Les «junior doctors», médecins au statut proche de celui des internes en France, ont démarré mercredi matin en Angleterre leur mouvement de grève de six jours, une longueur inédite pour le système de santé public britannique déjà à bout de souffle. Ce mois de janvier pourrait être «l'un des pires débuts d'année» que le NHS, le système de santé public britannique, a connu, a averti un responsable du NHS, Stephen Powis, qui a appelé les malades à ne pas renoncer aux soins pour autant. Après trois jours de grève avant Noël et de nombreux autres débrayages ces derniers mois, les jeunes médecins, qui réclament des augmentations de salaire, durcissent leur mobilisation après les fêtes de fin d'année, faute d'accord trouvé avec le gouvernement face à la crise provoquée par l'inflation. La quasi-totalité des soins de routine perturbés pendant une semaine Le mouvement des «junior doctors», qui sont près de 70.000 en Angleterre, a débuté mercredi matin et prendra fin le mardi suivant. Cette nouvelle grève intervient alors que le NHS connaît une hémorragie de médecins et peine à résorber les gigantesques listes d'attente pour les patients. Il a été marqué ces derniers mois par une série de grèves historiques de diverses catégories de son personnel, dont pour la première fois les infirmières. Le NHS s'est inquiété des conséquences de ce mouvement en pleine période hivernale, expliquant que la «quasi-totalité des soins de routine seront perturbés» avec une priorité donnée aux soins d'urgence. «Cette action aura non seulement un impact énorme sur les soins planifiés, mais elle s'ajoute à une série de pressions saisonnières telles que la covid, la grippe et les absences du personnel pour cause de maladie, qui affectent la manière dont les patients sont pris en charge dans les hôpitaux», a déploré Stephen Powis, directeur médical de NHS England dans un communiqué. Revendications salariales Un «junior doctor» gagne environ 32.000 livres sterling (37.000 euros) lors de sa première année d'exercice, relève le gouvernement. Selon le syndicat BMA (British Medical association), qui compte dans ses rangs 46.000 jeunes médecins, leurs salaires ont baissé de près d'un quart depuis 2008 en prenant en compte l'inflation. Le gouvernement a négocié pendant cinq semaines à l'automne pour tenter de débloquer la situation avant la période tendue de l'hiver. Il leur a proposé une hausse de salaire de 3% début décembre, en plus de celle de 8,8% en moyenne déjà accordée cet été. Mais pour le syndicat BMA, «le gouvernement ne s'est pas montré capable de présenter une offre crédible sur les salaires», avec une proposition qui n'enrayerait pas selon lui la baisse de pouvoir d'achat. «Nous avons passé la période des fêtes à espérer recevoir l'offre finale que la ministre de la Santé nous avait promise l'année dernière. Malheureusement, cela n'a pas eu lieu», ont regretté mercredi les représentants du comité des jeunes médecins du syndicat BMA, Robert Laurenson et Vivek Trivedi. «Nous sommes prêts à avoir de nouvelles discussions, mais la première chose à faire est de mettre fin à cette grève», a déclaré mardi un porte-parole de Downing Street, soulignant que 88.000 rendez-vous médicaux ont été annulés lors des trois journées de grève en décembre. À cette période, le Premier ministre britannique Rishi Sunak avait qualifié de «très décevante» la poursuite du mouvement, accusant ces médecins d'allonger encore les listes d'attente pour les patients. Une catégorie de médecins expérimentés, les «consultants», a obtenu récemment une augmentation allant de 6% à 19,6%, sur laquelle les membres du syndicat BMA doivent encore voter. Le Royaume-Uni a connu de très nombreuses grèves depuis la mi-2022 en raison de la crise du pouvoir d'achat. Longtemps bloquée au-dessus de 10%, l'inflation a récemment marqué le pas et s'est établie à 3,9% sur un an en novembre. Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ECO