Le marché de l'e-sport en est encore à ses débuts mais l'engouement pour le gaming dans le Royaume se confirme de jour en jour, avec un nombre de joueurs estimé à 15 millions et des millions de dollars dépensés chaque année. Jadis stigmatisé, moqué, incompris...l'e-sport semble prendre sa revanche aujourd'hui sur ses détracteurs d'hier. Non seulement le sport électronique s'est imposé en tant qu'activité sportive à part entière mais il rime également avec business. Dans les pays pionniers, à l'image des USA et de la Corée du Sud, la pratique s'est considérablement professionnalisée. Avec plus de 160 milliards de dollars de recettes au niveau mondial, l'industrie vidéoludique pèse, désormais, plus lourd que celles du cinéma et de la musique réunies. Les études estiment le nombre de joueurs à 2,7 milliards, soit plus d'un tiers de la population mondiale. Il faut souligner que ce nombre s'est accru de 500 millions au cours des trois dernières années et que les prévisions indiquent une hausse de 400 millions supplémentaires d'ici fin 2023, portant la population totale à près de 3,1 milliards de joueurs à travers le monde ! Un jeu de riches ? Au Maroc, on en est encore au tout début de la pratique du e-sport même si les études évaluent à 3 millions les gamers actifs sur un total de 15 millions de joueurs. Les jeunes ou adolescents ne sont pas les seules cibles, loin s'en faut ! les jeux vidéo attirent, également, une tranche d'âge bien plus large. D'ailleurs, ce sont les personnes âgées entre 35 et 54 ans qui consacrent le plus de temps aux jeux. Une hausse de 60% a aussi été constatée chez la tranche des 45-54 ans. À noter que 44% des utilisateurs appartenaient à la classe moyenne élevée en 2020. Année où le marché marocain de la consommation des jeux a représenté 109 millions de dollars pour le mobile, 26 millions pour l'ordinateur et 22,2 millions pour la Playstation. En 2023, on estime que le nombre de gamers passera à 19 millions dans le pays, preuve d'un réel engouement dans le Royaume, qui a conduit à la naissance de compétitions en ligne et même à de grands rassemblements physiques. C'est tout le sens de la Masters Pro League (MPL) qui se déroulera sur quatre mois, de décembre 2021 à mars 2022, entre qualifications, ligue, playoffs et finale. Vu le talent des joueurs marocains, qui sont nombreux à participer régulièrement aux grands tournois internationaux, le suspense devrait être total jusqu'à la consécration, au mois de mars, des quatre champions, à savoir le Champion Masters Pro League Fifa 22, le Champion Masters Pro League Street Fighter 5, le Champion Masters Pro League PUBG Mobile et le Champion Masters Pro League Valorant. Il va de soi que toute la communauté du gaming marocain entend participer aux festivités, notamment des commentateurs, des influenceurs... «Au-delà d'une grande célébration de l'esprit e-sportif et du talent des gamers marocains, MPL a été conçue par des passionnés pour mettre en lumière les compétences marocaines et promouvoir la scène e-sportive nationale, la développer et la professionnaliser. Ce secteur présente d'énormes opportunités pour l'économie marocaine et pour notre jeunesse», souligne Karim Moubarik, directeur général de GG.AGENCY qui organise la MPL. C'est aussi, pour les fans, la promesse de plus de 180 heures de stream. Pour ses organisateurs, cette ligue professionnelle constitue surtout un puissant levier pour développer et professionnaliser l'écosystème marocain du e-sport, un secteur économique qui offre d'énormes potentialités en termes d'emplois, notamment pour les jeunes. Tous les gamers du Maroc, les pros comme les nouveaux venus sur la scène e-sportive, ont rendez-vous sur «esna.gg», la première plateforme sociale 100% marocaine, pour s'inscrire et tenter leur chance de participer à la MPL. Quant aux compétitions, elles seront à vivre en direct, en streaming, sur la plateforme ESNA, sur le compte facebook de ESNA ou encore sur Twitch, soit plus de 80 heures de streaming par mois durant les qualifications ! Les marques flairent le filon Cet emballement pour l'e-Sport conduit les marques à investir ce domaine via le sponsoring d'événements et d'équipes. L'e-sport représente pour elles, en effet, une formidable opportunité pour toucher une cible de choix, les millennials (15-35 ans), une population difficile à atteindre car consommant peu de médias traditionnels. Cependant, pour se développer, l'univers du gaming, qui fait appel à des streamers, des influenceurs mais aussi des analystes, des organisateurs d'événements, des marketeurs, des testeurs de jeux, des programmateurs ou encore de multiples créatifs, doit d'abord se professionnaliser au Maroc. Pour l'heure, il n'existe pas d'école de formation professionnelle alors que les besoins en ressources pour les jeux en ligne sont nombreux. Des expertises et des métiers d'avenir, car la scène marocaine du e-sport a besoin de talents passionnés pour accompagner son expansion : « Je suis particulièrement fier de voir le talent des jeunes Marocains qui ont participé au développement de la MPL et de la plateforme e-sport, 100 % marocaine et qui n'a rien à envier aux plateformes internationales. Comme moi, ils ont fait de leur passion, leur métier. Et comme moi, ils veulent que le secteur soit un puissant pourvoyeur d'emplois à haute valeur ajoutée pour la jeunesse marocaine », souligne Karim Moubarik. Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO