En matière de maîtrise des risques, les banques sont sur la bonne voie. C'est le constat relevé par Bank Al-Maghrib, qui soutient l'effort des établissements de crédit dans un contexte macro-économique de moins en moins favorable. D'un point de vue prudentiel, c'est une exigence des dispositifs bâlois. Des recommandations qui semblent avoir été bien suivies si l'on juge, d'après le rapport de la Banque centrale sur le contrôle, l'activité et les résultats des établissements de crédit. À fin 2011, les risques nets pondérés, constitués des risques de crédit, de marché et opérationnels, se sont établis à 721,6 MMDH. Leur évolution est au même niveau que celle de l'année précédente (soit +9,3% contre +7,8% une année auparavant). Les exigences en fonds propres, au titre de ces trois catégories de risques, ont totalisé 72,2 contre 66 MMDH en 2010. Constituant la principale source des exigences en fonds propres, le risque crédit représente 86% du total des risques pondérés. Après une consolidation des engagements bilan et hors bilan, il s'élève à 619 MMDH en hausse de 7,3% par rapport à 2010. Une situation expliquée essentiellement par l'accroissement des crédits à la clientèle. Dans de moindres proportions, les risques opérationnels et de marché représentent respectivement 8 et 6% du total des risques pondérés. L'opérationnel, défini comme celui résultant de créances ou de défaillances inhérentes aux procédures d'exploitation, a atteint 56,6 MMDH en progression moins soutenue, soit +3,8% (+17% en 2010). Conjointement, les exigences en fonds propres correspondant à ce risque, ont cumulé 5,6 MMDH, au lieu de 5,4 milliards en 2010. D'autre part, les expositions au titre du risque marché ont augmenté de 62% à 45,8 MMDH. «Cette évolution est liée aux changements intervenus dans la fixation des pondérations des actifs détenus par les OPCVM de certaines banques», indique la Banque centrale. Quoi qu'il ait enregistré un taux de progression plus marqué, le risque de marché a conservé une part limitée dans le total des risques. Les exigences en fonds propres correspondantes sont passées à 4,6 MMDH, après 2,8 milliards en 2009. Dans la foulée, l'évolution des risques mais aussi de la solvabilité des banques, s'est retracée à partir des données extraites de leurs reportings établis selon les règles de Bâle II sur base sociale. Dans cette optique, les banques ont continué à renforcer leur solvabilité à la faveur de la hausse des fonds propres. Les établissements sont donc tenus de respecter en permanence, sur base consolidée et/ou individuelle, un coefficient minimum de solvabilité de 10%. En 2011, le ratio de solvabilité des banques, en base sociale, s'est toutefois rétracté, mais reste tout de même à des niveaux supérieurs aux exigences réglementaires minimales. Ainsi, il s'est établi, à 11,7 après 12,3% en 2010 et à 11,8% en 2009. Le ratio Tier One, relatif aux fonds propres de base, s'établit à 9,6 contre 9,7%. «Cette évolution s'explique par une augmentation plus forte des trois risques, que celle des exigences en fonds propres», note Bank Al-Maghrib. Sur la base consolidée, le ratio de solvabilité des fonds propres de base s'est renforcé de 0,2 point à 9,8%, après une détérioration en 2010. Par conséquent, le ratio moyen de solvabilité s'est établi à 12,4%, contre 12,7% une année auparavant. En chiffres, le montant des fonds propres prudentiels des banques s'est établi à fin 2011, à 84,4 MMDH, affichant une progression de 4,2%. Une évolution attribuée au renforcement des fonds propres de base, suite à la mise en réserve d'une partie plus importante de leurs résultats bénéficiaires et de l'augmentation du capital. Toutefois, le recours aux émissions de dettes subordonnées est resté tout de même limité en 2011. Celles-ci, après une hausse de 47 et de 3,7% respectivement en 2009 et 2010, ont augmenté de 7,7%. BAM attribue cette évolution au fait que certaines banques ont atteint les limites réglementaires sur ces instruments, ainsi que par l'importance accrue accordée aux fonds propres de base, pour apprécier la solvabilité des banques. Dans ce contexte, les fonds propres de base, représentant 82% du total des fonds propres prudentiels, ont cumulé 69,5 MMDH, marquant une hausse de 8,1%, d'une année à l'autre, contre 14,3% en 2010. Mise en place d'un cadre macro-prudentiel renforcé La crise financière internationale a mis en exergue le besoin d'un rôle accru des banques centrales et des autorités de supervision pour assurer la stabilité du système financier global. En 2011, Bank Al Maghrib a accéléré ses travaux pour la mise en place d'un dispositif de surveillance macro-prudentiel. Ainsi, la régulation des risques systémiques s'appuie sur un cadre institutionnel et opérationnel. Sur le plan institutionnel, des avancées importantes ont été réalisées pour la mise en place de mécanismes de prévention des crises et de coordination des réponses. Dans cette perspective, les réformes en cours, notamment celles relatives au nouveau statut de Bank Al-Maghrib et à la loi bancaire, prévoient de nouveaux arrangements institutionnels. Ces derniers permetteront une coopération élargie entre les régulateurs du système financier pour la maîtrise du risque systémique et la résolution des crises. De même, Bank Al-Maghrib a institué en interne, un comité de stabilité financière chargé d'évaluer les risques et les menaces pesant sur la stabilité financière et d'examiner les mesures visant leur atténuation. Au niveau opérationnel, Bank Al-Maghrib a œuvré pour se doter d'un cadre qui repose sur deux composantes essentielles. Premièrement, une cartographie globale des risques en tant qu'outil visant à identifier et scorer les risques pesant sur la stabilité du système financier. En second lieu, un dispositif de stress testing visant quant à lui, à quantifier ces risques s'ils devaient se matérialiser. Sur ce dernier élément, le dispositif de stress testing est articulé autour de trois approches : les stress tests de sensibilité des bilans bancaires, les stress tests de contagion interbancaire et les macro stress tests. Pour ce qui est des stress tests de sensibilité des bilans bancaires, ils sont conduits sur une base individuelle et à l'échelle du secteur et visent à mesurer l'impact d'un choc de crédit, de liquidité, de taux d'intérêt ou de change sur l'équilibre bilanciel, la solvabilité ou la position de liquidité des banques.Concernant les stress tests de contagion interbancaire, ils permettent d'évaluer le risque de contagion de la défaillance d'une banque aux autres banques, à travers leurs engagements bilatéraux sur les marchés interbancaires à blanc et collatéralisé. Quant aux macro-stress tests, ils ont pour objet de disposer d'éléments de prévision de certains agrégats de l'activité bancaire, par rapport à l'évolution de l'environnement macro-économique, monétaire et financier et d'évaluer la capacité des banques à résorber des chocs macro-économiques. De nouveaux modes de reportings Dans le souci d'adopter les meilleurs standards en matière de communication de l'information financière aux régulateurs, de nouveaux reportings comptables en normes IFRS et prudentiels, baptisés respectivement FINREP et COREP, ont été mis en place. D'une part, le FINREP (FINancial REPorting) concerne les informations financières établies selon les normes IFRS, que les banques sont tenues de communiquer à Bank Al-Maghrib. D'autre, part, le COREP (COmmon REPorting) recouvre les informations prudentielles, que les banques doivent adresser à la Banque centrale dans le cadre du dispositif Bâle II. Ce mode de communication devrait permettre de se mettre au diapason des meilleures pratiques en matière d'échange d'informations financières, d'optimiser l'exploitation de ces informations et de faciliter la prise en charge des besoins futurs, en matière de reporting réglementaire. Son utilisation généralisée par le secteur financier, permettrait également une mutualisation des plateformes de reporting avec d'autres régulateurs.