Si Standard&Poor's menace d'abaisser la note du pays, d'autres organismes, à l'inverse, ont estimé que l'économie du Maroc s'est comportée de manière satisfaisante au cours des dernières années et ne présente pas de risque d'investissement majeur à échéance de 3 à 5 ans, à l'instar des responsables du Fonds monétaire international, qui a ouvert au Maroc une ligne de précaution et de liquidités (LPL) de l'ordre de 6,2 milliards de dollars. Les décideurs de l'institution de Bretton Woods ont indiqué que cette ligne venait témoigner de la solidité des politiques économiques et de la robustesse de la gestion de l'économie marocaine. La seule éligibilité aux LPL est un indicateur de la solidité des politiques économiques du pays et de la robustesse de sa gestion économique. La conjoncture nationale demeure satisfaisante. En effet, le FMI prévoit une croissance économique de 5% jusqu'en 2017, soutenue par la croissance du secteur non agricole, des exportations de phosphates et dérivés et par la reprise des transferts des MRE. En outre, la politique monétaire du royaume met au cœur de ses préoccupations la maîtrise de l'inflation. Ainsi, cette dernière reste maintenue à 2%, avec un taux directeur de 3%. En financement, l'endettement public reste soutenable, représentant 53,7% du PIB en 2011, en baisse depuis 2005 avec une charge d'intérêts de 2,3% du PIB. Pour sa part, l'universitaire Rachid Boutti a expliqué que les fondamentaux de l'économie tels que les comptes extérieurs, le taux de change et la dette publique totale ne montrent pas de tension sérieuse. Ce constat reflète aussi l'absence de dette extérieure nette et l'absorption réussie, de chocs exogènes non négligeables. En outre, cette économie volatile, à l'insertion internationale fragile, conserve des marges de manœuvre pour répondre et/ou rebondir efficacement face à d'éventuels nouveaux chocs. Ces conditions réunies ont permis le maintien de la notation marocaine, se contente de dire le financier et analyste Imad El Ahdi. Une baisse probable de cette note risquerait de changer la donne pour les investisseurs qui n'auront plus de visibilité sur l'avenir de leurs placements. Ainsi, la gestion budgétaire et économique marocaine démontre ses limites, principalement au niveau de la gestion de la Caisse de compensation et de la maîtrise du double déficit commercial et budgétaire. En effet, les dépenses de la Caisse de compensation sont estimées à 68 milliards en 2012, sachant que l'enveloppe globale budgétée n'est que de 46,5 milliards, ce qui signifie que les arriérés de 2012 sur 2013 seront de l'ordre de 21 milliards. Ainsi, la dépense de compensation représentera plus que les 6% du PIB enregistré en 2011. À cela s'ajoute le déficit commercial, qui s'approche de 129 milliards de DH, s'accentuant de plus de 6%. Pour cause, le Maroc est un importateur structurel et trouve des difficultés pour exporter. Pour le déficit budgétaire, il a été multiplié par 5, passant de 7 à 33 MMDH entre fin août 2011 et fin août 2012. C'est pour cela que plusieurs économistes ont appelé le gouvernement à changer son fusil d'épaule, en mettant en place une stratégie d'industrialisation et de promotion des exportations du pays. En tout cas, il faudra sans doute cesser les effets d'annonce et s'attaquer de front à ces différentes problématiques pour pouvoir rétablir la confiance des partenaires et des marchés internationaux. Faute de quoi, l'optimisme du FMI n'aura été qu'un futile leure.