C'est là un beau cadeau que Maroc Telecom fait à ses actionnaires. L'opérateur historique des télécoms a rendu publiques, hier à Casablanca, ses réalisations financières au titre de l'exercice 2010. Il en ressort des indicateurs dans le vert et, mieux, supérieurs aux attentes de la communauté financière. Ce qui rend le sourire confiant affiché par Abdeslam Ahizoune, le PDG de l'opérateur, encore plus justifié. Parmi les analystes, les commentaires étaient plutôt positifs et les perspectives encore plus intéressantes. «En attendant la réunion avec le top management de la société, qui devrait permettre d'approfondir l'analyse, nos premières impressions ressortent positives par rapport aux résultats d'IAM, qui ont dépassé ceux prévus par le consensus», commente un analyste de la place. En effet, suite à la publication des résultats semestriels en septembre dernier, la communauté des analystes s'attendait à une légère évolution des indicateurs annuels de l'opérateur. Finalement, ce dernier réalise mieux que prévu, avec notamment une croissance de 4,3% du chiffre d'affaires consolidé, qui s'est établi à 31,7 milliards de DH. Cette performance, Abdeslam Ahizoune l'explique principalement par «l'élargissement de la base client, laquelle atteint désormais 25,8 millions, filiales incluses». En comparaison avec l'exercice 2009, Maroc Telecom comptabilise donc 19% de clients en plus. Pourtant, cette fois, le patron d'IAM n'a pas tu l'intensification du contexte concurrentiel durant l'année 2010, particulièrement au niveau national. À ce niveau, le top management de la filiale de Vivendi précise que la différence se joue précisément au niveau de l'ARPU (revenu moyen par client) lequel atteint 93 DH par mois, «alors que celui des autres opérateurs se situe aux alentours de 50 DH». Vive l'Afrique ! Le satisfecit d'Ahizoune lors de la présentation des résultats est également dû à la bonne tenue de l'activité des filiales africaines. Que ce soit Mauritel, Sotelma, Onatel ou Gabon Telecom, toutes ont permi à Maroc Telecom d'accroître sa base clients. Cependant, en termes de chiffres d'affaires, la filiale gabonaise sort du lot pour être la seule à signer des revenus en chute (-14%). «Le marché gabonais a récemment connu l'entrée d'un nouvel opérateur spécialisé dans les services Telecom low cost, ce qui a imposé une chute des prix de plus de 50%», explique Ahizoune. Ce dernier rassure néanmoins quant aux perspectives de cette filiale, en précisant que «Maroc Telecom était plus concentré sur la réalisation du closing de cette acquisition». En d'autres termes, ce n'est qu'à partir de 2011 que l'opérateur concrétisera réellement sa stratégie au Gabon. En attendant, cela n'empêche que la contribution des filiales africaines aux bénéfices du groupe ressort en hausse continue. Entre 2008 et 2010, la part des réalisations des filiales dans la formation de l'Ebitda est passée de 7% à 12,9% et cette tendance semble partie pour se maintenir sur les prochains exercices. Et pour cause, deux des principaux marchés de Maroc Telecom en Afrique que sont le Mali et le Burkina Faso (pesant à hauteur de 3,4 MMDH dans le chiffre d'affaires consolidés) affichent un important potentiel de croissance, en raison principalement du faible taux de pénétration, qui se situe respectivement à 28% et 45%. C'est dire tous les clients qui restent à recruter pour les années à venir. Cette situation rend ainsi ces filiales plus prometteuses que le marché national du mobile, dont le taux de pénétration a déjà franchi le cap des 101%. Ahizoune plaide pour l'ADSL. Néanmoins, et même avec un marché national «comble», les ambitions de Maroc Telecom réservent une part de choix au marché marocain. Dans ce sens, on apprend auprès du management que l'opérateur compte maintenir son rythme «d'investissement soutenu» courant 2011. En 2010 déjà, l'enveloppeur dédié à l'investissement en installation avait déjà connu une hausse significative, passant de 5,84 MMDH à 6,54 MMDH. À ce titre, Maroc Telecom précise que les installations du fixe et d'Internet ont bénéficié d'un budget dépassant les 2 MMDH d'investissement et la tendance est appelée à s'accroître, en raison «de la volonté de devenir leader en termes de parts de marché de la 3G pour les exercices à venir» explique Ahizoune. Cela dit, il est clair que l'ADSL est et restera le principal cheval de bataille de l'opérateur sur ce segment et son PDG le fait clairement savoir. «L'ADSL c'est le vrai Internet», insiste-t-il. À ce niveau, le patron de la filiale de Vivendi ajoute que «Maroc Telecom a toujours cru et investi dans l'ADSL. Nous ne nous sommes lancés dans la 3G que pour répondre aux attentes du marché». Et pour marquer le coup, Ahizoune promet un débit minimum de 2 mégabits au niveau de l'ADSL courant 2011. Une déclaration qui tombe quelques jours après celle du ministre de tutelle, Ahmed Réda Chami, qui s'est engagé devant la «population connectée» à un débit optimal pour des tarifs moins coûteux, annonçant des concertations en cours avec les opérateurs dans ce sens. Y.A.T Heureux actionnaires ! Les bénéfices dégagés par Maroc Telecom sont ressortis en hausse de 1,2%, pour s'établir à 9,5 milliards de DH. Et comme à l'accoutumée, les actionnaires de l'opérateur se frottent les mains, puisqu'une nouvelle fois, l'ensemble de ces bénéfices sera distribué, soit un dividende par action de 10,58 DH. Dans ce cas, IAM devrait faire remonter près de 5,7 MMDH à sa maison-mère Vivendi. Cela dit, les investisseurs ne sont pas les seuls que Maroc Telecom rend heureux en cette période de publication financière, car le fisc aussi tire son épingle du jeu. Pour cette année, l'opérateur historique devrait verser pas moins de 9,3 MMDH d'impôts à la DGI, confirmant ainsi son statut de premier contribuable.