Mohamed Mbarki est le directeur général de l'Agence de l'Oriental, qui vient de publier Nador, Un Maroc gagnant, en partenariat avec les éditions de La Croisée des chemins. Malgré un agenda surchargé par les nombreuses activités du Salon du livre d'Oujda, Lettres du Maghreb, qu'il présidait, il a accepté de présenter ce beau-livre de quelque 360 pages aux lecteurs des Inspirations Eco. Pourquoi avoir intitulé ce livre sur Nador «Un Maroc gagnant» ? Nous avions longuement hésité avant de l'adopter. Ainsi, ce n'est pas «Le», mais «Un» pour bien montrer que parmi tous les projets d'avant-garde impulsés par S.M. le roi, que Dieu l'assiste, Nador reste un territoire qui reçoit des projets stratégiques de façon discrète et sérieuse. Nous souhaitons que ce soient les projets qui parlent. Cet ouvrage est une histoire du développement au Maghreb. Sur un temps long, cette zone est tantôt calme et intéressante, et tantôt turbulente et contestataire. Aujourd'hui, Nador reçoit les plus grands projets de la zone : Mar Chica (ou «La Petite Mer», en espagnol) est une lagune totalement réaménagée ; il y a eu une grande restructuration urbaine, un aménagement du territoire original. Je ne vois pas d'autres travaux de cette ampleur au stade de réalisation avancée. La plupart ne sont encore que des idées. C'est donc une zone qui reçoit les plus grands projets de la Méditerranée. D'où l'image de ce Maroc gagnant, depuis l'intronisation de Sa Majesté, qui a révolutionné l'image du pays dans le monde. L'ouvrage contient un chapitre très fourni sur la culture amazighe. Quels sont les bénéfices, aujourd'hui, de cette longue histoire ? C'est un chapitre important de ce livre. Cette histoire a alimenté le quotidien et la créativité de la population de Nador et a été avant tout à l'initiative de la société civile. La contestation culturelle n'a pas été «politicarde», pour ainsi dire, ni d'opposition systématique comme le croient nos voisins de l'Est, qui imaginent une région seulement rebelle. Quelle vision erronée ! Et puis, cette expression culturelle du Rif oriental, autour de Nador, est aussi celle de sa diaspora en Allemagne, en Hollande, en Belgique... Elle a donné naissance à des figures qui occupent désormais des postes de responsabilités dans ces pays. Ce livre permet d'en présenter quelques-unes. Les enfants de cette diaspora parlent surtout le rifain avec l'allemand, ou l'anglais..., me disent-ils, lorsque je les rencontre. L'amazighité a accompagné et enrichi toutes les expressions culturelles et familiales d'une population très motivée pour le développement de sa région. Quels sont les atouts, en général, pour le développement de Nador ? Ils sont nombreux, forts et silencieux ! N'importe quel visiteur, parcourant les grandes capitales provinciales de la région, s'en rendra aisément compte. Les grands projets ont complètement révolutionné le territoire de Nador. Celui de Mar Chica, qui a dépollué et préservé la lagune, a fait de cette ville un territoire de référence pour la Méditerranée. Il a sauvé l'écosystème : les oiseaux migrateurs, certaines espèces de poissons qui en étaient partis sont revenus. Cette lagune était devenue l'endroit où les sociétés minières espagnoles lavaient leur minerais avant de l'exporter. Des zones ont été enfouies et transformées en espaces verts. Le site de lavage, par exemple, est maintenant une académie de golf. Le grand port de Nador West Med, en cours de réalisation, sera aussi important que Tanger Med. Il y a aussi eu l'amélioration des infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires. La capacité de l'aéroport de Nador El Aroui a triplé, par exemple. Pour tous ces chantiers, comment résumer les modes d'action de l'Agence de l'Oriental en quelques mots ? L'agence est une force de proposition. Ces grands projets sont financés grâce à l'intervention massive de l'Etat, pour la mobilisation de financements extérieurs ou de l'Etat lui-même. Le budget de l'agence est celui de l'amorçage et de l'accompagnement de ces grands projets. L'action revêt une grande importance pour le développement territorial. Mais pour en parler en détail, il faudrait plus de temps. Murtada Calamy / Les Inspirations ECO