En novembre dernier, la France a décidé de durcir les conditions d'octroi des visas. Le nombre de visas délivrés pour le Maroc et l'Algérie a été divisé par deux, et réduit de 30% pour la Tunisie. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait expliqué cette décision du fait que «ces trois pays du Maghreb refusent de délivrer des laissez-passer consulaires pour le retour des immigrés refoulés de France. Dans une nouvelle intervention télévisée, Gabriel Attal a indiqué que le gouvernement assume cette décision. «Réduire les visas est une mesure difficile mais qu'on assume tant qu'il n'y aura pas une coopération plus importante. Elle a permis la reprise de discussions diplomatiques à très haut niveau», a expliqué Attal. Et d'ajouter : «On a commencé à avoir des résultats avec la Tunisie. On a des laissez-passer consulaires qui ont été délivrés, plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines depuis cette annonce. Cela reste compliqué avec l'Algérie et le Maroc. Mais il y a un travail diplomatique qui se poursuit ». « Notre objectif c'est quoi ? C'est simplement de faire respecter nos règles migratoires. Cela veut dire que des personnes qui ont vocation à être accueillies en France, parce qu'elles sont persécutées dans leur pays, parce qu'elles bénéficient de l'asile, soient pleinement intégrées mais pour des personnes qui n'ont pas vocation à rester en France, il faut qu'elles soient expulsées et reconduites dans leur pays d'origine« , a précisé Attal. Pour rappel, le Maroc avait réagi à cette décision, la qualifiant d'injustifiée. Pour Nasser Bourita, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, cette décision ne reflète pas la réalité de la coopération consulaire en matière de lutte contre l'immigration illégale. « Nous avons pris acte de cette décision et la considérons comme injustifiée pour nombre de raisons, dont la première est que le Maroc a toujours traité la question de la migration avec la logique de responsabilité et le nécessaire équilibre entre la facilitation de la circulation des personnes (Etudiants, hommes d'affaires et autres..), la lutte contre l'immigration clandestine et le traitement ferme réservé aux personnes en situation irrégulière », a soutenu Bourita lors d'une conférence de presse à l'issue d'un entretien avec son homologue mauritanien, Ismaël Ould Cheikh Ahmed. Dans le cadre de cette approche, les consulats du Royaume ont délivré, lors des seuls huit premiers mois de l'année courante, 400 laisser-passer au profit de personnes qui étaient en situation irrégulière, a affirmé le ministre. « Partant de cela, l'adoption du paramètre du refus de la délivrance des déclarations consulaires nécessaires au retour des émigrés est inappropriée », a jugé Bourita. Selon lui, le Maroc conditionne le retour de ses ressortissants au fait qu'ils disposent d'un passeport ou d'un laisser-passer, or, dans le sillage de la pandémie de la covid-19, le Royaume exige désormais qu'ils justifient en plus d'un test PCR négatif pour pouvoir accéder au territoire national. Ce que la France ne déclare pas, a-t-il noté, c'est que nombre d'individus disposant de documents de voyage n'ont pas pu rentrer au Maroc car refusant de réaliser ce dépistage, facultatif en France. Le problème est franco-français car si la loi française ne permet pas à ses autorités d'obliger les émigrés à se soumettre à ce test pour leur rapatriement, le Maroc n'acceptera pas non plus de changer ses lois pour permettre aux personnes venant de France d'accéder à son territoire sans se faire dépister, a-t-il détaillé. Toutefois, la décision de la France reste souveraine mais les raisons qui la motivent nécessitent précision et débat, car ne reflétant pas la réalité de la coopération consulaire entre les deux pays en matière de lutte contre l'immigration illégale, a insisté le ministre, affirmant que le Maroc suivra de près cette décision.