Docteur en Sciences de gestion et enseignant-chercheur Les médias sont débordés d'informations qui traitent de l'importance des transferts des Marocains résidents à l'étranger (MRE) et exposent avec fierté le montant de ces transferts qui ne cesse d'augmenter considérablement d'année en année. En revanche, avec la propagation et l'aggravation de la crise économique européenne, la question légitime de la capacité de la nouvelle génération des MRE à prendre la relève dans le soutien de l'économie du pays, à travers leurs transferts, remonte à la surface. La culture peut-elle constituer une entrave à l'intégration à l'ère du numérique ? Cette nouvelle génération est bien différente des premières vagues de MRE qui ont quitté le pays avant la démocratisation d'Internet. Les anciennes générations devaient combattre plusieurs défis : découvrir et en même temps s'adapter à la nouvelle culture, trouver un travail, un logement... Mais, entre nous, est-ce que celui qui travaille au minimum huit heures par jour et consacre plus d'une heure dans les transports en commun pour le trajet domicile-lieu de travail aura le temps suffisant pour traiter ces types de sujets. En réalité, ils les qualifient de secondaire et se préoccupent principalement de l'adaptation au climat glacial et aux heures interminables de travail. La démocratisation d'internet réalisée ces dernières années ne s'est pas limitée à la diffusion des différentes cultures, mais elle dépasse cet objectif pour créer une culture universelle, qui a facilité l'intégration de la nouvelle génération de MRE dans les pays d'accueil, sans prise de connaissances ou préparation préalable. De la recherche d'emploi à la recherche du développement des compétences Cette nouvelle génération est bien différente des premières vagues de MRE qui ont quitté le pays sans qualification ou diplômes d'études, ce qui les a obligées de se diriger vers des secteurs à bas salaire, comme l'agriculture, le service aux personnes âgées, la construction... Cependant, la nouvelle génération devance largement l'ancienne à ce niveau, car ils n'ont pas quitté le pays forcément pour travailler, mais pour améliorer leur niveau d'instruction et la recherche de travail, dans les pays d'accueil, était la suite logique de ce chemin. L'économie européenne est mise à rude épreuve Cette nouvelle orientation avait pour effet de permettre aux MRE d'atteindre plus facilement des postes de responsabilité dans les secteurs public et privé et, par conséquent, d'améliorer leurs conditions de vie dans les pays d'accueil. Or, la crise économique qui frappe de plein fouet le continent européen a produit une inflation qui bat tous les records. Tous les secteurs sont touchés : produits pétroliers, services, produits alimentaires... Ce n'est pas tout, le continent connaît une désindustrialisation et une baisse de consommation interne considérable, ce qui génère un impact négatif limité jusqu'à maintenant sur l'emploi, mais générera à long terme, selon les dires des spécialistes, une forte augmentation du chômage. Cette situation inédite impacte toutes les catégories de population, sans distinction entre les générations de MRE. Toutes verront leur capacité d'épargne baisser et leurs habitudes de consommation changer. Le temps est venu pour penser aux solutions de remplacement Vivement la reprise de l'économie européenne ! En attendant, les responsables du pays doivent se pencher sur ce sujet afin de trouver d'autres alternatives pour diversifier l'économie marocaine et limiter sa dépendance aux transferts des MRE.