Enseignant-chercheur en sciences de gestion à l'ISC Paris Fès fera partie des villes hôtes de la Coupe du monde 2030. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, elle est élue quatrième meilleure destination culturelle mondiale en 2024, selon le site spécialisé du tourisme «tripadvisor». Pour l'amateur fervent du football et de la culture que je suis, se rendre à Fès est une idée qui doit se concrétiser ! Fès-Saïs : un aéroport sans navette ! Les portes de l'avion s'ouvrent, nous avons atterri à l'aéroport de Fès. Il faisait un ciel bleu magnifique. À première vue, l'infrastructure accueillant les passagers est bonne. Le contrôle des passeports était, certes, minutieux, mais sans impact sur la rapidité de la procédure. J'ai récupéré sans problème mes bagages, et que l'aventure commence ! D'après ce que j'ai compris, le taxi est le seul moyen de transport pour se rendre au centre-ville, pour un tarif avoisinant de près le prix du billet d'avion. Je ne les ai pas crus, mais l'impatience qui m'enveloppe pour commencer la visite, m'a convaincu de l'exactitude des renseignements communiqués. De l'aéroport au centre-ville : un passage obligé par une ville en manque d'attention Le taxi démarre, fait quelques centaines de mètres entre les champs de blé et les oliviers et arrive dans une petite ville nommée Ouled Tayeb. C'est une commune à caractère rural qui abrite environ 5.000 habitants. Derrière les vitres, quelques minutes étaient suffisantes pour confirmer que la ville manque d'une stratégie de développement, car les problèmes sont flagrants et nombreux : problème de propreté, infrastructures vieillissantes, routes périphériques en mauvais état, et l'autostop est la seule solution possible pour régler le manque de transport en commun... Le centre-ville de Fès : des travaux urgents à mener On arrive au terminus. Je vois devant moi une très belle gare ferroviaire qui combine des éléments de style à la fois contemporain et traditionnel. En revanche, à ma droite se trouve une station de bus et de taxis non asphaltée dans une situation lamentable. J'ai préféré marcher à pied pour me rendre à l'hôtel afin de me faire une idée sur le centre-ville. En effet, la situation n'est pas tragique mais un certain nombre de chantiers doivent être lancés, car l'entretien des trottoirs n'est pas à jour, les vendeurs ambulants et les cafés occupent les trottoirs, les places de stationnement sont rares, le peu de bus qui circulent sont dans un état déplorable (manque de clignotant, vitres cassées). J'avais une seule question qui me trottait dans la tête : le chauffeur de taxi m'a-t-il arnaqué en me déposant dans une ville périphérique à Fès ? Six ans avant le début de la compétition, le grand stade déjà en chantier Le stade est situé à huit km de la gare ferroviaire. La localisation de ces enceintess sportives est un sujet de préoccupation qui fait couler beaucoup d'encre et suscite des débats permanents entre urbanistes. Les nouveaux stades des champs (Delpirou et Rivière, 2016) sont certes plus modernes, confortables et sécurisés, mais les problèmes eux ne manquent pas : l'accès est totalement ou partiellement dépendant de l'automobile, les zones péri-urbaines manquent d'infrastructures les plus élémentaires. J'avais prévu d'assister à un match de l'équipe locale pour faire la découverte du stade, mais malheureusement, ma visite coïncide avec la trêve hivernale du championnat marocain et la coupe d'Afrique des nations organisée en Côte d'ivoire. Par ailleurs, le stade est mis en chantier pour répondre à toutes les normes requises pour accueillir les tournois sportifs internationaux. La médina : enfin une réponse ! Classée patrimoine mondial par l'UNESCO, la médina de Fès est la plus grande zone urbaine piétonne du monde, qui a conservé son authenticité et son cachet original depuis plus de 1.200 ans. Les portes monumentales, les ruelles escarpées et les remparts majestueux s'offrent toujours au regard des visiteurs contemplant la splendeur de ces monuments. Dans la médina, derrière le désordre apparent, se cache une organisation rigoureuse où chaque métier a son quartier, et chaque quartier son odeur. Suivant le labyrinthe des ruelles, le visiteur passe d'un monde à l'autre. Pendant la tournée, la visite de certains lieux s'impose : les médersas qui constituent un témoignage vivant du passé intellectuel et scientifique de la ville de Fès, les riads qui sont un témoignage vivant de son passé architectural et les foundouks qui représentent un témoignage vivant de son passé industriel. Beauté intérieure ou beauté extérieure : Fès pourra combiner les deux Fès est comme un fruit dont la peau souffre de manque d'attention, mais son intérieur est une expérience magique. Le classement de «tripadvisor» récompense le passé rayonnant de la ville. En revanche, le moment est venu pour ajouter des lignes de navettes reliant l'aéroport au centre-ville et un guichet unique des taxis pour améliorer l'organisation et éviter les arnaques tout en élaborant une stratégie de territoire, permettant de faire d'Ouled Tayeb, une porte d'entrée digne de l'histoire de la Cité spirituelle. Plusieurs choix peuvent être envisagés : une zone d'activités commerciales, des parcs d'attractions ou une zone verte aménagée. On pourrait également renforcer les infrastructures et les services publics (bus, gare routière…), réaménager les principaux axes et dynamiser les abords du grand stade de Fès.