Les travaux de la 3e Conférence internationale sur l'eau et le climat (CIEC3) se sont clôturés, vendredi dernier à Fès, avec la «Déclaration de Fès» qui en présente les résultats et les recommandations. Elle constitue un engagement commun, à assumer par la communauté internationale lors de la COP 28 à Dubai, et du Forum mondial de l'eau en Indonésie, en 2024. La 3e Conférence internationale sur l'eau et le climat (CIEC3) s'est clôturée, vendredi dernier à Fès, sous la présidence conjointe du ministre de l'Equipement et de l'eau, Nizar Baraka, et du président du Conseil mondial de l'eau (CME), Loïc Fauchon. Y ont également participé plusieurs ministres, ambassadeurs et représentants de délégations étrangères. La séance de clôture a été l'occasion de souligner que les défis engendrés par les changements climatiques sont multiples, ce qui nécessite une adaptation particulière pour y faire face. Or, l'atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) est un levier particulièrement important de cette adaptation. Ces défis globaux sont grandissants et s'intensifient en raison d'autres facteurs tels que la croissance démographique ou le développement de l'urbanisation et des modes de consommation et de production, souvent non durables. Cela provoque des pressions sur les secteurs énergétique et agricole, tout en se répercutant sur la gestion des ressources en eau au niveau des bassins des rivières, des lacs et des aquifères, créant des tensions entre les usages. Un engagement commun pour la COP 28 Selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement, basé sur les données recueillies auprès de 172 Etats membres des Nations Unies, le degré de mise en œuvre de la Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) ne dépasse pas 54% en 2023. Pour faire face à cette situation, les participants à la CIEC3 se sont engagés, à travers la «Déclaration de Fès», à renforcer la mise en place de la GIRE au niveau des bassins comme outil d'adaptation au changement climatique en vue de l'atteinte des Objectifs de développement durable. Cette déclaration, résultant des travaux et des recommandations de la conférence, constitue un engagement commun à relever par la communauté internationale lors de la COP 28 à Dubai, en novembre 2023, et du Forum mondial de l'eau en Indonésie, en mai 2024. La déclaration de Fès a appelé, entre autres, à renforcer le partage des bonnes pratiques dans la gestion intégrée des ressources en eau, particulièrement au niveau des bassins et des territoires, à promouvoir et inclure l'innovation et les nouvelles technologies en faveur d'une meilleure connaissance et usage des ressources en eau et également pour une meilleure maitrise des coûts de mobilisation de l'eau. L'objectif est également d'accélérer les progrès pour la réalisation des Objectifs de développement durable, en vue d'assurer la sécurité hydrique, de renforcer la communication et la sensibilisation autour de la problématique de l'eau et d'améliorer sa gestion afin de mettre en place une vraie cohérence des politiques sectorielles. La déclaration de Fès a réaffirmé l'attachement au plan d'action de Dakar pour les bassins des rivières, des lacs et des aquifères, l'engagement dans la coalition pour la Coopération transfrontalière sur l'eau et la volonté de préparer activement le segment des bassins du processus politique du prochain Forum mondial de l'eau. Renforcement de la coopération bilatérale En marge de cette conférence, le ministre de l'Equipement et de l'eau, Nizar Baraka, a tenu de nombreuses rencontres bilatérales avec divers ministres et chefs de délégation afin de renforcer la coopération dans le domaine de l'eau et de partager l'expérience marocaine, largement reconnue comme un modèle à l'échelle régionale, continentale et arabe. Il a appelé à renforcer la diplomatie de l'eau avec les pays participants à ce congrès. Plusieurs rencontres ont été organisées en vue de la mise en place de mémorandums d'entente dans le cadre d'accords de coopération avec des pays tels que le Malawi, le Liban, la République centrafricaine et d'autres pays participants. Sans oublier le renforcement de la coopération existante avec des pays tels que le Niger ou le Sénégal, dans ce domaine. Le ministre a également ouvert la voie à des collaborations avec l'Indonésie et le Laos, démontrant ainsi que le Maroc, en plus de ses relations historiques, s'ouvre davantage à de nouvelles nations. Nizar Baraka Ministre de l'Equipement et de l'eau «Cette conférence nous a rassurés sur le fait que nos méthodologies sont en faveur de l'approche bassin en tant qu'espace géographique d'application de la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE). L'une des priorités qui ont été soulignées largement, et qui constitue l'épine dorsale du développement durable pour les générations actuelles et futures, concerne l'interdépendance du triptyque eau, alimentation et énergie renouvelable, en tenant compte des changements climatiques.» Loïc Fauchon président du Conseil mondial de l'eau (CME) «Cessons de rechercher des boucs émissaires, chaque fois que l'eau vient à manquer. Il nous faut consommer moins et mieux. D'abord, en utilisant au mieux les technologies digitales et le progrès numérique en général, pour traquer les fuites, prévoir les «divagations» du climat et tout ce qui touche à la gestion de l'eau. Ensuite, en modifiant notre rapport quotidien à l'eau, en assumant cette sobriété, dont chacun aujourd'hui retrouve le sens. Porter un peu plus attention aux divers usages, pour faire des économies qui souvent nous étaient restées étrangères.» Issakha Diop Ministre chargé de la Prévention et de la gestion des inondations du Sénégal «En Afrique, l'eau souterraine constitue souvent la principale (plus de 95% des ressources en eau douce), et parfois la seule source d'eau potable pour 75% de la population. Le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie et la Guinée-Bissau ont compris cet enjeu transfrontalier de développement régional et ont pris la décision de joindre la gouvernance des eaux superficielles à celle des eaux souterraines à travers une ''Déclaration ministérielle commune'' sur le Bassin sénégalo-mauritanien, qui couvre les quatre Etats. Avec une superficie de 350.000 kilomètres carrés, le bassin aquifère sénégalo-mauritanien (BASM) est utilisé par environ 80% de leur population.» Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO