Dépistage précoce, «tracking» des malades, investissement massif dans l'équipement et les soins de santé ainsi que dans le soutien économique, le Maroc se distingue en Afrique et dans la région MENA, en matière de gestion de la pandémie liée au nouveau coronavirus, indique une note du HCP. Celle-ci précise toutefois que cet effort de gestion de crise a évidemment un coût. Le Maroc ne s'est pas mal débrouillé face à la Covid-19, déployant un effort considérable en matière de vigilance, de réponses socio-économiques et de mesures sanitaires instaurées. C'est du moins le constat du Haut-commissariat au plan (HCP), qui vient de publier une note s'inspirant d'un dispositif mis en place par l'école des politiques publiques de l'Université d'Oxford, destiné à évaluer les efforts entrepris par les Etats pour lutter contre la propagation de la pandémie. L'approche adoptée dans cette note consiste à utiliser l'indice dit «Oxford» produit dans cette perspective par l'institution et de le combiner avec d'autres indicateurs reflétant l'ampleur de la pandémie sur un benchmark d'une quinzaine de pays. Le rapprochement de la résultante de ces deux indicateurs et de la variation de croissance économique sur le benchmark permet de l'appliquer à des estimations de croissance sous certaines hypothèses d'évolution de la pandémie. Appliquée ainsi au Maroc, l'analyse des principaux axes montre qu'en Afrique et dans la région MENA, le royaume fait office de figure de proue en matière de gestion de la pandémie liée au nouveau coronavirus. «L'équilibre adopté en termes de politique de dépistage et de «tracking», d'investissement dans l'équipement et les soins de santé et sur le plan du soutien économique a permis de placer la réponse du Maroc parmi les premiers pays sur le continent africain et par rapport à la région MENA», indique le HCP. Un coût élevé Le document précise que ces évaluations se traduisent par un score moyen du Maroc (1er avril au 21 décembre 2020) pour les différents indices «Oxford» sur base 100 (Indice de confinement et de santé: 67,5 ; Indice de soutien économique: 67,8 ; Indice de rigueur: 73,6). En termes d'indicateurs pandémiques, la situation du Maroc au 10 décembre se caractérise principalement par un cumul de près de 11.000 infections par million d'habitant contre une moyenne mondiale de 9.000, ainsi que par une dynamique de propagation de la pandémie dans le royaume qui semble se stabiliser en fin d'année, au regard de la progression moyenne du nombre de contaminations enregistrées sur la dernière décade (corrélée au facteur de reproduction R) qui se situe en dessous du seuil décisif des 1% au 10 décembre 2020. Cet effort de gestion de crise a évidemment un coût qui s'est répercuté sur la croissance économique. De l'outil mis en place par l'Université d'Oxford est extrait un indice représentatif de l'ampleur des mesures contre la crise, qui est ensuite rapproché de la variation de croissance pour le benchmark choisi. L'effort de guerre en 2021 Cette approche au moyen de quelques scénarios permet également d'estimer l'impact de certaines hypothèses d'évolution de la pandémie en 2021 sur la prévision de croissance pour le Maroc. Ainsi, dans le cas d'un scénario optimiste où, grâce à l'impact de la vaccination notamment, le nombre de contaminations additionnelles pour 2021 serait contenu à 20% de ce qui a été constaté en 2020, soit environ 80.000 et ou aucun jour de confinement généralisé n'est prévu, l'impact sur la croissance serait relativement faible (-0,4 point), ce qui maintiendrait la croissance pour 2021aux alentours de 4,2%, ajoute le HCP. Si, en revanche, une situation similaire à 2020 se produisait (supposant ici une durée de 1 mois et demi de confinement sur l'année), l'impact serait de -5,1% sur la croissance et aboutirait à une croissance négative estimée à -0,5%, poursuit la même source. Enfin, des scénarios intermédiaires aboutiraient à des taux de croissance compris entre 0% et 4%. Khadim mbaye / Les Inspirations Eco