«Une performance déséquilibrée», c'est en ces termes que le Maroc a été désigné dans l'édition 2012 de l'Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) et qui a été rendu public le 15 octobre. Pour cette 6e édition de l'IIAG, le royaume a été classé 3e parmi les 6 pays d'Afrique du nord et 15e sur les 52 pays du continent. Selon le rapport que publie annuellement la fondation, «le Maroc figure parmi les six pays du continent qui enregistrent le plus grand déséquilibre en matière de gouvernance». Pour comprendre ce qualificatif, à première vue paradoxal, il faut se référer à l'approche qui sert de base au classement. «Lorsque l'on observe les résultats obtenus dans chacune des quatre principales catégories : sécurité et souveraineté du droit, participation et droits de l'homme, développement économique durable, développement humain, ce «déséquilibre» s'explique par la faible performance du Maroc dans les catégories sécurité et souveraineté du droit et participation et droits de l'homme», ont souligné les auteurs du rapport. Avancées significatives Dans les détails, pourtant, le Maroc a sensiblement réalisé des progrès comparé à d'autres pays de la région. Ainsi, le pays obtient un score global de 57 sur 100 pour la gouvernance globale, un score nettement supérieur à la moyenne régionale en Afrique du nord qui est de 54. C'est dans la catégorie Développement humain que le Maroc a obtenu son score le plus élevé (69), alors que dans la catégorie participation et droits de l'homme, il a obtenu son score le plus faible (34). En matière de gestion publique, le Maroc s'est même classé 5e du classement. «Malgré le déséquilibre enregistré, le score global du Maroc s'est amélioré entre 2000 et 2011», indique le rapport qui s'appuie sur les progrès réalisés depuis. Au sein des cinq régions du continent, l'Afrique du nord occupe la 2e place pour la qualité globale de la gouvernance et la 1re place dans les catégories développement économique durable et développement humain. Dans ces deux catégories et dans l'ensemble de leurs sous-catégories, les scores de l'Afrique du nord sont supérieurs à la moyenne du continent. Cette performance régionale se trouve impactée cependant par le faible score enregistré en matière de participation et droits humains. Dans, l'ensemble, le rapport 2012 a fait état de «la tendance générale à l'amélioration de la gouvernance sur le continent africain, mais laisse percevoir quelques évolutions préoccupantes chez certaines grandes puissances régionales». Les auteurs du rapport ont particulièrement insisté sur l'importance de l'équilibre en matière de gouvernance. Pour Mo Ibrahim, président de la Fondation Mo Ibrahim : «les Objectifs du millénaire pour le développement ont contribué à améliorer les performances des 52 pays d'Afrique dans la catégorie «développement humain» depuis 2000. Il est essentiel désormais, à l'occasion des travaux en cours sur la définition des prochains OMD, de veiller à progresser de façon équivalente sur l'ensemble des biens et services que tout citoyen du 21e siècle est en droit d'attendre et que tout gouvernement a le devoir de fournir». La Fondation Mo Ibrahim a également mis l'accent sur l'insuffisance des statistiques africaines, en soulignant l'importance pour chaque Etat de parvenir à l'autonomie statistique. Selon Mo Ibrahim, «la bonne gouvernance consiste à savoir tirer le meilleur parti des ressources de son pays... Aujourd'hui, parmi les grands défis en matière de leadership et de gouvernance, figure la maîtrise d'un système statistique fiable et autonome. La souveraineté politique passe aussi par l'autonomie statistique». Pour rappel, l'IIAG a été créé en 2007, par la Fondation Mo Ibrahim (MIF) qui investit «dans la gouvernance et le leadership, afin d'accélérer la transformation de l'Afrique». Il est destiné à servir de base à «l'évaluation annuelle de la performance en matière de gouvernance dans chaque pays africain, à l'exception de la République du Soudan et de la République du Soudan du Sud, pour lesquelles les données ventilées sont insuffisantes». À ce titre, il y a lieu de noter que les données utilisées dans la compilation de l'IIAG 2012 concernent la période 2000-2011 «Elles ne reflètent donc pas les progrès qui ont pu avoir lieu dans les pays de l'après-Printemps arabe», ont reconnu les auteurs du rapport à l'occasion de la publication des résultats. Notons également que dans le même temps, est publié le «Prix Ibrahim du leadership d'excellence en Afrique». À l'issue de sa réunion tenue à Londres, le jury a décidé de ne pas attribuer cette année ce prix de 5 millions de dollars versés sur dix ans et complété par la suite par un versement annuel à vie de 200.000 dollars.