Les autorités algériennes ont annoncé, dimanche, le retrait de l'accréditation octroyée à la représentation à Alger de la chaîne de télévision d'information française « France24 ». D'après le ministre algérien de la Communication, porte-parole du gouvernement Ammar Belhimer, cité par l'agence de presse officielle « APS », ce retrait a été décidé en raison de « l'hostilité manifeste et répétée » de la chaîne envers l'Algérie. La même source a rappelé que le gouvernement algérien avait adressé le 13 mars « un dernier avertissement avant le retrait définitif » à France 24, en mettant en cause sa « couverture des manifestations du Hirak, le mouvement populaire de contestation contre le régime. Les médias étrangers travaillant en Algérie sont soumis depuis des années à une procédure d'accréditation bureaucratique, opaque et aléatoire. La majorité des journalistes étrangers en Algérie n'a jamais obtenu d'accréditation des autorités. Dernièrement, plusieurs ONG ont dénoncé les pressions et entraves que subissent les journalistes et les médias en Algérie ainsi que les atteintes aux libertés. Amnesty International a rappelé aux autorités algériennes que le journalisme, la liberté d'expression et la liberté de réunion pacifique doivent être respectés en tout temps. L'organisation a appelé les autorités à mettre fin aux poursuites contre les militants, manifestants et journalistes du Hirak détenus uniquement pour avoir exprimé leurs points de vue en ligne et hors ligne et/ou appelé à un changement démocratique. Pour sa part, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a souligné qu'être un journaliste n'est pas un crime, rappelant que la liberté d'expression et la liberté de la presse sont des droits garantis par l'article 41 de la Constitution algérienne. A ce jour, 223 personnes, dont des journalistes et des avocats, sont détenues en Algérie en lien avec le mouvement de contestation du Hirak, selon les organisations et militants locaux qui observent la situation des droits humains sur le terrain. D'après le comité national de défense des droits de l'Homme (CNLD), la justice algérienne a inculpé ces détenus d'opinion et prisonniers politiques de divers graves délits comme le classique « atteinte à l'unité nationale » ou la traditionnelle appartenance à « une organisation étrangère complotant contre l'autorité de l'Etat ». Le CNLD a ajouté que les griefs retenus contre les prévenus, selon les dossiers, concernent également « attroupement non armé », « rébellion », « trouble à l'ordre public » et « violation des dispositions sanitaires relatives à la Covid-19 », ainsi que « diffusion de publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national ».