Le groupe français a annoncé jeudi lancer une «mission d'évaluation» sur le volet foncier de ses projets pétroliers en Ouganda et Tanzanie, EACOP et Tilenga, qui sont vivement contestés par des associations environnementales et de défense des droits humains. TotalEnergies a confié sa «mission d'évaluation du programme d'acquisitions foncières mené en Ouganda et en Tanzanie dans le cadre des projets Tilenga et EACOP (East African Crude Oil Pipeline)» à Lionel Zinsou, «personnalité reconnue pour son expertise en matière de développement économique de l'Afrique», a indiqué le groupe français dans un communiqué. Lionel Zinzou, ancien Premier ministre de la République du Bénin en 2015-2016, a «déjà collaboré» avec TotalEnergies dans le passé «sur des questions de développement économique», via sa société de conseil dédiée au continent africain. Il devrait rendre son rapport «d'ici avril 2024», précise TotalEnergies. «Alors que le processus d'acquisition foncière touche aujourd'hui à sa fin, cette mission évaluera les procédures d'acquisitions foncières mises en œuvre, les conditions de consultation, d'indemnisation et de relocalisation des populations concernées, ainsi que le processus de traitement des griefs», précise l'entreprise. «Elle évaluera également les actions menées par TotalEnergies EP Uganda et la société EACOP pour contribuer à l'amélioration des conditions de vie des personnes concernées par ces acquisitions foncières et proposera, le cas échéant, des actions complémentaires à mettre en œuvre», a-t-elle ajouté. 10 MM$ d'investissements et une levée de boucliers Le lancement de cette mission d'évaluation est pour le géant pétrolier français un moyen de répondre aux critiques entourant le mégaprojet EACOP, qui a fait l'objet d'un accord d'investissement de dix milliards de dollars avec l'Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC. Le projet rencontre en effet l'opposition de militants et de groupes de défense de l'environnement, qui estiment qu'il menace le fragile écosystème de la région et les populations qui y vivent. Il comprend le forage de 419 puits (projet Tilenga) dans le parc naturel des Murchison Falls – remarquable réserve de biodiversité située dans l'ouest de l'Ouganda -, ainsi que la construction d'un oléoduc chauffé de 1.443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert à la côte tanzanienne sur l'océan Indien. Début juillet, Human Rights Watch avait demandé son arrêt, estimant dans un rapport qu'il avait déjà «dévasté les moyens de subsistance de milliers de personnes». En septembre, quatre associations de défense de l'environnement en Ouganda, à savoir Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total, ont déposé plainte en France pour «climaticide» contre le groupe et son projet. Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ECO