Les disparités du genre sont encore persistantes au niveau du tissu économique national. Pourtant plusieurs actions sont mises en place pour y remédier. L'objectif étant d'intégrer la Femme encore plus dans l'activité économique, voire mieux lui permettre d'accéder à des postes de responsabilité. La participation économique des femmes demeure un défi important pour l'égalité genre. Il est certain que notre pays a parcouru du chemin dans ce sens, que ce soit dans le cadre public ou encore privé. Les stratégies d'entreprises marocaines intègrent de plus en plus cette approche, eu égard à diverses avancées légales et réglementaires. Afin de définir l'étendue de la présence des femmes dans le tissu économique marocain, l'Observatoire Marocain de la TPME (OMTPME) publie, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ses premiers indicateurs sur les femmes entrepreneuses et dirigeantes d'entreprises au Maroc. Une approche innovante L'étude proposée par l'Observatoire est innovante dans le sens où elle s'appuie sur le recensement de la quasi-exhaustivité des entreprises formelles au Maroc. Alors que l'ensemble des études réalisées sur le sujet se basent sur des échantillons, cette production de l'Observatoire est réalisée sur une base de données exhaustive, ce qui en fait une première au Maroc. La base de données utilisée regroupe 567.041 entreprises personnes morales et personnes physiques actives, en plus de 49.160 auto-entrepreneurs actifs. L'Observatoire a, par ailleurs, appliqué une méthode basée sur la data science pour la prédiction du genre du dirigeant de l'entreprise à partir de son prénom. Afin de dépasser l'obstacle de non-disponibilité des données sur le genre dans les bases de données des administrations et organismes publics marocains, l'Observatoire s'est basé sur les prénoms des dirigeants et entrepreneurs renseignés dans les bases de données reçues des partenaires. Un taux inférieur à la moyenne Ainsi, 16,2% des dirigeants des entreprises (personnes physiques actives, personnes morales actives et auto-entrepreneurs) au Maroc sont des femmes, un pourcentage qui reste encore timide et limité. Ce pourcentage se décompose ainsi: 14,6% des Entreprises Personnes Morales Actives sont dirigées par des femmes ; 16,3% des Entreprises Personnes Physiques Actives appartiennent à des femmes, et 25,5% des auto-entrepreneurs actifs sont des femmes. L'OMTPME explique dans ce sens que, selon la Banque Mondiale, la part des femmes dirigeantes et entrepreneuses au Maroc est de 16,1% en 2019, un taux inférieur à la moyenne mondiale (43,2% en 2019) et à la moyenne de l'Afrique subsaharienne (56%). Il est à noter toutefois que ces chiffres sont basés sur des enquêtes conduites sur un échantillon limité et intègrent probablement le secteur informel. Par ailleurs, et selon le récent Policy Brief du ministère de l'Economie et des finances, traitant de l'«analyse genre de la contribution de l'utilisation de la main-d'œuvre à l'amélioration du niveau de vie», l'évolution de l'emploi et ses effets sur le niveau de vie au Maroc affiche des différences importantes, non seulement par genre, mais aussi par âge. Ainsi, et contrairement aux hommes, l'emploi des femmes, toutes tranches d'âge confondues, a contribué négativement à l'évolution du PIB/habitant, particulièrement, parmi les femmes âgées de 25 à 44 ans avec une contribution à hauteur de -5,4% entre 2017-2019, et ce, en raison de l'importance du chômage des jeunes femmes à l'échelle nationale. Plus encore, eu égard aux effets de la crise sanitaire, l'année 2020 a été marquée par un repli du PIBH de 7,1% en glissement annuel. Derrière ce recul, une contraction simultanée de la productivité apparente du travail et de l'utilisation de la main-d'œuvre, respectivement, de 2,4 points et 4,8 points. «We4She», une charte pour la diversité Il faut dire que plusieurs acteurs sont engagés pour la promotion de la diversité du genre. En effet, Mehdi Tazi, vice-président général de la CGEM, a, récemment, procédé à la signature de la charte de la diversité du genre «We4She». La Confédération affiche ainsi un engagement clair pour la promotion de la diversité professionnelle et l'autonomisation économique des femmes. La charte We4She, première du genre en Afrique, a été initiée par 9 dirigeantes marocaines. Elle est une émanation du Women Working for Change (WFC), réseau panafricain de femmes dirigeantes adossé à l'Africa CEO Forum. Son objectif est d'améliorer la représentativité des femmes dans les instances dirigeantes et les autres strates de l'organisation. Elle constitue un outil de mobilisation des dirigeants du continent africain à travers des engagements volontaires en faveur de la diversité et un plan d'action adapté aux enjeux et aux ressources de l'entreprise signataire. We4She se donne pour mission de contribuer à l'égalité du genre au sein des entreprises et institutions marocaines, et d'améliorer la représentativité des femmes au sein des instances dirigeantes des entreprises. Et ce, à travers quatre axes, à savoir la mixité dans le recrutement, l'équité de rémunération, la mixité du management et du comité exécutif et la mixité du conseil d'administration. Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO