Statu quo pour le taux directeur à l'issue du dernier conseil de Bank Al-Maghrib, tenu mardi 22 juin. Selon la Banque centrale, la reprise de l'activité devrait se poursuivre à un rythme soutenu, favorisée par l'assouplissement des restrictions, les conditions de financement accommodantes et le stimulus budgétaire. Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) vient de tenir sa deuxième session trimestrielle de 2021. L'occasion pour lui d'appréhender l'évolution de la situation sanitaire et la conjoncture économique aux niveaux national et international, ainsi que les projections macroéconomiques de la banque à moyen terme. Sous réserve d'apparition de nouveaux variants du virus et des disparités entre pays en termes de rythme de vaccination, la Banque centrale a estimé que la reprise de l'activité devrait se poursuivre à un rythme soutenu, favorisée par l'assouplissement des restrictions, les conditions de financement accommodantes et le stimulus budgétaire. Suivant ce scénario, l'orientation de la politique monétaire restera largement accommodante, assurant des conditions de financement adéquates. Il a été jugé dans ce sens que l'actuel niveau du taux directeur demeure approprié. Il sera ainsi maintenu à 1,5%, soit le même niveau que celui de juin 2020 qui avait fait suite aux deux baisses successives enregistrées depuis le déclenchement de la crise sanitaire. Ces conditions monétaires ont abouti à des taux débiteurs en quasi-stabilité. Ils ressortent en moyenne à 4,45% au terme du premier trimestre, avec en particulier une augmentation trimestrielle de 21 points de base pour les particuliers et une baisse de 5 points pour les entreprises. En glissement annuel, ils ressortent en repli de 44 points de base en moyenne, un recul qui a concerné toutes les catégories de crédits et d'agents institutionnels. Concernant le crédit bancaire, sa composante destinée au secteur non financier a enregistré un léger ralentissement de son rythme de 4,5% au quatrième trimestre 2020 à 4,1% au premier trimestre 2021, recouvrant une décélération de 5,3% à 4,2% pour les prêts accordés aux entreprises et une amélioration de 3% à 3,7% pour les crédits aux ménages. Tenant compte des perspectives de l'activité économique, celle-ci terminerait l'année avec une progression de 3,5% puis s'accroîtrait de 3,8% en 2022. Pour sa part, après une appréciation de 0,8% en 2020, le taux de change effectif réel devrait se déprécier de 0,6% en 2021 et de 1,4% en 2022, sous l'effet essentiellement d'un niveau d'inflation domestique inférieur à celui des pays partenaires et concurrents commerciaux. «En termes de perspectives, la reprise de l'activité économique observée ces derniers mois devrait se poursuivre, soutenue, d'une part, par les mesures de relance budgétaire et l'orientation accommodante de la politique monétaire et, d'autre part, par les progrès notables de la campagne de vaccination et l'assouplissement des restrictions sanitaires», souligne Bank Al-Maghrib. Ses dernières projections tablent ainsi sur une croissance qui atteindrait 5,3% cette année, portée par une hausse de 3,6% de la valeur ajoutée des activités non agricoles et un rebond de 17,6% de celles du secteur agricole. Celui-ci reflète notamment les conditions climatiques très favorables qui ont marqué l'actuelle campagne agricole et qui se sont traduites par une augmentation de la production céréalière à 98 millions de quintaux. À noter que les données provisoires des comptes nationaux annuels pour 2020 publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP) indiquaient une contraction de l'économie de 6,3%, au lieu de 7,1% qui ressortait de la moyenne des données trimestrielles. En 2022, la croissance se consoliderait à 3,3%, selon BAM, avec une poursuite de l'amélioration du rythme des activités non agricoles à 3,8% et une baisse de 2% de la valeur ajoutée agricole, sous l'hypothèse d'un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux. Sur le marché du travail, les signes de la reprise sont perceptibles avec une atténuation sensible des pertes nettes annuelles d'emploi à 202.000 au premier trimestre 2021 au lieu de 451.000 un trimestre auparavant. Tenant compte d'une entrée nette de 40.000 demandeurs d'emplois, le taux d'activité a reculé d'une année à l'autre à 45,5% et le taux de chômage s'est aggravé à 12,5% globalement et à 17,1% en milieu urbain. Concernant la demande nationale, le conseil a noté qu'après des taux de 0,7% en 2020 et de 0,1% au premier trimestre de 2021, l'inflation a atteint 1,7% en moyenne au cours des mois d'avril et mai. Sous l'effet de la hausse prévue des cours internationaux du pétrole et de certains produits alimentaires, ainsi que de l'amélioration de la demande intérieure, elle devrait poursuivre son accélération tout en restant à des niveaux modérés, ressortant à 1% sur l'ensemble de cette année et à 1,2% en 2022. Sa composante sous-jacente augmenterait de 0,5% en 2020 à 1,2% en 2021, puis à 1,5% en 2022.