Dans sa lutte contre la diffamation et l'extorsion, le Maroc franchit une nouvelle étape avec la création d'un observatoire dédié. Annoncée lors d'une rencontre à Rabat, cette initiative vise à s'attaquer à un phénomène menaçant la stabilité sociale et l'image du pays. Le Maroc a franchi une nouvelle étape dans sa lutte contre la diffamation et l'extorsion avec la création d'un observatoire dédié à la lutte contre ces fléaux. Annoncée, samedi dernier, lors d'une rencontre tenue à Rabat sous le thème «La diffamation et les causes nationales justes, de la contrainte à l'opportunité», cette initiative témoigne de la volonté des différentes parties de s'attaquer à un phénomène qui menace la stabilité sociale et nuit à l'image du pays. L'événement, qui a réuni le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaïd avec des chercheurs, des juristes et des personnalités de divers horizons, a permis de mettre en lumière les dangers de la diffamation et de l'extorsion, et de souligner l'importance d'une action collective pour les combattre. Les intervenants ont insisté sur le fait que ces pratiques portent gravement atteinte aux individus, aux institutions et aux causes nationales justes. Ils ont également souligné l'impact négatif des «fake news» et de la désinformation, qui se propagent rapidement sur les réseaux sociaux et peuvent manipuler l'opinion publique. Réseaux sociaux : un espace de liberté détourné par la diffamation Bensaid a déclaré que la diffamation est devenue une problématique mondiale et que sa résolution ne saurait reposer uniquement sur les épaules des gouvernements. Il a appelé à une mobilisation de l'ensemble de la société, insistant sur le rôle crucial des médias dans la diffusion d'informations fiables et vérifiées. Le ministre a également mis l'accent sur l'importance du travail journalistique sérieux, de la formation, notamment continue, des professionnels des médias. Une démarche indispensable pour contrer les fake news visant à nuire aux individus et aux institutions nationales. Il a réaffirmé la détermination du gouvernement à œuvrer de concert avec tous les acteurs médiatiques pour surmonter ces défis. De son côté, Younes Moujahid, président de la Commission provisoire pour la gestion des affaires du secteur de la presse et de l'édition, a appelé à relever les défis majeurs liés aux fake news et aux contrevérités véhiculées au sujet des causes nationales, en tête desquelles la question de l'intégrité territoriale du Royaume. Il a souligné la nécessité de disposer de médias nationaux forts, capables de faire face à la propagande mensongère, à la diffamation et à la manipulation de l'opinion publique, dans un contexte de développement technologique accéléré et d'émergence de l'intelligence artificielle qui menacent les médias classiques. Lahcen Haddad, professeur à l'Université Mohammed V de Rabat, a estimé que les plateformes des réseaux sociaux, bien qu'ayant favorisé un espace de libertés très ouvert, ont également permis l'émergence d'un usage irresponsable portant atteinte aux droits acquis. Il a pointé du doigt l'une des raisons de la propagation des fake news, à savoir l'émergence des réseaux sociaux qui a consacré la culture de l'information «instantanée» et la floraison du discours populiste proposant des solutions faciles. Un arsenal juridique renforcé L'avocate Karima Salama, présidente du comité préparatoire de cet observatoire, a rappelé l'existence de dispositions juridiques dans le Code pénal marocain pour sanctionner les atteintes à la liberté individuelle. Elle a également insisté sur le rôle des médias et des partis politiques dans la sensibilisation et l'éducation des citoyens pour lutter contre la diffamation et l'extorsion. L'Observatoire marocain de lutte contre la diffamation et l'extorsion aura pour mission de traiter les questions liées à ces deux phénomènes à l'échelle nationale. Il devra également identifier les pratiques qui visent à porter atteinte aux causes nationales justes. Sa création est considérée comme un pas important dans la lutte contre la diffamation et l'extorsion au Maroc. Il est essentiel que cet organe dispose des ressources et du soutien nécessaires pour mener à bien sa mission et contribuer à la création d'un environnement médiatique plus sain et plus responsable. Les participants à cette rencontre ont insisté sur le fait que la lutte contre la diffamation et l'extorsion est un combat de longue haleine qui nécessite une collaboration étroite entre les différents acteurs de la société. Dans ce cadre, cette nouvelle instance dispose du potentiel nécessaire pour jouer un rôle crucial dans ce combat, et ce, en sensibilisant le public, en encourageant les bonnes pratiques et en contribuant à la mise en place d'un cadre juridique et institutionnel efficace. Mehdi Idrissi / Les Inspirations ECO