Othmane Naciri, Réalisateur de «Sin Palabras» Les Echos : Aujourd'hui vous en êtes à votre 3e film. Parlez-nous de votre évolution... Othmane Naciri : Sans la moindre hésitation, je peux vous dire que j'ai énormément appris, que ce soit sur le plan de l'écriture, de la direction d'acteur, du montage ou de la mise en scène, mes trois courts métrages étaient des occasions inouïes d'apprentissage. J'ai beaucoup voyagé, j'ai rencontré des gens, vu de films, aiguisé mon sens critique, tiré des leçons de mes bonnes et moins bonnes expériences. Et l'apprentissage continue, encore et toujours. Entre «Sin Palabras» et «37 km Celsius», vous avez pris moins de temps qu'entre ce dernier et «Message reçu». Comment expliquez-vous ces intervalles ? Pendant les années qui ont séparé mon premier court métrage de mon second, j'ai développé des expériences intéressantes dans d'autres domaines de l'audiovisuel, notamment dans le documentaire, la télévision et la production. Tout ça pour faire ensuite le choix définitif de revenir vers le cinéma de fiction. Un commentaire par rapport à la présélection de «Sin Palabras» pour la compétition de la 11e édition du Festival National du Film de Tanger ? Ça fait énormément plaisir de voir son film en compétition pour le prix du festival National du Film, et je remercie le CCM pour la confiance qu'il a accordé au film et j'espère que le film fera bonne impression auprès du jury et du public marocain. La thématique de l'immigration clandestine a été largement traitée sur écran. Qu'avez-vous apporté de nouveau ? J'ai voulu apporter une touche d'humanisme à cette cause, certes rabâchée, mais à mon sens rarement appréhendée d'un point de vue humaniste ou poétique. C'est un nouveau regard attendri certes, mais surtout empathique que je porte sur cette question tellement sensible. Vous avez participé à l'écriture et à la réalisation de films en France et au Maroc. Que pouvez-vous nous en dire ? C'était des expériences très enrichissantes, dans la mesure où, sur sept ans, j'ai pu établir un parallèle très intéressant sur les méthodes de travail respectives dans les deux pays. Que ce soit en France ou au Maroc, il y a beaucoup à apprendre des créateurs des deux côtés. Passionné de photographie, vous avez à votre actif deux expositions. À quel point la photo vous a-t-elle marqué ? La passion de l'image a développé chez moi un sens aigu de l'esthétique, de la symétrie et de l'harmonie, qui s'avère très utile à toutes les étapes de fabrication d'un film. En fin de compte, les deux disciplines se rejoignent pour sublimer la réalité, la vie en général, à travers le regard sensible de l'artiste. Après trois courts métrages, devrons-nous nous attendre à un long métrage, cette fois ? Oui, mais je ne peux rien en dire pour l'instant. Ce qui est sûr, c'est que j'y parlerai des folies, des grandeurs et autres décadences d'un monde si proche de nous, mais encore si méconnu !!! L'idée d'un long métrage est de l'ordre du jour, c'est juste question de temps.