L'un des acquis de la Covid-19 pour l'écosystème numérique est la prise de conscience, par l'ensemble des acteurs, de l'importance de la digitalisation, que ce soit dans le secteur public comme celui privé, ou encore chez les citoyens. Dès lors, une nouvelle gouvernance s'impose pour mener à bien les transformations qui doivent être opérées dans le secteur. Selon la Commission spéciale sur le modèle de développement, la conduite de ce chantier transversal doit être assortie d'une légitimité technique et institutionnelle. D'autres chantiers doivent également être lancés, notamment le déploiement du très haut débit, la mutualisation des infrastructures, le renforcement de la concurrence sur le marché du haut débit fixe et mobile, la mise en œuvre immédiate des lois sur l'administration numérique, sur la simplification administrative et sur la cybersécurité, sans oublier la numérisation de l'administration de la justice et de ses services au citoyen. Dans ce contexte de pandémie, l'usage des technologies numériques s'est accru. Pour autant, un ensemble de leviers, notamment la réglementation, n'ont pas été actionnés afin de permettre aux activités économiques de bénéficier de ce switch. Dans une récente sortie, Mehdi Alaoui, vice-président de la Fédération marocaine des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring (Apebi), a affirmé qu'il faut maintenant passer à l'implémentation et l'opérationnalisation d'une multitude de services. «On a vu l'opérationnalisation d'un certain nombre de services, mais on attend beaucoup plus que ça. En d'autres termes, que l'ensemble des services soient digitalisés pour l'e-gouvernement, et qu'il n'y ait plus aucun frottement entre les citoyens et l'administration, pour atteindre le niveau de satisfaction attendue. On l'a vu à Dubaï : en 2-3 ans, ils ont pu digitaliser plus de 1.000 services. Quand on veut, on peut, et on a vu notre «capacité à faire» quand il y avait la contrainte», réagissait-il lors d'un webinaire visant à expliquer la résilience stratégique du Maroc face à la Covid-19. À cet égard, rappelons que le secteur privé a construit, il y a quelques mois de cela, le pacte Maroc digital, qu'il a ensuite proposé à l'Agence de développement du digital (ADD) et au ministère de tutelle. Ce pacte est en train de se transformer en un contrat-programme avec 13 écosystèmes différents autour de la technologie, incluant la high-tech, la fintech, etc. L'objectif affiché est de débloquer notamment la façon de penser nos lois. «Il faut qu'elles soient dorénavant «digital first». C'est-à-dire que lorsqu'on les conçoit, on intègre le côté économie digitale dès le démarrage, sans voir le digital comme un support ou un outil de diffusion sur le Web, les réseaux sociaux, etc. La force de l'économie numérique réside dans la manière d'utiliser la technologie pour définir de nouveaux business models, et la manière avec laquelle on pourrait utiliser la technologie pour rendre la relation avec le citoyen encore plus intuitive et sans aucun frottement. L'avantage est que cela ouvre des possibilités infinies. C'est sur cette philosophie qu'on a axé le pacte Maroc digital et le contrat-programme qui arrive bientôt», a expliqué Alaoui. Que dit le rapport de la CSMD ? Dans son rapport, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) recommande de hisser le numérique au plus haut niveau des priorités. Le rapport présente, en effet, la technologie numérique comme un moteur de changement et de croissance qui devrait susciter un intérêt particulier au plus haut niveau du gouvernement en tant que catalyseur de la structuration et de la transformation à fort impact. Il attire ainsi l'attention sur les défis à relever pour assurer une pleine mobilisation du potentiel des technologies numériques. Le premier porte sur la gouvernance. Pour ce volet, il est recommandé d'adopter une stratégie de transformation portée à haut niveau, à travers la mise en place d'une délégation interministérielle dotée d'experts. Pour que cette stratégie de transformation aboutisse, la commission appelle à accorder une légitimité technique et institutionnelle à la conduite de ce chantier transversal. La délégation interministérielle mentionnée plus haut aurait pour mission la coordination de ce chantier avec l'ensemble des institutions concernées. Dans le cadre de cette configuration, l'Agence de développement du digital (ADD) se verrait assigner un rôle d'exécutant en charge la mise en œuvre des projets. Le deuxième levier stratégique consiste en la mise à niveau des infrastructures. Pour réussir l'extension du haut et très haut débit fixe et mobile à l'ensemble du territoire national, la CSMD lance un appel d'urgence pour la réduction de la fracture numérique révélée par la crise sanitaire. «La connexion de l'ensemble des équipements publics sur tout le territoire, tels que les hôpitaux et les écoles, doit être assurée et fonctionnelle, y compris en milieu rural», souligne la commission. Pour dynamiser le déploiement du très haut débit, la CSMD plaide pour la mutualisation et le partage des infrastructures entre opérateurs, y compris les réseaux de fibre optique des entreprises publiques. Il est aussi question de renforcer le niveau de concurrence sur le marché du haut débit fixe et mobile sous le contrôle effectif de l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), potentiellement via l'entrée de nouveaux opérateurs d'infrastructures ou fournisseurs d'accès à Internet. L'accélération de la digitalisation de l'administration est le troisième levier à actionner, selon la CSMD. Parmi les autres recommandations, figure la mise en œuvre immédiate des lois sur l'administration numérique, sur la simplification administrative et sur la cybersécurité, mais aussi la numérisation de l'administration de la justice et de ses services au citoyen. En matière d'encadrement, la commission estime que «la formation massive de jeunes en compétences numériques permettrait également de favoriser leur inclusion et leur accès à l'emploi dans le contexte économique post-Covid». Le dernier défi est celui du parachèvement du cadre législatif, dont la finalité est d'ancrer la confiance numérique des utilisateurs et la souveraineté numérique du royaume. Le Wi-Fi 6E désormais autorisé au Maroc En attendant le déploiement de la 5G, le Wi-Fi 6E entame sa démocratisation au Maroc. Alors que la norme Wi-Fi 6 se généralise peu à peu, une nouvelle norme est sur le point d'être appliquée à nos appareils. Le Wi-Fi 6E s'installe dans la bande des 6 GHz et devrait être l'évolution la plus importante du Wi-Fi des 20 dernières années. Depuis hier mardi, il est possible d'exploiter la dernière évolution de la norme Wi-Fi qui affiche des débits largement plus élevés que ceux actuellement offerts. Le Wi-Fi 6E se démarque de ses prédécesseurs par sa capacité à exploiter le spectre des 6 GHz, une première pour cette technologie sans fil qui existe depuis plus de deux décennies. Depuis sa création, le Wi-Fi utilise les bandes de fréquences 2,4 GHz et 5 GHz, et le Wi-Fi 6 (802.11ax) ne déroge pas à la règle. Plus précisément, «le Wi-Fi 6E permettra une augmentation de débit de 40% par rapport à son prédécesseur, et ce, par le biais d'un spectre additionnel destiné à ces nouveaux usages», explique l'ANRT. Le WiFi 6E permet ainsi d'avoir des vitesses de navigation pouvant atteindre 1,2 GB/s par porteuse de fréquences et 9,6 GB/s pour un hotspot. En ce qui concerne la latence, celle-ci est réduite pour des activités comme le télétravail, la vidéoconférence, l'e-learning et la réalité virtuelle augmentée, nous explique le régulateur. Selon un expert, ces chiffres sont théoriques et il est peu probable que nous puissions les atteindre. «Cependant, les progrès sont remarquables et représentent une avancée significative pour la technologie», explique-t-il. Le Maroc devient ainsi le premier pays d'Afrique à avoir autorisé la technologie Wi-Fi 6E qui équipe désormais et progressivement tous les nouveaux smartphones, laptops, tablettes... L'usage du Wi-Fi 6E est possible suite à la publication de la décision ANRT/DG/N°07/2021 de mai 2021 modifiant et complétant les conditions techniques d'utilisation des installations radioélectriques composées d'appareils de faible puissance et de faible portée. Cette nouvelle décision apporte d'autres nouveautés telles que l'usage de radars omnidirectionnels de détection des obstacles dans la bande 24-24,25 GHz, les dispositifs portables de faible puissance et faible portée opérant dans certaines bandes de fréquence. Modeste Kouamé / Les Inspirations Eco