Les participants à une rencontre-débat sur les réformes nécessaires à la protection de la liberté de la presse, organisée vendredi à Rabat par le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), ont appelé à la suppression des peines privatives de liberté. Selon le bâtonnier Abderrahmane Benamrou, les amendements introduits au Code de la presse depuis 1958 constituaient une régression, notamment ceux de 1971, 1973 et 2002. Pour l'avocat spécialiste des questions de la presse, « la loi n'est pas appliquée par le pouvoir exécutif. Elle est souvent transgressée, notamment lorsqu'il y a fermeture des locaux de journaux, comme dans les cas de l'affaire Akhbar Al Yaoum et Al Michaâl». Pour Me Benamrou, seule une décision de justice est habilitée à fermer un journal. De son côté, le juriste Ali Karimi propose de dissocier le référentiel juridique des délits de presse du code pénal, « qui renferme des sanctions contre les journalistes » et d'élaborer « un nouveau code relatif à l'édition et à la publication ». Ce code doit contenir des lois portant sur l'édition et la publication, l'exercice du journalisme professionnel et une loi relative au Conseil supérieur de la communication, affirme Karimi. Le flou terminologique persiste Pour sa part, le vice-président du SNPM, Abdallah Bakkali, a mis l'accent sur l'élargissement du champ d'application du nouveau code à la presse régionale et électronique. Bakkali a rappelé aussi les revendications du SNPM qui concernent la suppression des peines d'emprisonnement et des articles n'ayant aucune relation avec les affaires de l'édition et de la presse, le rejet des jugements interdisant l'exercice de la profession et la suppression ou la définition claire des expressions imprécises, comme l'intégrité ou la sacralité. Selon le président du SNPM, Younès Moujahid, le syndicat a proposé un débat national sur la presse pour sortir d'une crise entre l'Etat et la profession, qui ne date pas d'aujourd'hui : « Nous avons constaté après des réunions avec les représentations professionnelles, les groupes parlementaires et le gouvernement, qu'il y a une volonté d'aller de l'avant ». Pour lui, ce débat concerne désormais deux niveaux : la réforme du code de la presse et une autorégulation de la profession, motivée par la multiplication des dérapages.