Le lobby espagnol a donné le coup d'envoi de la campagne de dénigrement à l'endroit des exportations agricoles marocaines. La turbulente association agricole espagnole COAG ne veut pas laisser passer la récente entrée en vigueur de l'accord agricole, sans faire de sortie médiatique pour accabler les produits nationaux et crier aux manquements en termes de contrôles phytosanitaires de la part du Maroc. Dans de récentes déclarations, l'association estime que le traité agricole laisse la voie libre à des tomates traitées avec 56 substances phytosanitaires interdites dans l'espace européen. Pour accréditer sa version, l'association assure avoir tiré ces conclusions d'études réalisées par la Commission européenne et le ministère espagnol de l'Agriculture. COAG a souligné qu'elle avait demandé au ministre de tutelle, Arias Canete, qu'il aborde, avec ses homologues marocains, la question de présence de produits phytosanitaires interdits en Europe, pour tirer au clair cette affaire. De surcroît, le ministre espagnol fût prié par COAG de réclamer aux autorités marocaines davantage de contrôle et des «avancées substantielles et tangibles» pour la diminution de l'usage de produits bannis de l'agriculture communautaire. De fait, l'UE tolère le passage des produits agricoles, provenant de pays tiers, et traités avec des produits phytosanitaires, à condition que les niveaux de résidus ne dépassent guère un seuil déterminé. À travers cette énième sortie, COAG tente de faire croire que les importations marocaines franchissent le seuil autorisé par les autorités européennes. C'est à cette fin qu'elle a exigé au gouvernement ibérique de renforcer les contrôles au niveau des frontières pour dépister les tomates dites contaminées. Fidèle à son rôle de pompier, le ministre ibérique de tutelle a tenté de calmer les ardeurs des professionnels en assurant, jeudi, qu'il existe à présent, une meilleure inspection des exportations marocaines, grâce à la refonte du système d'entrée et que les exportateurs marocains seront dans l'obligation de passer à la caisse en cas d'excédent dans les contingents. Canete n'a pas hésité à faire une autocritique du secteur agricole espagnol, en affirmant que «le grand problème de la filière espagnole n'est pas les accords signés avec les pays tiers, mais l'absence de capacité de concentration de l'offre». Le responsable ibérique a estimé qu'avec la mise en place des nouveaux systèmes de contrôles douaniers, le rééquilibrage de l'offre espagnole, couplé aux espaces de dialogue qui seront mis en place, «l'entrée en vigueur de cet accord devrait être plus fluide». Las des discours alarmistes avancés par les professionnels, Cañete a souligné qu'à la fin de la campagne, «on saura si réellement la perte de 500.000 postes de travail, avancée par certaines organisations a eu lieu», a-t-il tranché.