C'est la première opération financière de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) sur le marché local. Annoncée en début de ce mois en marge d'une visite du président de la Banque, Sir Suma Chakrabarti, il n'aura pas fallu plus longtemps pour que la concrétisation suive. L'institution financière européenne a signé, lundi, sa première ligne de crédit au Maroc avec la banque Société Générale Maroc (SGMA), lui accorant ainsi un prêt d'un montant de 20 millions d'euros pour une rétrocession à des micros, petites et moyennes entreprises (MPME) du pays. «Cette opération s'inscrit dans notre stratégie de soutien et d'investissement à l'économie marocaine. Il s'agit ainsi de la concrétisation de l'un des éléments importants de cette stratégie, la mise en disposition de fonds au profit des PME marocaines, à des conditions commerciales favorisant le développement de ces entreprises.», nous explique Francis Malige, directeur du département «Institutions financières» du groupe européen, et représentant de la BERD à la signature de l'accord avec la SGMA. Financer le commerce Au-delà de l'aspect financier proprement dit, ce partenariat prend également en compte un «transfert de compétences vers la clientèle des PME», à travers des ateliers de formation destinés à améliorer leur compréhension des services bancaires et la qualité de leur dossier de prêt grâce aux fonds de donateurs. Un mécanisme de financement des échanges commerciaux, d'un montant de 5 millions d'euros, a également été signé entre la BERD et la SGMA. L'objectif est de soutenir les activités de commerce international des clients de la banque marocaine. «Tout cela est en droite ligne de ce que fait la BERD dans de nombreux pays du monde, en prêtant de l'argent à des banques pour favoriser le développement et l'amélioration de l'accès aux crédits bancaires au profit de PME. Nous savons que ces structures sont des composantes importantes à toute économie en développement, aussi bien en termes de création de richesses que d'emplois.», complète Malige. Une position partagée par les responsables de la SGMA. Pour ces derniers, cet accord avec la Banque européenne de développement devrait évidemment conforter la vocation de cette banque à se positionner en véritable accompagnateur des PME. Le déblocage de ces 20 millions d'euros facilitera effectivement le renforcement de l'offre de financement de l'enseigne au profit des PME et favorisera une proximité par le biais du transfert de savoir-faire à la clientèle appartenant à cette catégorie d'entreprises. «Il s'agit d'une rencontre entre deux volontés stratégiques, celle de la BERD qui est de se développer sur le bassin méditerranéen et celle de Société Générale, qui continue de jouer son rôle de banque universelle au Maroc, en particulier au profit des PME/PMI.», commente Khalid Chami, président du directoire de SGMA. Pourquoi la SGMA ? Il faut savoir que ce n'est pas la première fois que l'institution européenne choisit de travailler avec des représentations du groupe bancaire de la Société Générale. Toutefois, le choix porté sur la SGMA, pour cette première opération financière, n'est pas forcément lié à cette «habitude de travailler ensemble», selon Malige. Ce dernier l'explique plutôt par la prise en compte d'une série de critères ayant trait, généralement, à la solidité financière de la banque partenaire, ainsi qu'à sa motivation à développer des crédits pour les PME. «Nous ne limitons pas ces partenariats aux seules structures bancaires avec lesquelles nous avons l'habitude de collaborer. Nos possibilités de partenariat sont très ouvertes. Dans tous les pays où nous préparons, nous travaillons aussi bien avec des banques locales qu'avec des représentations de groupes internationaux.», argumente le responsable. La BERD, elle, ne compte pas, par ailleurs, s'arrêter en si bon chemin. D'ici 2015, cette banque entend investir jusqu'à 2,5 milliards d'euros par an au Maroc, en Egypte, en Jordanie et en Tunisie.