La question du déficit du Budget n'a jamais été aussi inquiétante qu'aujourd'hui. Et pour cause, à fin 2012, le Maroc a presque touché le fond, avec un taux de déficit de 7,1%. Nizar Baraka, ministre des Finances, qui, il y a encore quelques mois, refusait qu'on parle de niveau alarmant, s'est enfin résigné à avouer que les lignes rouges étaient franchies et que la situation était préoccupante. Force est de constater que cette sortie, certes louable, est venue un peu tard. En effet, depuis quelques semaines, certains experts n'ont cessé de tirer la sonnette d'alarme. Le dernier en date n'est que le frère d'arme de Baraka dans le parti de l'Istiqlal, Adil Douiri, président du cercle des économistes istiqlaliens. Pour ce dernier, le Maroc est arrivé à un niveau où ses politiques générales devraient être incessamment citées par le FMI. Pas plus tard qu'hier, l'agence de notation Moody's vient de revoir les perspectives de la notation marocaine de stables à négatives! Devant ce tableau peu reluisant, Baraka essaye de se défendre tant bien que mal. Selon l'argentier du pays, la dépréciation du dirham face au dollar de 6,7% s'est répercutée négativement, à raison de 4MMDH sur le budget de la compensation et de 6MMDH sur la balance des biens et services, en plus de l'aggravation de la facture énergétique de 14MMDH. Soit. Toutefois, cette dépréciation aurait bel et bien des répercussions positives. Qu'en est-il de la répercussion de cette dépréciation sur nos exportations, nos recettes des produits phosphatiers, les rentrées de devises en termes de flux touristiques ou de transferts de nos MRE? Il faut donc aller chercher les vraies causes du creusement continu du déficit du Budget ailleurs. En tout état de cause, Baraka s'est engagé à ramener ce déficit à 4,3% à fin 2013, à charge pour l'ensemble du gouvernement de faire preuve de beaucoup d'imagination pour décliner clairement sa feuille de route, afin de parvenir à cet objectif. Cependant, et vu l'ampleur du péril qui règne sur les finances publiques, il y a lieu de communiquer des bilans d'étape périodiques, dans le but de rassurer les esprits!