Seule l'interaction des marchés financiers avec l'amélioration de la liquidité, lors des prochaines semaines, pourrait permettre d'éviter le spectre d'un effet domino de la chute de quatre banques. L'intervention coordonnée, depuis cette fin de semaine, des principales banques centrales sera-t-elle de nature à rétablir la confiance dans le secteur bancaire ? Seule l'interaction des marchés financiers avec cette amélioration de la liquidité, lors des prochaines semaines, pourrait permettre d'éviter le spectre d'un effet domino de la chute de quatre banques sur l'économie mondiale et de dépasser cette période de turbulence qui n'est pas sans rappeler la crise financière de 2008. Pour rappel, la faillite similaire de quatre établissements bancaires américains et anglais de taille moyenne avait provoqué la crise de 2008, il y a plus de 15 ans. Dans ce sens, le même scénario s'est répété en l'espace de quelques jours où quatre banques, américaines et suisses, ont dû être secourues en urgence par leurs banques centrales. Trois d'entre elles sont des établissements de petite taille, situés aux Etats-Unis (Silicon Valley Bank, Signature bank et la First republic bank) alors que la quatrième est le Crédit Suisse. Pour rétablir la confiance, les banques centrales de plusieurs pays ont décidé, dimanche dernier, de déployer un dispositif facilitant l'accès des banques centrales étrangères au dollar en réactivant l'accord «swap». Ce faisant, les banques centrales nationales pourront recevoir des dollars de la Fed (la banque centrale américaine) en échange d'un montant équivalent en euros. Apaiser les tensions sur les marchés Aujourd'hui, le but est d'apaiser les tensions sur les marchés de financement internationaux à travers l'activation des accords d'échange de liquidités entre les banques centrales. Cette action préventive, basée sur les lignes de «swaps bilatérales» entre banques centrales a largement été utilisée lors de la crise financière de 2008. Lors de la panique survenue au lendemain de la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008, les marchés de financement se sont asséchés en raison d'une aversion extrême au risque. La BCE et la Réserve fédérale (Fed) ont alors mis en place un dispositif d'échange de devises permettant aux banques centrales dans la zone euro de fournir des dollars aux banques de la région. En mars 2020, avec l'avènement de la crise sanitaire, la Réserve fédérale, la BCE, avec la Banque du Japon et celle d'Angleterre, ont annoncé une action coordonnée pour faciliter l'accès à des dollars. Pour le moment, plusieurs observateurs affirment qu'il n'y a pas encore de risque en zone euro. Sur ce dernier point, la Banque centrale européenne – avec le Mécanisme européen de résolution bancaire (SRB) et l'Autorité bancaire européenne (EBA), avaient souligné que le système bancaire de la zone euro demeure «résilient» grâce à une assise financière solide. Treize jours de tourmente bancaire Avec le spectre de la crise financière de 2008 en arrière-plan, un vent de panique a soufflé sur les marchés financiers depuis le 8 mars, lorsque la maison mère de Silvergate bank, acteur majeur des cryptomonnaies, annonce sa fermeture en lien avec de récentes turbulences du secteur, en particulier l'implosion de la plateforme d'échanges FTX. Cette banque locale californienne a commencé à courtiser, dès 2013, des clients dans le secteur des cryptomonnaies, alors que d'autres établissements financiers se méfiaient d'un domaine réputé pour ses fraudes. Le même soir, une autre banque californienne, nettement plus importante, Silicon valley bank (SVB), spécialisée dans le secteur des startups technologiques, évoque des retraits inattendus. Au passage, les autorités américaines révèlent que Signature bank, 21e banque du pays, spécialisée dans les cryptomonnaies, a été fermée d'office. Après l'ouverture des bourses européennes, lundi 13 mars, responsables politiques et régulateurs multiplient les propos rassurants, suite à la faillite des trois banques américaines. Les valeurs bancaires plongent, tout particulièrement Credit Suisse, maillon faible, sous le coup d'une vaste restructuration et de récents scandales à répétition ainsi que la banque régionale californienne, First Republic, 14e institution financière du pays, en recul à plus de 65% à l'ouverture de Wall Street. Le refus de la Banque nationale saoudienne, principal actionnaire de Credit Suisse, de venir à la rescousse, a accentué la situation boursière sur les titres bancaires européens avant que UBS, la plus grande banque suisse, poussée par les autorités, n'accepte, dimanche 19 mars, d'acheter sa rivale Credit Suisse pour 3,02 milliards d'euros, payables en actions, donnant naissance à un nouveau géant bancaire. Par ailleurs, malgré le discours rassurant, les investisseurs ne se montraient que très partiellement rassurés en début de semaine. Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ECO