsRightsest est la chute spectaculaire de la Suède, passant de la première place en 2023 à la 78e, s'expliquant principalement par une mauvaise performance dans le domaine de l'environnement favorable aux droits de l'enfant. Par ailleurs, le rapport indique que la Suède a enregistré une baisse significative de son score d'immunisation des enfants, soit une baisse des taux de vaccination, qui est un indicateur crucial dans le domaine de la santé. La place de la Suède a été arrachée par le Luxembourg, qui a su combiner efficacité et engagement dans plusieurs domaines clés des droits de l'enfant. Ce petit pays européen excelle notamment dans la santé et l'éducation, avec des politiques robustes qui assurent un accès universel et de haute qualité aux services de santé et d'éducation pour tous les enfants. En deuxième position, on retrouve l'Islande qui a longtemps été reconnue pour ses performances en matière de droits de l'homme et de protection de l'enfance et demeure pionnière dans l'intégration des droits des enfants dans ses politiques publiques, en mettant un accent particulier sur l'éducation inclusive et la participation des enfants à la vie sociale et politique. Malgré les défis économiques et sociaux auxquels est confronté le pays, la Grèce s'est classée troisième en mettant en place des infrastructures solides pour la protection des droits de l'enfant. Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO