Le chantier Renault-Tanger prend peu à peu forme. Après le lancement des travaux de l'usine Renault en novembre dernier, le voile se lève sur les premiers équipementiers du constructeur, au fur et à mesure de la signature des bons de commande. Deux dossiers sont d'ores et déjà confirmés et, selon la direction commerciale de la Tanger Free Zone, «20 autres dossiers d'investissement en rapport avec le secteur automobile sont à l'étude. Les décisions devraient être prises au cours du premier trimestre 2010». Deux sociétés ont déjà annoncé leur décision de s'installer à la Tanger Automotive City de Melloussa. Il s'agit, en premier, de Snop, filiale du groupe français FSD, par ailleurs fleuron de la sous-traitance automobile. Spécialisée dans le découpage et l'emboutissage de pièces métalliques, elle fabriquera sur place ce que l'on appelle dans le jargon automobile les caisses en blanc, c'est-à-dire la structure métallique de la voiture. En dehors de ce segment, l'entreprise produira également les pièces d'organes mécaniques, ainsi que les pièces des sièges et de sécurité passive. Pour les besoins de son implantation, la filiale de FSD a acquis un terrain de 5 hectares. L'investissement représente une enveloppe de 30 millions d'euros avec, à la clé, la création de 230 emplois dès le début de 2011. Selon des sources régionales, Snop devrait profiter de son contrat avec Renault pour fournir également certains de ses clients européens à partir du Maroc. Cet investissement à Tanger est, signalons-le, le premier de la société en dehors de l'Europe. Sur 21 sites de production, Snop en possède 20 en Europe - dont 14 en France et 3 en Tchéquie- et un en Chine. Connue des initiés, l'annonce de son arrivée a été relativement bien accueillie dans les milieux industriels de la région, après la vague des sociétés de câblage qui se sont installées au cours de ces 10 dernières années. Les professionnels évoquent un apport sensible, que ce soit au niveau de la valeur ajoutée qu'à celui de la qualité. Toyota, premier actionnaire de Denso Le second équipementier, en l'occurrence le nippon Denso, présent dans 32 pays, figure, quant à lui, parmi les fournisseurs de référence de Toyota dans le monde. Un constat guère étonnant, quand on sait que la firme automobile japonaise y détient 25% du capital. Ayant misé près de 12 millions d'euros pour l'acquisition d'un terrain industriel de 2,5 hectares, l'installation finale devrait créer 95 emplois. Toutefois, il faut savoir que ce spécialiste dans les unités de climatisation pour les véhicules et les bougies d'allumage ne fera valoir, dans un premier temps, que le volet climatisation dans son implantation tangéroise. Et pour cause. C'est pour ce marché qu'elle a été retenue par Renault. En effet, à l'instar de Snop, Denso compte profiter de sa future plateforme tangéroise pour pourvoir aux commandes de certains de ses clients européens. Une implantation qui est la première dans le genre hors de la zone Amérique du Nord-Europe-Asie. Les voisins s'y mettent aussi Le projet Renault –Tanger ferait-il effet d'émulation? Le voisin algérien a, récemment, entamé des négociations avec Renault sur un projet d'usine qui porterait sur le montage de 50.000 véhicules par an des versions Logan (Dacia), Sandero et Symbol. Le gouvernement était déjà en contact depuis trois ans avec plusieurs sociétés étrangères d'envergure. Cependant, grâce à sa forte présence sur le marché algérien, Renault pourrait être le candidat idéal pour la mise en place d'une entreprise publique de l'industrie automobile, particulièrement le montage de véhicules. La finalité de la transaction est de baisser la facture d'importation des véhicules, évaluée à 3,5 milliards de dollars en 2008. Le démarrage de la chaîne de cette usine est prévu pour 2011. Les tractations sur le projet interviennent après que les critiques aient fusé sur Renault, pour avoir installé son usine Dacia au Maroc. Si le projet se concrétise, il se fera à travers un partenariat avec la Société nationale des véhicules industriels (SNVI). La société qui sera créée ad hoc sera détenue à 51% par SNVI et 49% par Renault. Celui-ci est rodé aux partenariats, notamment avec Nissan ou Dacia. Renault a également vendu 45.800 véhicules en Algérie, contre près de 43.000 en 2008. Une performance en grande partie due au succès de la Logan et de la Symbol. Partant, à fin septembre, Renault Algérie détenait une part de marché de 23,7%. Les perspectives du projet de montage automobile escomptent un taux d'intégration de 15% de composants automobiles fabriqués en Algérie, qui devraient atteindre près de 40% en 5 ans. L'existence de sous-traitants, au nombre de 200, au même titre que l'industrie des hydrocarbures et pétrochimique, ainsi que l'existence d'industries de sidérurgie, du verre et du plastique, considérés comme les matières premières essentielles, constituent des atouts forts en faveur de la concrétisation du projet.