Certes la saison précédente fut une exception avec la réduction de la culture de la pastèque dans certaines régions, faute de ressources hydriques, mais les professionnels s'attendent, cette année, à une bonne campagne. Suite à un épisode de sécheresse très rude que le Maroc a connu, le gouvernement avait pris la décision de suspendre la culture de la pastèque, laquelle reste énergivore en eau dans les régions qui souffrent de stress hydrique. Il s'agit, notamment, de la région de Zagora. Mais en dépit de ces contraintes, la production de pastèque pour cette saison s'annonce prometteuse. Une première récolte dès mi-avril Un constat avancé par les professionnels du secteur qui estiment que la récolte dépasserait celle de l'année dernière. Et ce sont les conditions climatiques favorables qui ont permis à la plante d'évoluer sous de bonnes conditions. «Pour l'heure, les choses avancent bon train. Jusque-là, la saison de la pastèque n'est pas impactée. Certes, une vague de froid a sévi, mais actuellement les températures sont adéquates, ce qui a contribué à améliorer le taux hygrométrique. Ces conditions augurent d'une belle campagne. La première récolte est d'ores et déjà attendue pour la mi-avril», se réjouit Ahmed Bouljid, copropriétaire de l'entreprise de conditionnement Lexus. En effet, cette première récolte émane de la région de Souss-Massa, connu pour sa production précoce. Dès lors, les exportations de la pastèque vers l'Europe reprendront de plus belle. Selon le professionnel, la région d'Agadir accapare entre 20 et 30% de la production nationale, soit près de 70 tonnes par hectare. La prochaine récolte est attendue dans la région d'Al Haouz vers le mois de mai. Celle de Larache est prévue pour le mois de juillet. Toutefois, concernant la région de Zagora, dont la production s'élevait entre 25 et 30 tonnes par hectare, les producteurs de pastèque de la région ont transféré leurs activités dans la région de Souss-Massa, notamment autour de Taroudant, et de Larache, à en croire les professionnels. Certains se sont même orientés vers d'autres destinations hors du Maroc. Il s'agit de la Mauritanie et du Sénégal. Selon Bouljid, la production en Mauritanie est estimée à 20 tonnes par hectare. De plus, la qualité de la pastèque marocaine demeure nettement meilleure. D'ailleurs, toujours en termes de qualité, les bonnes conditions climatiques se répercuteront positivement sur le goût. Dans un autre registre, les producteurs marocains en Mauritanie sont assujettis à des conditions. Ahmed Bouljid nous a informés que désormais ces producteurs sont contraints de créer une société en Mauritanie. Une caution est également exigée pour l'export. Pour étayer ces informations, nous avons tenté de contacter la Fédération de l'interprofession des fruits et légumes (FIFEL), sans réponse. Du côté de Lexus, la station de conditionnement s'attend à mettre sur le marché un volume de 3.000 tonnes de pastèques destinés au marché européen. Il est de 1.000 tonnes de melons jaunes et de cantaloups brodés et lisses. Pour le dirigeant, le marché marocain s'est fortement développé ces dernières années durant lesquels il a pu gagner en maturité et expertise. «De par mon expérience dans le secteur, sur le plan agricole, le Maroc a considérablement évolué aussi bien sur le volet technique, sur la traçabilité que la certification. Il est de taille à concurrencer les plus grands producteurs au monde, à savoir l'Italie, la Turquie et la Grèce», soulève-t-il. À noter que le dernier rapport, datant de 2021, sur la production mondiale de ce fruit, préparé par Hortoinfo, qui se base sur les statistiques de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Maroc se place à la cinquième position avec 4,29 kg/m2. Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO