L'industrie pharmaceutique marocaine devrait poursuivre son développement durant les prochaines années, portée par la volonté du gouvernement de renforcer la part des génériques dans les ventes globales, le lancement du RAMED, ainsi que la baisse escomptée de 30% à 60% des prix de certains médicaments devant être opérée en fin d'année 2012. Ce repli des prix des médicaments devrait permettre d'augmenter la consommation moyenne annuelle par habitant, qui demeure faible, comparativement aux pays voisins. Ceci étant, les industriels pharmaceutiques tentent de préserver au mieux leurs marges commerciales. Les deux opérateurs cotés à la Bourse de Casablanca (Sothema et Promopharm) affichent un chiffre d'affaires semestriel consolidé de 736 MDH, en hausse de 6,3% par rapport à une année auparavant. La capacité bénéficiaire, quant à elle, s'affermit de 16,6% à 75,5 MDH. Cette hausse semestrielle est dopée par la forte progression du résultat de Sothema, contrairement à Promopharm qui voit ses bénéficies reculer à fin juin. Il en est de même du comportement de l'indice du secteur en Bourse. Il affiche une contreperformance annuelle de 13,88%, à 1.884,2 points, soit un peu moins que le marché (-16%). Ce déficit est plombé essentiellement par le comportement du titre Promopharm (-43% depuis le début de l'année) parallèlement à la variation annuelle positive de la valeur Sothema (+2%). Sothema en bonne santé En attendant l'entrée en vigueur des nouveaux prix, le laboratoire Sothema bataille toujours pour l'obtention de la préférence nationale pour les produits fabriqués localement, notamment pour l'insuline, dont le marché semble être devenu une chasse gardée du fabricant norvégien Novornordisk (qu'il accuse de dumping). Le laboratoire pharmaceutique marocain affiche une bonne santé au terme de ce premier semestre 2012, avec un chiffre d'affaires de 495,3 MDH, en hausse de 7,2% comparativement à une année auparavant. La perte du marché de l'insuline ne semble pas avoir influé sur les réalisations commerciales de la société durant cette période, compte tenu de sa faible contribution aux revenus. La capacité bénéficiaire se fixe, par conséquent, à 37,2 MDH, en hausse de 43,5% comparativement à une année auparavant, élevant la marge nette de près de 2 points, à 7,5%. Sur le plan bilanciel, le fonds de roulement semestriel augmente de 2,7% à 217,9 MDH, dans le sillage de l'appréciation de la capacité bénéficiaire de la société. Parallèlement, le BFR s'allège de 7,6% à 328,9 MDH, en raison principalement de la baisse des stocks et des créances clients de 2,2% et de 1,5% respectivement. De ce fait, la trésorerie nette limite son déficit à -111 MDH, contre pas moins de -143 une année auparavant. De son côté, l'endettement net de l'industriel recule de 21,3% à 248,1 MDH, fixant le niveau de gearing à 52,1% contre 71,8% une année auparavant. En termes de perspectives chiffrées, les analystes de BMCE Capital Bourse anticipent pour l'année 2012 la réalisation de 1,01 MMDH de revenus (+7,7%), pour un résultat net de 80,8 MDH (+10,2%). En 2013, la société devrait probablement voir ses marges se réduire dans un contexte escompté de baisse des prix des médicaments au niveau local. De ce fait, le chiffre d'affaires devrait se fixer à 1,06 MMDH (+5,4%), pour une capacité bénéficiaire de 79,5 MDH (-1,6%). Promopharm, vers un retrait de la cote ? Le concurrent direct, Promopharm, profite toujours de son positionnement sur le marché des médicaments génériques, et affiche à fin juin dernier un chiffre d'affaires de 241 MDH, en appréciation de 5,5% comparativement à une année auparavant. Toutefois, les autres indicateurs financiers ressortent plutôt en baisse pour ce laboratoire, touchés par l'alourdissement des charges d'exploitation. Ainsi, la capacité bénéficiaire de la société se contracte de 8,8% à 38,5 MDH. La marge nette s'effrite, ainsi, de 2,5 points à 16%. Sur le plan bilanciel, la société affiche un désendettement de 230,8 MDH, tandis que le BFR s'allège de 46,9% à 58,6 MDH comparativement à fin 2011, pour une trésorerie nette de 230,8 MDH (+30%). Cependant, malgré un recul des bénéfices au premier semestre, le laboratoire anticipe une hausse de l'activité au cours de la seconde partie de cette année. La filiale marocaine du groupe jordanien Hikma maintient ses prévisions pour 2012, en tablant sur un résultat net de 68 MDH. Par ailleurs, lors de la prise participation du groupe jordanien dans le capital de Promopharm fin 2011, il avait précisé qu'il n'envisageait pas de radier le titre Promopharm de la cote de la Bourse de Casablanca dans les 12 prochains mois suivant l'OPA obligatoire. Ainsi, une année après, la question pourrait être déterrée, sachant que le groupe jordanien détient pas moins de 94% du capital du laboratoire. Le reliquat est relatif au flottant en Bourse, une proportion considérée comme insignifiante. Cela dit, une Offre de retrait est fortement envisageable pour les mois à venir. D'ailleurs, conformément aux dispositions légales et réglementaires en vigueur, la société Hikma Pharmaceutical PLC (par l'intermédiaire de sa filiale Hikma Mena Holdings) pourrait être amenée à lancer une Offre publique de retrait obligatoire.