L'examen au conseil de gouvernement du décret relatif à la création de la commission permanente chargée du renouvellement et d'adaptation continue des curricula est programmé avant la fin de ce mois. Très attendue, cette instance sera chargée de réviser de fond en comble les programmes scolaires qui sont lacunaires. C'est une réforme qui se fait attendre depuis de longues années. La mise en place de la Commission nationale des curricula est une condition sine qua non pour mener à bien le chantier de la réforme de l'administration. Cette instance permettra de plancher sur les curricula tant sur le volet du contenu que de l'approche pédagogique et du rythme scolaire. Il faut dire que malgré les révisions des manuels au cours des dernières années, certains contenus sont toujours dépassés et le volume horaire de certaines matières n'est pas adapté aux besoins de la réforme. Dans l'attente de la création de cette commission nationale, les révisions qui ont été menées par le département de tutelle, depuis 2018, au niveau du primaire sont partielles même si le département de tutelle estime que la différence avec les années précédentes est nette car les transformations sociétales ont été prises en compte et une grande place a été accordée aux valeurs. Au niveau du collège, la révision des programmes sera entamée dès la prochaine rentrée. La grande réforme pédagogique La grande transformation ne pourra être opérée que par le biais de la future commission des curricula dont le décret est fin prêt conformément aux dispositions de la loi-cadre de l'éducation et de la formation. L'article 28 de ce texte dispose que cette commission doit élaborer un cadre référentiel des curricula ainsi que des guides des programmes et des formations tout en veillant régulièrement à leur actualisation et leur adaptation aux évolutions pédagogiques modernes. Le texte a été soumis par le gouvernement au Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique pour avis. Le décret est aujourd'hui entre les mains du Secrétariat général du gouvernement. Il est prévu qu'il soit examiné par le Conseil de gouvernement, le jeudi 29 juillet. Après son adoption et publication au Bulletin officiel, il faudra procéder à l'installation de la commission. Ce sera fort probablement après les élections. Ainsi, ce sera au prochain gouvernement de mettre sur les rails cette instance qui sera composée, selon nos informations, d'experts, de représentants des départements ministériels concernés par l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et la formation professionnelle ainsi que des institutions constitutionnelles et de la Confédération générale des entreprises du Maroc. Une grande mission incombera à cette instance pour opérer la transformation tant escomptée du système éducatif. La commission devra prendre en considération, lors de l'élaboration des cadres et guides référentiels, plusieurs orientations, à commencer par la coordination étroite entre les divers composantes et niveaux du système d'éducation, de formation et de recherche scientifique en s'inspirant des expériences étrangères réussies et des bonnes pratiques en la matière. Elle devra également opter pour une planification prévisionnelle des besoins et des spécificités des apprenants, en tenant compte des exigences locales et régionales et de leur environnement social et économique. La commission devra s'exprimer sur des questions aussi stratégiques que décisives pour l'avenir des élèves marocains. On s'attend au renforcement de l'enseignement des sciences et des contenus pédagogiques pour améliorer le positionnement des élèves dans les classements internationaux. Quid du rythme scolaire ? La Commission nationale des curricula est aussi très attendue sur la révision des rythmes scolaires qui sont très élevés au Maroc. Le dossier était mis sur la table des différents ministres qui se sont succédé à la tête du département de l'Education nationale. L'actuel ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saaid Amzazi, s'est déjà exprimé sur la nécessité d'opérer une réforme en la matière. Le sujet s'inscrit au cœur de la réforme espérée de l'enseignement. L'organisation du temps scolaire permet en effet de répondre à des objectifs pédagogiques pour que les enfants puissent mieux apprendre à l'école. L'amélioration de la gestion du temps d'instruction permet non seulement d'alléger la pression sur les élèves mais aussi de rendre efficace les apprentissages. Cette question devra être passée au crible par les experts et les décideurs en vue de mettre en œuvre une réforme adéquate à l'instar de ce qui a été fait sous d'autres cieux. Le Maroc fait moins bien que nombre de pays ayant un rythme scolaire beaucoup plus allégé. Rappelons à cet égard, l'analyse de l'OCDE qui est sans appel: si la durée des enseignements en langues est comparativement élevée au Maroc, les compétences acquises restent largement insuffisantes au regard du niveau requis en langues étrangères (français et anglais) dans l'enseignement supérieur et le monde professionnel. Il faut dire qu'ajouter des heures d'enseignement n'est ni suffisant ni souvent nécessaire pour améliorer l'apprentissage, comme le souligne si bien la Banque mondiale. Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO