La croissance économique devrait se situer autour de 5,3% en 2021. Cette hypothèse tient compte d'un rebond de 17,6% de l'activité agricole et de la hausse de 3,6% de la valeur ajoutée de celle non agricole. La reprise de l'activité économique se poursuit à rythme soutenu. Un constat fait par le conseil de Bank Al-Maghrib lors de sa deuxième réunion trimestrielle, tenue ce mardi 22 juin. Cette évolution favorable de la machine économique est favorisée, selon la banque centrale, par l'assouplissement des restrictions, les conditions de financement accommodantes ainsi que le stimulus budgétaire. Toutefois, les perspectives restent entourées d'un niveau élevé d'incertitude en lien notamment avec l'apparition de nouveaux variants du virus et les disparités entre pays en termes de rythme de vaccination. Comme à l'accoutumée, la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib se veut un point trimestriel pour évaluer la conjoncture économique aux niveaux national et international ainsi que les projections macroéconomiques de la banque à moyen terme. Ce rendez-vous, sixième depuis le déclenchement de la crise sanitaire au Maroc, est également une occasion pour évaluer la situation sanitaire et prendre des décisions stratégiques en matière de politique monétaire. A cet effet, il a été convenu de maintenir le taux directeur inchangé. «Le conseil a estimé que l'orientation de la politique monétaire reste largement accommodante, assurant des conditions de financement adéquates. Il a jugé en particulier que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié et a décidé ainsi de le maintenir inchangé à 1,5%», relève-t-on de Bank Al-Maghrib. Pour ce qui est de l'inflation, le Conseil indique avoir atteint 1,7% en moyenne au cours des mois d'avril et mai et ce après 0,7% en 2020 et 0,1% au premier trimestre 2021. L'activité agricole rebondirait de 17,6% Les prévisions tablent sur une accélération de l'inflation à des niveaux modérés, soit 1% au titre de 2021 et 1,2% en 2022. Sa composante sous-jacente augmenterait de 1,2% en 2021 contre 0,5% en 2020. Elle devrait également atteindre les 1,5% en 2022. Pour ce qui est de la croissance économique, Bank Al-Maghrib réitère encore une fois qu'elle devrait se situer autour de 5,3% en 2021. Cette hypothèse tient compte d'un rebond de 17,6% de l'activité agricole et de la hausse de 3,6% de la valeur ajoutée de celle non agricole. «Ce dernier reflète notamment les conditions climatiques très favorables qui ont marqué l'actuelle campagne agricole et qui se sont traduites par une augmentation de la production céréalière à 98 millions de quintaux», explique Bank Al-Maghrib. Pour 2022, la croissance économique se consoliderait à 3,3% avec une poursuite de l'amélioration du rythme des activités non agricoles à 3,8% et une baisse de 2% de la valeur ajoutée agricole, et ce sous l'hypothèse d'un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux. Le conseil de Bank Al-Maghrib observe également une reprise sur le marché du travail. Se référant à la banque centrale, les signes sont perceptibles avec une atténuation sensible des pertes nettes annuelles d'emploi à 202.000 au premier trimestre 2021 au lieu de 451.000 un trimestre auparavant. «Tenant compte d'une entrée nette de 40.000 demandeurs d'emplois, le taux d'activité a reculé d'une année à l'autre à 45,5% et le taux de chômage s'est aggravé à 12,5% globalement et à 17,1% en milieu urbain», constate la BAM. Les exportations décolleraient de 14,5% en 2021 Bank Al-Maghrib se porte également optimiste quant à la reprise des échanges de biens. Elle anticipe une augmentation des exportations de 14,5% en 2021. Cette évolution devrait atteindre les 5,6% en 2022 tirées principalement par les ventes de la construction automobile et des phosphates et dérivés. Les importations s'accroîtraient pour leur part de 16,6% en 2021. Cette évolution est relative à un éventuel alourdissement de la facture énergétique et une hausse des achats de biens de consommation. Les achats du Maroc devraient par ailleurs voir leur rythme ralentir à 3% en 2022. Pour ce qui est des recettes voyages, elles connaîtraient une reprise graduelle, notamment avec l'ouverture des frontières. Elles devraient atteindre les 44,4 milliards de dirhams en 2021 puis culminer à 63,4 milliards de dirhams en 2022. Quant aux transferts des MRE, Bank Al-Maghrib estime que leur progression resterait soutenue avec un taux de 7,6%, à 73,3 milliards de dirhams en 2021 et de 2,8%, à 75,4 milliards de dirhams en 2022. Dans ces conditions, le déficit du compte courant terminerait l'année à 3,8% du PIB avant de s'alléger à 2,6% en 2022. Une atténuation du déficit budgétaire attendue Pour ce qui est des finances publiques, Bank Al-Maghrib, estime que le déficit budgétaire devrait s'atténuer progressivement revenant de 7,6% du PIB à 7,1% en 2021 et à 6,6% en 2022. L'endettement du Trésor continuerait, par ailleurs, d'augmenter passant de 76,4% du PIB en 2020 à 77,8% en 2021 puis à 80% en 2022. Notons que l'exécution budgétaire au titre des cinq premiers mois de l'année fait ressortir un déficit de 25,1 milliards de dirhams, en légère baisse d'une année à l'autre. Les recettes ordinaires se sont améliorées de 9,3% tirées par l'augmentation du produit fiscal. En parallèle, les dépenses globales se sont accrues de 1,9% sous l'effet des hausses de 5,2% de la masse salariale et de 18,1% de la charge de compensation, tandis que l'investissement s'est stabilisé à 28,1 milliards de dirhams. Considérant la réduction du stock des opérations en instance de 20,6 milliards de dirhams, le déficit de caisse s'est établi à 45,6 milliards de dirhams, au lieu de 25,4 milliards de dirhams à la même période en 2020. Ce besoin a été couvert par des ressources intérieures pour un montant net de 41,9 milliards de dirhams et par des concours extérieurs nets pour 3,7 milliards de dirhams.