La directive de Bank Al-Maghrib relative au dispositif des risques financiers liés au changement climatique et à l'environnement est mise en œuvre depuis le printemps. Le Maroc se positionne ainsi à l'avant-garde sur le continent. Les banques ainsi que leurs filiales doivent produire un rapport annuel et un reporting périodique sur l'intégration du risque « climat » dans leur politique de crédit. Les banques marocaines ainsi que leurs filiales, où qu'elles soient, doivent désormais intégrer les risques liés au changement climatique et à l'environnement dans leur politique de crédit. Tous les ans, les banques doivent produire un rapport et un reporting destinés aux autorités monétaires. En édictant une directive «climat», Bank Al-Maghrib a, à sa manière, anticipé le ton alarmant du récent rapport du GIEC, le groupe international d'experts chargé de l'évaluation de changements climatiques. La directive est mise en œuvre depuis le 4 mars dernier, date de sa publication. Comme d'autres acteurs économiques, par leur activité, les banques sont directement ou indirectement exposées aux risques résultant de changements climatiques. Bank Al-Maghrib en a tiré les conclusions. Les risques encourus par les établissements de crédit en raison du changement climatique et de la dégradation de l'environnement, considérés comme comprenant plusieurs facteurs de risque: Les risques physiques, ceux résultant de la survenance d'événements climatiques et environnementaux extrêmes (tels que les inondations, les tempêtes, la sécheresse, etc.) ou chroniques (tels que l'augmentation des températures moyennes, la modification des régimes de précipitations, la raréfaction des ressources… Le deuxième facteur de risque «climat» pouvant impacter les résultats et l'activité des banques tient aux risques de transition. Au sens de la directive de la Banque centrale, ces derniers intègrent tous les risques résultant des effets de la mise en place d'un système économique plus respectueux de l'environnement) pouvant se matérialiser notamment en risques de crédit, de marché, de liquidité et opérationnel (réduction des émissions de gaz à effet de serre, efficacité énergétique, préservation de la biodiversité et des ressources naturelles…). Ces ajustements sont influencés par une série de facteurs notamment technologiques (innovations de rupture technologique), comportementaux (changement des préférences des investisseurs et consommateurs) ou réglementaires (politiques incitatives ou contraignantes) pouvant entrainer une réévaluation de certains actifs détenus dans les portefeuilles des établissements et se matérialiser notamment en risque de crédit, de liquidité et de marché. Evaluer systématiquement l'empreinte environnementale Adossé au risque de transition, le risque de responsabilité comprend tous les risques résultant notamment d'éventuelles poursuites en justice des établissements pour avoir contribué à des dommages environnementaux. Ces risques constituent une sous-composante des risques physiques et risques de transition. Par ailleurs, la directive oblige les banques à évaluer l'empreinte environnementale des activités de financement, de placement et d'investissement et/ou des processus opérationnels sur l'environnement. En lançant des green bonds (obligations vertes), elles ont anticipé cette réglementation. A l'étranger, sous la pression de l'opinion publique et par prise de conscience des enjeux écologiques, plusieurs grands groupes bancaires ont renoncé à financer des centrales thermiques. Pour les autorités monétaires, cette réglementation s'inscrit dans le consensus entre les autorités de régulation internationales, regroupées au sein du Réseau des banques centrales et superviseurs pour le verdissement du secteur financier. La directive «climat» de BAM couvre quatre domaines relatifs à la stratégie et gouvernance: le dispositif de gestion des risques financiers liés au changement climatique et à l'environnement, la formation et la sensibilisation ainsi que la communication et le reporting. La réglementation insiste auprès des banques sur la sensibilisation et le renforcement des capacités des organes de gouvernance et du personnel sur les enjeux et les risques environnementaux et sur la prise en compte de ces risques dans la politique de produit et la stratégie de développement.