Les Marocains sont-ils heureux au travail ? La seconde enquête sur le «bonheur au travail», qui vient d'être publiée par le cabinet Rekrute, a tranché avec une réponse négative qui concerne la très grande majorité des actifs, soit 88%. Certes, les femmes sont moins concernées, mais leur taux de 77% demeure aussi très élevé. Pour rendre tout ce monde heureux au travail, l'enquête révèle qu'il leur faut soit un salaire plus élevé, un poste plus intéressant ou un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les détails. Dans sa seconde enquête sur «le bonheur au travail», le cabinet Rekrute confirme que l'écrasante majorité des actifs marocains, précisément 82% d'entre eux, ne sont pas du tout heureux au travail. Par genre, cet indicateur est beaucoup plus inquiétant chez les hommes que chez les femmes. En effet, celui-ci monte à 88% chez les premiers. Autrement dit, seuls 12% des Marocains qui travaillent sont heureux dans l'exercice de leurs fonctions. 33% des femmes heureuses au travail Alors que chez les femmes, ce ratio se situe à 33%, c'est-à dire que les femmes heureuses au travail sont pratiquement trois fois plus nombreuses que leurs «collègues» hommes. Par rapport au plaisir, l'enquête montre que 44% des actifs éprouvent quand même quotidiennement ce sentiment en allant au travail. Dès lors, ces derniers se sentent totalement impliqués et exécutent leurs tâches professionnelles au quotidien avec «plaisir». À l'opposé, 56% des actifs n'éprouvent pas de plaisir à se rendre tous les jours au «boulot». Du coup, ils ne se sentent pas impliqués dans leur quotidien professionnel. C'est simple, 29% d'entre eux vont au travail malgré eux, tandis que 27% le font sans se poser de questions. Un turn over qui touche 86% des salariés C'est sans doute ce qui explique le très important turn over dans le paysage de l'emploi. En effet, l'enquête de Rekrute.com révèle, sur ce plan, que seuls 14% des salariés marocains ont été stables dans leurs emplois depuis qu'ils exercent une activité professionnelle. 75% des salariés ayant moins de 1 an d'expérience ont changé d'emploi au moins 1 fois ; et 25% ayant entre 1 et 3 ans d'expérience en ont changé au moins deux 2 fois. Cela montre que les actifs marocains préfèrent multiplier les expériences au détriment de l'évolution à long terme et la sécurité de l'emploi. Leur objectif étant d'aller le plus souvent à la quête du «bonheur au travail». C'est du moins ce qu'avance le cabinet de recrutement qui a mené l'enquête pour expliquer cette forte «volatilité» au niveau de l'emploi. Trois facteurs pour faire le bonheur du salarié Au juste, qu'est-ce qu'il faut à ces «insatisfaits» pour trouver le bonheur au travail ? Selon l'enquête, trois facteurs-clés poussent le salarié marocain à changer de travail. Par ordre d'importance, il s'agit en premier lieu d'un salaire plus élevé et de meilleurs avantages sociaux dans leur nouvel emploi. 31% des sondés ont coché ces deux critères. Ensuite, un poste plus intéressant impliquant de meilleures perspectives d'évolution a été coché par 24% des sondés. Enfin, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée est recherché par 16% des salariés qui ont participé à l'enquête. En plus de ces facteurs, d'autres sont également avancés, notamment un poste qui permet plus d'apprentissage, une entreprise plus prestigieuse, une marque employeur plus connue ou encore une meilleure flexibilité en termes de lieu et de temps de travail. Maintenant, que doit faire l'entreprise pour apporter du bonheur à ses collaborateurs ? L'adéquation culturelle, un ingrédient très utile Selon l'enquête, l'adéquation culturelle, qui se traduit par la fidélité, est un ingrédient très utile pour le bonheur au travail. Au total, 2 salariés sur 5 ne sont pas en harmonie avec la culture de leur entreprise. Il est aussi constaté que le gap entre les valeurs des salariés et la culture de l'entreprise se creuse avec l'expérience. Seuls 15% des débutants disent être en désharmonie avec la culture d'entreprise de leurs employeurs, alors que 51% des plus de 20 ans ne se considèrent pas en harmonie avec celle de leur entreprise actuelle. Ainsi, avec le temps et l'expérience, la personnalité se forge, les valeurs se constituent et il devient plus difficile de répondre aux attentes des actifs en termes de culture. Ceci étant, 41% des salariés sont flexibles et prêts à rester à leur poste à condition que leurs entreprises répondent mieux à leurs attentes, surtout en termes de valeurs. Pour augmenter ce taux, Alexandra Montant, DGA de Rekrute suggère que les entreprises se focalisent davantage sur ce critère lors du recrutement. Selon elle, «le recrutement est comme le mariage, pour qu'il tienne sur la durée, il faut que les valeurs soient communes. La rétention des talents ne peut être concrétisée qu'en s'appuyant sur des outils prédictifs qui mesurent l'adéquation entre la culture de l'entreprise et les valeurs du candidat». Poursuivant son propos, elle a ensuite ajouté que «veiller sur le bonheur au travail en s'appuyant sur l'adéquation culturelle donne de la visibilité sur la culture d'entreprise aux candidats avant même de les recruter». D'ailleurs, de plus en plus d'entre eux se renseignent sur les entreprises lors de leur recherche d'emploi. Ainsi, 96 % des répondants jugent qu'avoir des informations sur la culture d'entreprise de leur futur emploi est utile. Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO