Désirant étendre sa toile en Afrique, la plateforme Disney+ a sorti mercredi «Kizazi Moto : Génération Feu», une série de courts-métrages animés de science-fiction confiée à de jeunes créateurs du continent, épaulés par le coréalisateur de «Spider-Man : New Generation». À quoi ressemblera l'Afrique du futur ? Qu'ils y voient des esprits, des troupeaux de bétail cyborg ou des pieuvres radioactives, quatorze réalisateurs du Zimbabwe, d'Ouganda, d'Afrique du Sud, du Nigéria, du Kenya et d'Egypte ont répondu à cette question dans dix épisodes d'une dizaines de minutes mélangeant 2D et 3D et indépendants les uns des autres. «Kizazi Moto» – titre tiré de l'expression swahili «Kizazi cha moto» signifiant «génération de feu» – témoigne de l'intérêt de la firme aux grandes oreilles pour l'Afrique. Elle prévoit ainsi de diffuser diffuser prochainement une autre série animée de science-fiction se déroulant dans une version future de Lagos, au Nigéria, créée en collaboration avec la société panafricaine de divertissement Kugali. L'afrofuturisme à l'honneur Pour «Kizazi Moto», les artistes sollicités ont puisé dans leur histoire et les cultures diverses du continent, mêlant mythes, extraterrestres, dieux, monstres et technologies futuristes, tout en abordant plus ou moins frontalement le changement climatique, la colonisation ou encore les dérives des réseaux sociaux. Dans «Mukudzei », par exemple, un influenceur est projeté dans une réalité parallèle où le Zimbabwe n'a pas été colonisé, tandis que «Surf Sangoma», situé en 2050, suit des surfeurs en quête de sensations fortes dans la ville sud-africaine de Durban, où la montée des eaux a entraîné l'interdiction des activités en mer. Coproduite par le studio sud-africain Triggerfish et Peter Ramsey, coréalisateur du film oscarisé «Spider-Man : New Generation», la série creuse ainsi le sillon de l'afrofuturisme, dont le potentiel a été démontré par le succès mondial de la superproduction américaine de Marvel, «Black Panther». Un vent de fraîcheur «C'est quelque chose que l'on a encore jamais vraiment vu», car la série s'appuie sur des «créateurs individuels aux histoires personnelles et expériences authentiques», déclare Orion Ross, le vice-président de la branche animation de Disney pour la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique). Tous «étaient vraiment enthousiastes à l'idée d'avoir l'opportunité d'exprimer quelque chose au monde entier à travers Disney+ (qui compte près de 160 millions d'abonnés, NDLR), d'une manière qui leur avait été jusqu'alors inaccessible», a insisté Peter Ramsey. Selon lui, des studios américains sont déjà intéressés par le travail de ces réalisateurs. Et, si le succès est au rendez-vous pour «Kizaki Moto», il aimerait qu'une autre série soit lancée «avec des histoires de dix autres pays pour donner leur chance à plus de créateurs». Faisant un parallèle entre cette production de Disney et son «Spider-Man», Peter Ramsey souligne que ce dernier a permis de renouveler les blockbusters américains d'animation en «montrant qu'ils pouvaient avoir des styles plus divers, avant-gardistes et expérimentaux». «Ce que nous avons essayé de faire avec Spider-Man : New Generation, c'était de reproduire des choses déjà testées dans les courts-métrages», à l'instar de ce que proposent les créateurs de «Kizazi Moto», a-t-il ajouté. Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ECO